WAGs RETRO. Jan Tomaszewski et les sirènes du nationalisme.

On appelle ça avoir une Ă©pĂ©e au-dessus de la tĂªte.
En 1974 pendant la coupe du Monde en Allemagne, Jan Tomaszewski est la rĂ©vĂ©lation du tournoi. Le gardien polonais est le premier gardien de l'histoire Ă  stopper deux penalties au cours de la compĂ©tition (ceux de Staffan Tapper contre la Suède et Uli Hoeness face Ă  la RFA) et PelĂ© en personne le considère comme le meilleur gardien au Monde. Un statut universel que le portier de Lodz s'empresse de faire fructifier auprès de la gente fĂ©minine. Jan se laisse pousser les cheveux, porte le bandeau sur le front et Ă©coute les « Pink Floyd de Kiev Â» selon RenĂ© Girard qui en connaĂ®t quelques sillons sur les groupes de l'Est. T'es rock, co-commmuniste. Une attitude de rebelle, comparĂ© aux moustaches syndicalistes et moumoutes capillaires d'un ouvrier des chantiers navals portĂ© par ses coĂ©quipiers de l'Ă©poque, qui attire les sirènes locales et pas seulement celle qui trĂ´ne sur les bords de la Vistule Ă  Varsovie. 

Visiblement, Jan est devenu un gros poisson qui attire la petite friture. Changement de t(h)on quatre ans plus tard. Tomaszewski perd sa place de titulaire en Argentine. Le ras-de-marĂ©e punk est passĂ© par lĂ , no more guitar heroes, kill all hippies, les « Pink Floyd de Kiev Â» sont secouĂ©s par la vague « do it yourself Â» et les Ă©pingles Ă  nourrice. Jan Tomaszewski change de bord et troque son costume de soixante-huitard contestataire contre le treillis et les bottes militaires. Il rejoint le PRON (Patriotyczny Ruch Odrodzenia Narodowego) en 1982, une organisation politique qui adhère Ă  la mise en place de la loi martiale dans son pays (de 1981 Ă  83). A sa manière, Jan aussi dit « fuck Â». A la dĂ©mocratie et aux mouvements pour la libertĂ©. Tomaszewski est branchĂ© par Police mais plutĂ´t cĂ´tĂ© milice organisĂ©e sous label Jaruzelski. L'homme aux lunettes noires qui rĂ©serve des nuits blanches aux dissidents. Exit « Pink Floyd de Kiev Â» et son Summer of Love, place aux « Leningrad Cowboys Â» et son Soviet suprĂªme. La musique, surtout rebelle, n'incite pas toujours Ă  adoucir les mÅ“urs. En vieillissant, Jan devient mĂªme carrĂ©ment sĂ©nile et adhère au parti populiste des frangins Kaczynski, Droit et Justice (tout un programme), et crache son venin sur le statut des bi-nationaux en traitant Damien Perquis « d'ordure française qui n'a pas rĂ©ussi chez elle Â». La Pologne aux Polonais. Un refrain de rock identitaire qui sent le poisson pas frais. La sirène de Varsovie a beau Ăªtre protĂ©gĂ©e par un bouclier, elle ne peut rien contre la connerie nationaliste. L'autre s'est Ă©chappĂ©e depuis belle lurette des griffes du portier polonais et a fondĂ© entre-temps les « Pussy Riot Â». A Moscou, l'herbe n'est pas beaucoup plus verte et la vie lĂ -bas pas spĂ©cialement non plus un long fleuve tranquille.

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