Le 5 septembre 1972, un commando de l'organisation palestinienne
« Septembre Noir » pénètre dans le village
olympique et décime la délégation israëlienne lors des J.O de
Münich. C'est un carnage. Onze athlètes restent au tapis. L'émotion
gagne le monde. On persécute encore des juifs en Allemagne,
néanmoins elle aussi victime ce jour-là de la folie meurtrière des
huit terroristes déterminés. En voyant les images du massacre,
Shmuel Rosenthal a dû avoir une grosse boule au ventre, et les
larmes lui couler des yeux certainement. Shmuel est juif. Et
accessoirement footballeur à Hapoel Petah Tikva (depuis 1965),
international en prime, qui faisait partie de la sélection
israëlienne aux J.O de Mexixo (1968) et au mondial 70, toujours au
Mexique. Depuis l'été 72, Shmuel Rosenthal vît en Allemagne. Il
vient en effet de poser ses valises à Mönchengladbach, contre
l'avis de sa fédération opposée à son transfert vers la
Bundesliga. « La Fédération israëlienne de football
n'autorisait pas les départs à l'étranger, se rappelle le
milieu international. Elle m'a considérée comme un traître et
m'a alors suspendu un an ». Le prix à payer pour notre
rebelle qui fait aussi figure de pionnier. En signant chez les
« Fohlen » (les poulains), Shmuel Rosenthal
devient tout simplement le premier joueur professionnel israëlien à
évoluer en Europe. En Allemagne et son histoire au passé chargé. Un moment historique qui prend forme le 13
septembre 1972, soit neuf jours après le « massacre de
Münich », lorsqu'il débute officiellement sous ses
nouvelles couleurs en coupe d'Europe contre Aberdeen (2-3). « J'ai
ouvert les portes aux joueurs israëliens » concède t-il
timidement aujourd'hui. Comme tous les pionniers, Rosenthal a en fait
pas mal galéré dans sa découverte d'une terre pas si promise que ça.
Günter Netzer et Shmuel Rosenthal.
Son arrivée en Allemagne relève des relations privilégiées que le
Borussia entretient avec Israël, et de l'amitié entre deux hommes :
Hennes Weisweller, l'entraîneur de Gladbach, et le sélectionneur
israëlien Emmanuel Scheffer. Depuis 1970, l'équipe allemande se
déplace régulièrement dans la région pour y effectuer des stages
de préparation ou des matches amicaux. Rosenthal tape dans l'œil du
coach qui le place titulaire en défense centrale dès le début de
la saison. Une entame prometteuse. Le jeune libéro de 25 ans, qui
vient de perdre quatre kilos en stage préparation, joue et inscrit
même un but (contre Hannover SV) dès sa troisième apparition. Mais
les problèmes arrivent à l'approche des mauvais jours. Les
températures et le moral du joueur sont en chute libre. « Le
temps est devenu gris et j'avais des problèmes » avoue
Schmuel Rosenthal. Un climat hostile à sa progression.
Mönchengladbach prend trop de buts et Weisweller replace sa nouvelle
recrue au milieu du terrain, une position déjà occupée par Herbert
Wimmer et Günter Netzer. Une passe téléphonée comme on dit dans
le jargon footballistique. En clair, Rosenthal cire le banc et fait
sa dernière apparition le 25 novembre lors d'une belle déculottée
infligée par Eintracht Frankfurt. Après cette défaite, son
entraîneur ne le convoque plus dans le groupe, le jugeant « trop
nonchalent » et Rosenthal quitte le club à la fin de la
saison. Sans haine, ni regrets, les yeux encore écarquillés par son
expérience. « Jouer pour Mönchengladbach fût mieux que de
faire les J.O ou la coupe du Monde au Mexique, exagère t-il un
peu. Simonsen, Netzer, Jensen et Bonhof étaient des joueurs
extraordinaires ». Rosenthal retourne à Hapoel Petah
Tikva avant d'être transféré au Beitar Tel-Aviv en 1976. Après
ça, Schmuel tentera sa chance aux Etats-Unis chez les Stompers
Oakland. Encore une expérience d'une année (1978). La seule
effectuée par la franchise US dans la ligue nord-américaine (NASL).
Aujourd'hui, il bosse pour l'Etat hébreu à la compagnie nationale
d'électricité. Et suit de loin les résultats du
Borussia.
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