Luis Fernandez 007.
Pour la saison 1985-86, c'est décidé, Luis Fernandez change de look
et d'attitude sur le terrain. Fini Luis-le-roublard, toujours à chatouiller les chevilles de
l'adversaire et user de son influence sur l'arbitre avec sa gouaille
légendaire, le milieu parisien pose désormais en costume
trois-pièces et veut se racheter une conduite comme il le confie à
son interlocuteur sans nom, le célèbre Thierry Roland : « C'est
vrai que cette année, je me suis dit qu'il fallait changer le style
Fernandez, concède le Titi des Minguettes. Voir ce qui
n'allait pas, et faire ce qu'il fallait pour que cela aille mieux
afin que je donne une autre image de moi-même sur le terrain ».
Ce travail introspectif, Luis le doit à l'arrivée de Gérard
Houllier, l'ancien prof d'Anglais, dans la Capitale. Malgré son
flegme britannique, l'ex-entraîneur lensois ne badine pas avec la
discipline : « On a parlé ensemble, il m'a fait remarquer ce qui
était bien, ce qui l'était moins, ce que devait être mon rôle
cette saison, ce que je devais apporter à l'équipe ». En
gros, le nouveau coach parisien colle la pression à son joueur et
lui confie le brassard afin que ce dernier « montre
l'exemple sur le terrain ». Houllier, comme la plupart des
observateurs, ont en effet encore en mémoire les frasques du joueur
parisien à la fin de la saison précédente, et notamment son numéro
lors d'une demi-finale de coupe de France contre Toulouse. « Bon,
c'est vrai, ce soir-là j'ai un peu exagéré, reconnaît le
nouveau capitaine du PSG. Mais nous en avions tous gros sur la
patate comme on dit [au match aller au Stadium, PSG s'incline 2-0
avant de combler son retard au Parc et s'imposer aux tirs aux buts au
retour dans une ambiance sur-chauffée]. J'en ai fait un peu trop
et suis le premier à le reconnaître ». Faute avouée,
n'est-ce pas, toujours est-il que Paris enchaîne les victoires sous
l'ère Houllier et fait la course en tête en championnat.
PSG
remporte son premier titre à la fin de la saison mais Luis a déjà
l'esprit tourné vers l'avenir : « Je pense à ce qui vient
demain, chuchote l'international, des projets plein la caboche.
Et de ce côté-là aussi, je pense que j'ai changé... »
De club en fait, puisque Luis passe dans le camp d'en face en signant
au Matra Racing dans la foulée du premier titre parisien. Il devient
alors le joueur le mieux payé du championnat. Luis-la-colle se
transforme en gentleman mi-Scarface mi-businessman. Avant la chute
avec son nouveau club.