Il est parti rejoindre son alter ego, celui qu'on surnommait Johan Ier, vers les cieux où les dieux du football peuvent se délecter du football total distillé par une vague orange qui sublima l'été 74 lors du Weltmeisterschaft en Allemagne. Johan Neeskens est décédé ce dimanche 6 octobre 2024 à la suite d'un malaise alors qu'il se trouvait en Algérie pour un voyage, le dernier d'une carrière riche en trophées sans jamais réellement toucher le Graal. Cette fichue coupe du Monde qui fuit les Pays-Bas en 1974 et 78. La vie, comme la mort, est injuste avec les bienfaiteurs de l'humanité.
Après ses années de formation dans le club de sa ville natale (Heemstede), Johan Neeskens intègre très vite le grand Ajax au début des 70's. Bonne pioche, la collaboration entre le joueur et son club fonctionne à merveille. L'Ajax de Rinus Michels (et Ștefan Kovács par la suite) invente un style de jeu, révolutionnaire et moderne, où chaque joueur doit savoir tout faire : défendre, attaquer, presser. Johan Neeskens excelle dans tous les domaines et gère le milieu avec son copain Johan Cruyff en chef d'orchestre. C'est la belle époque du football total pendant laquelle l'Ajax truste les titres nationaux et internationaux : trois coupes d'Europe des clubs champions européens (1971, 72 et 73), la coupe intercontinentale 1972, la supercoupe d'Europe 1973, le championnat des Pays-Bas 1972 et 73 et la coupe en 1971 et 72. Un joli bouquet pour une tulipe en pleine éclosion.
À l'été 1974, après la coupe du Monde en Allemagne de l'Ouest au goût amer pour les Bataves, Johan Neeskens rejoint son mentor Johan Ier en Catalogne et signe au F.C Barcelona. L'équipe entraînée par Rinus Michels (de 1971 à 75) connaît néanmoins un passage à vide au mitan des années 70. Malgré son volume de jeu et sa volonté farouche sur le pré, rouflaquettes dans le vent, les Blaugranas subissant la domination du Real au palmarès de la Liga, Johan Neeskens se contente seulement de la coupe du Roi (1978) et la coupe des vainqueurs de coupes la saison suivante. Autant dire des miettes en rapport avec le standing du club et ses objectifs. Johan Neeskens quitte Barcelone à la fin de la saison 1978-79 sur un malentendu et beaucoup de désillusions. Mais pour aller où ?
Un temps dragué par le board strasbourgeois tout juste auréolé d'un titre de champion de France, Johan Neeskens répond en fin de compte aux sirènes de la NASL et du New-York Cosmos. Un championnat exotique mais bourré de dollars auquel aucune star du ballon rond ne résiste à l'époque. À 28 ans, Johan Neeskens choisit la voie du compte en banque plutôt que les lignes du palmarès sportif. Avec le Cosmos et sa pléthore de stars, Johan II remporte tout de même deux titres de champion (1980 et 82) et quelques accessits qui permettent au milieu néerlandais de garder une place en sélection jusqu'en 1981, un soir de 18 novembre face à l'équipe de France au Parc des Princes, match comptant pour la qualification au Mundial espagnol. Hélas pour lui, Michel Platini tire bien les coups-francs... Ultime désenchantement pour Johan Neeskens après les échecs en finale des CM 1974 et 78. Et dure réalité pour ce joueur qui méritait mieux qu'être autre chose qu'un simple numéro deux dans l'esprit des gens.
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