Quand on parle voiture avec Ivan
Curkovic, ce dernier fait un bond en arrière comme pour saisir la
balle au vol et troque le short contre la blouse du professeur
d'Histoire. « C'est un objet symbolique de notre
civilisation, lâche le gardien stéphanois au volant de sa
Mercedes 300 D de 1976. On en construit de plus en plus et de plus
en plus vite ». Curko évoque ainsi le début du siècle
dernier et la période de l'industrialisation, l'organisation du
travail sur fond de taylorisme et de productivité. Ce qui n'est pas
sans gêner le portier yougoslave qui pointe, philosophe, les limites
du système: « C'est donc aussi un objet finalement
éphémère, qui s'use relativement rapidement, balance t-il le
cul bien tassé sur la moleskine de son bolide allemand avant de
balancer, presque résigné par les méfaits d'une société de
consommation, parce que l'époque le réclame ». Depuis
son arrivée en France en 72 et grâce aux émoluments offerts par le président Rocher, la vie de l'ancien du Partizan a changé de direction. Cap à l'Ouest, capitalisation des économies, épargne, Ivan goûte au confort et
au matérialisme à l'occidentale. Mieux vaut donc rouler en grosse
berline à l'accent teuton qu'en Yugo aux roues carrées. Niveau
sécurité, c'est bien plus sûr. Et Curkovic sait de quoi il
cause. Son rôle est justement d'assurer dans les bois. C'est pareil
sur la route désormais à la faveur de sa nouvelle automobile, son
sens de l'anticipation, et l'expérience acquise au volant de son
vieux mulet dans les rues de Belgrade à l'époque du Maréchal Tito : « Il n'empêche
que les voitures rendent service dans la mesure où on sait les
utiliser à bon escient, ronronne Curko avant que le moteur ne
s'emballe et de partir en aqua-planning dans le fil de ses pensées.
Du coup, cela résout presque le problème de la pollution qui
dépend avant tout de la façon qu'ont les gens d'utiliser les
produits de la société de la consommation ». Vu sous cet
angle, pourquoi pas, mais au moment de développer Curko file au
garage changer une durite.
La Mercedes à Curko au Musée des Verts (photos : VFC)
1 Commentaires
Curkovic to byl zawsze dobry , staly czlowiekiem socjalistycznym !
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