Quand il arrive au Matra
Racing en compagnie de Luis Fernandez et Enzo Francescoli, Pierre
Littbarski souhaite faire du club parisien une place forte du
championnat avant de rêver plus grand. Le finaliste du Mundial
mexicain nourrit de grandes ambitions dans la Capitale et compte bien
montrer sa valeur en France où, depuis la demi-finale de Séville
(1982), tout joueur allemand est considéré comme une brute épaisse.
Élégant et habile balle au pied, l'attaquant de la Mannschaft est
un choix judicieux du président Lagardère. Mais une saison plus
tard, le Berlinois de naissance (16 avril 1960) retourne chez lui de
l'autre côté du Rhin sans laisser un souvenir impérissable de son
passage au Matra. La faute à un bilan famélique (32 matchs / 4
buts) et des prestations en demi-teinte sur le pré. « Litti »
est paumé à Paris, barré par la frontière de la langue, entouré
de coéquipiers individualistes et nostalgique de la chaleur
provinciale de sa bonne veille ville de Cologne. Après deux petite
matchs au début de l'exercice 1987-88, l'attaquant aux jambes
arquées rachète une partie de son contrat (un million de francs ou
153.000€) et réintègre le F.C Köln à la demande expresse de
l'entraîneur Udo Lattek. Pierre Littbarski y retrouve la joie de
vivre et ses repères si importants à son bien-être.
Si je ne vois pas le dôme de la cathédrale, je suis perdu
(Pierre Littbarski à propos de Cologne)
Dès son retour en
Allemagne, « Litti » ne manque d'ailleurs pas
d'égratigner le club parisien, trop stéréotypé et dépourvu de
professionnalisme selon lui. Trop heureux de retrouver Cologne, le
lutin allemand (1m68) retrouve de sa superbe et son dribble
dévastateur, celui qui déstabilise les défenseurs de la Bundesliga
depuis son intégration dans « le Onze du bouc (Die
Geißbock-Elf) » lors de
la saison 1978-79. Pierre Littbarski évoluait auparavant dans les
clubs de quartier (VfL Schöneberg, Hertha Zehlendorf) de son Berlin
natal défiguré par le Mur et deux doctrines opposées. Grâce à
ses qualités, « Litti »
s'impose rapidement à Cologne au milieu des Harald Schumacher, Bernd
Schuster, Dieter Müller ou encore Heinz Flohe. Des prestations
suffisamment satisfaisantes pour connaître les honneurs de la
sélection nationale espoirs dès 1979 avec laquelle il brille par
son talent de buteur efficace (18 buts en 21 sélections). Littbarski
inscrit notamment un hat-trick en finale du championnat d'Europe
(1982) à Brême face à l'Angleterre, insuffisant par contre pour
remonter le handicap du match aller (1-3, 3-2). Une désillusion
précédée par celle, beaucoup plus amère, de la défaite des « A »
en finale de la coupe du Monde en Espagne contre l'Italie. Pierre
Littbarski a naturellement été appelé par la Mannschaft dès 1981,
un 14 octobre, dans le cadre d'une opposition entre la RFA et le
voisin autrichien. Pendant près d'une décennie, « Litti »
honore le maillot de la sélection allemande à 73 reprises jusqu'au
titre suprême de 1990 en Italie, date à laquelle il prend sa
retraite internationale au lendemain de la victoire de l'Allemagne
sur l'Argentine. La revanche de 1986 qui scia les pattes de
Littbarski avant son arrivée à Paris.
C'est
le titre majeur de l'attaquant de Cologne. Quand même le plus beau,
celui dont rêve tout footballeur. Car en club le F.C Köln passe
très souvent à côté des grands rendez-vous. Deuxième du
championnat derrière Hambourg (1982) et le Bayern (1989, 90) – il
est aussi 3ème en 1985 et 88 – Cologne s'incline aussi en finale
de la coupe UEFA 1986 aux dépens du Real Madrid (1-5, 2-0). « Le
Onze du bouc » sent fort
la poisse d'autant que le club n'est guère plus verni en coupe
nationale. Défait par le Fortuna Düsseldorf en 1980 (1-2) et le
Werder de Brême en 1991 aux tirs au but, le F.C Köln s'impose tout
de même dans la compétition devant le rival de la ville, le Fortuna
Köln, lors d'un derby âprement disputé. Pierre Littbarski signe le
but de la victoire et s'offre l'unique trophée national de sa
carrière qu'il termine au Japon après son départ de Cologne en
1993.
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