BIO EXPRESS DEGRADABLE. André Rey.


Peut-Ăªtre aurait-il Ă©tĂ© roi en Espagne et vĂ©cu dans un chĂ¢teau. Rapport Ă  son nom. Mais AndrĂ© Rey est nĂ© en Alsace (le 22 janvier 1948), et il fait toute sa carrière en France oĂ¹ il subit, durant celle-ci, les quolibets ou mauvaises plaisanteries des spectateurs eu Ă©gard Ă  son patronyme. Eh AndrĂ©, c'est quand qu'tu nous la montres ta Rey du cul " (rires gras) ou bien " T'as vu, moi aussi j'me suis fais la Rey au milieu " (rires mitigĂ©s) et encore " Eh Rey, t'es encore Ă  la pĂªche ! " (rires en apnĂ©e). DĂ©cidĂ©ment les rougeots du stade se frottent le bide avec leurs vannes 33 export. Mais comme le dit le pilier de comptoir du bar le St-Symphorien qui est loin d'en Ăªtre Ă  son premier verre : " Franchement, And'Rey pas s'foutre de la gueule des gens comme ça pour un rien ". VoilĂ  qui est dit. Parce que c'est vrai qu'AndrĂ© Rey, dit le Grand vu sa taille (1,87 m) n'Ă©tait pas un bon Ă  rien malgrĂ© un dĂ©but de carrière un peu poussif et carrĂ©ment dĂ©courageant.


DĂ©dĂ© est en effet un mec qui a du nez (c'est vrai qu'il a un long tarin aussi) et de la gnack. C'est pour ça que la grande saucisse dĂ©bute d'ailleurs sa carrière pro Ă  Strasbourg, sa ville natale, Ă  la fin des 60's. Quitte Ă  jouer, plutĂ´t qu'avec les mots autant que ça soit avec un ballon... d'Alsace. Bref. Mais au Racing, tout n'est pas toujours rose pour DĂ©dĂ©. Normal d'un autre cĂ´tĂ©, Ă  Strasbourg on trouve plus de cigognes que de flamands, sinon faut jouer en Belgique. Doublure de Johnny Schuth, il Ă©volue dans l'ombre du goal qui tire tout le temps et joue son 1er match professionnel durant la saison 1970-71 contre Metz Ă  St-Ouen (en coupe de France) suite Ă  la suspension du gardien rockeur qui tient le haut de l'affiche dans son club. Quelques apparitions très Ă©parses ensuite, Strasbourg qui descend en D2 cette annĂ©e-lĂ , DĂ©dĂ© n'a pas la cote au Racing qui s'empresse de faire venir un nouveau portier, Christian Montes, pour la saison suivante. AndrĂ© Rey, qui traverse donc des hauts et des bas sur le plan sportif Ă  Strasbourg, en fait de mĂªme alors avec la gĂ©ographie puisqu'il quitte le Bas-Rhin pour se retrouver dans le Haut-Rhin. A Mulhouse exactement. Un prĂªt d'un an qui lui redonne le moral et une place de titulaire. L'Ă©pisode mulhousien terminĂ©, DĂ©dĂ© doit retourner au Racing au dĂ©but de la saison 1972-73. Contre toute attente, il dĂ©bute le championnat comme titulaire. En fait, Christian Montes est blessĂ©. A son retour, AndrĂ© Rey cire de nouveau le banc puis regagne la confiance de l'entraĂ®neur Novotarski qui joue aux chaises musicales avec ses gardiens au grĂ© de ses humeurs. DĂ©dĂ© Ă  la barre: " Comment voulez-vous vous prĂ©parer et jouer sereinement quand on marchande la confiance […], quand c'est le chassĂ© croisĂ© permanent entre joueurs..." . Mais le pire est Ă  venir. Janvier 1973. Strasbourg se dĂ©place Ă  St-Etienne et prend une valise (5-1). Rey qui garde les buts ce soir-lĂ  devient le roi des cons aux yeux du staff alsacien, et plus particulièrement Ă  ceux du directeur sportif Robert Domergue qui le convoque un beau matin pour lui annoncer tout de go : " Grand, tu devrais changer de mĂ©tier. C'est pas de ta faute. Tu n'es pas fait pour ça... ". AndrĂ© Rey est donc mis au placard, recasĂ© en Ă©quipe rĂ©serve pour laquelle il ne joue pas non plus sur ordre de Domergue. Le cauchemar pour DĂ©dĂ© qui ne participe Ă  aucune rencontre du championnat 1973-74.

La poisse pour un gars qui est plutĂ´t Munster. Mais pas de quoi en faire un fromage pour DĂ©dĂ© qui saisit sa dernière chance au dĂ©but de la saison 1974-75. Le FC Metz perd son gardien Patrick Barth sur blessure. Sur les conseils d'un ami, AndrĂ© Rey s'entretient avec Carlo Molinari (mais pas trop tout de mĂªme quand il le voit dĂ©bouler dans son bureau avec ses casseroles au cul) et miracle, le prĂ©sident messin lui accorde sa confiance. Pour Rey c'est le dĂ©but de l'aventure avec le FC Metz, un club qui oscille bon an mal an avec le haut du tableau ou presque (8ème en 74-75 et 76-77, 6ème en 75-76 et 5ème en 78-79) et le ventre mou voir moins (12ème en 77-78 et 17ème en 79-80), mais lui assure une vraie place de titulaire dans les buts lorrains. Il joue plus d'une trentaine de matchs par saison. Pas mal pour un gars qui n'est pas du mĂ©tier. Mieux. Michel Hidalgo, qui n'est pas un charlot en matière de dĂ©couvreur de talent, le sĂ©lectionne en qualitĂ© de gardien titulaire face aux champions du Monde allemands le 23 fĂ©vrier 1977. AndrĂ© Rey devient alors incontournable Ă  son poste en Ă©quipe de France et participe Ă  la qualification des Bleus pour le mondial argentin. Le rĂªve pour le gardien messin... qui se transforme en cauchemar un mois avant le 1er match officiel de la coupe du Monde 1978. DĂ©dĂ© se fracture en effet le poignet Ă  l'entraĂ®nement. Adios Argentina, bonjour tristesse. Peut-Ăªtre que Robert Domergue s'est attachĂ© les services d'un sorcier africain et ses poupĂ©es vaudous dans l'histoire. AndrĂ© Rey perd alors sa place sous le maillot tricolore après quelques apparitions pour les phases qualificatives de l'Euro 80, mais surtout Ă  cause d'une dernière saison messine vraiment pourrie. Le club flirte avec la descente. Bye EdF, bonjour OGCN, mais ça commence Ă  sentir le gaz. ÉtĂ© 1980. AndrĂ© Rey qui en a marre des frimas de l'Est dĂ©barque Ă  Nice pour deux saisons. Le dĂ©but de la descente et pas seulement d'un point de vue gĂ©ographique pour DĂ©dĂ© la malchance. Parce que l'OGC Nice, au dĂ©but des 80's, est un faux paradis pour footballeurs et AndrĂ© Rey perd son Latin sur la promenade des Anglais. Deux annĂ©es galère qui se traduisent par une 15ème place la première saison et une relĂ©gation l'annĂ©e suivante. Vraiment pas de quoi pavoiser ni rouler des mĂ©caniques pour ce fĂ©ru d'automobiles qui vont vite du cĂ´tĂ© de la baie des Anges. Du coup, DĂ©dĂ© retourne chez lui, pose ses valises et ses tours de (haut) reins Ă  Mulhouse (1982-83) qui rime, pour une fin de carrière, avec lose. Le club alsacien vient d'accĂ©der en D1 et fait l'ascenseur dans la foulĂ©e. 20ème et bon dernier. C'en est trop pour DĂ©dĂ© qui dĂ©cide alors de passer Ă  l'Ouest, Ă  La Roche sur Yon, pour une dernière saison en D3 avec le club vendĂ©en. Pas très loin de chez Philippe de Villiers. Triste fin.



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