André Hazes et sa chorale.
En 1988, les Pays-Bas remportent l'Euromeisterschaft sur le sol allemand, humiliant au passage la Mannschaft à Hambourg en ½ finale. Une victoire de prestige sur son pire ennemi qui lui rend œil pour œil, dent pour dent depuis la nuit des temps et lui dispute le mauvais goût vestimentaire, les options capillaires originales et l'invasion des campings du Sud de la France en été, sur fond de rivalité historique. Le premier trophée international de son histoire après ses deux défaites consécutives en coupe du Monde (1974 et 78). Un succès qui place la Oranje au sommet du football européen... et des charts au pays des moulins qui se cherche un mouvement musical en cette fin des 80's, grâce à son supporter n°1 André Hazes. Dédé est l'archétype du chanteur populaire batave. Né au début des années 50 à Amsterdam, nourri au blues et au rock'n'roll naissant, le Dutch-singer trouve un style au mitan des seventies qui lui inspire des titres à la pelle, trois cents au total, et quelques tubes à flanquer les foies sur l'industrie du disque locale. « Eenzame kerst - Noël solitaire » (1976), « Een beetje verliefd - Un peu d'amour » (1981) ou encore cet accusateur « Ik meen 't - Je suis sérieux » (1985) : quelques pépites dans la production discographique d'AH qui secouent la quiétude de la jeunesse néerlandaise et propulse notre chanteur aux pires excès. En témoigne le « Wij houden van Oranje - Nous t'aimons Oranje », un hymne à la gloire de la sélection orange censé doper les performances de ses joueurs durant l'Euro. C'est le buzz. La Hollande trouve le bon tempo sur le pré et Dédé squatte les ondes avec cette chanson - inspirée d'une balade écossaise et écrite par Hans van Hemert - initialement offerte à Willeke Alberti, le pendant féminin au pays du footballeur-crooner, qui refuse l'invitation - elle est la compagne du Danois Sören Lerby à l'époque, une bonne raison donc - et sert du même coup sur un plateau le but en or à André et son orchestre. Lequel ne manque pas de transformer l'occasion. N°1 au hit-parade pendant trois semaines ! Le tube de l'été 88 aux Pays-Bas. Durant la compétition, le bruit court que les joueurs de Rinus Michels, lesquels ont enregistré les choeurs sur le disque, ne reprennent pas les paroles du « Wilhelmus » au moment des hymnes, mais entonnent celles du « Wij houden van Oranje ». Pour se donner du tonus sans doute, avec les citrons à la mi-temps. André Hazes de son côté a plutôt la pêche aussi, enregistrant encore de nombreux succès jusqu'à son décès en 2004, victime d'un arrêt cardiaque. Une cérémonie d'adieu lui est consacrée quelques jours après sa mort à l'Arena, le stade d'Ajax dont il était fan, en présence de Paul McCartney et son idole Johan Cruijff. Dix-huit après la sortie originale, le rappeur Ali B sort une cover dans laquelle Dédé apparaît à titre posthume. Toujours avec le bon flow, à la différence d'une sélection néerlandaise orpheline de son supporter fétiche depuis sa disparition.
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