Dimanche 18 février 1979, le Racing
Club de Strasbourg reçoit Paris F.C pour le compte de la 27ème
journée du championnat. Leaders au classement depuis le début de la
saison, les Strasbourgeois écrasent de biens pâles Parisiens (3-0)
grâce à un hat-trick de l'intenable Francis Piasecki. Mais la star
de la soirée, malgré son statut d'homme du match, n'est pas à
chercher sur la pelouse de la Meinau au grand damne de l'attaquant
alsacien, pourtant dans la forme de sa vie. Il faut plutôt se
tourner du côté de la tribune présidentielle pour découvrir celui
qui suscite le buzz médiatique. Johan Neeskens en personne, encore
sous contrat avec Barcelone, y siège sur son strapontin royal et
confirme par-là la rumeur qui ne cesse d'enfler parmi les
journalistes et supporters du club. L'international batave – au
palmarès long comme le bras et qui a déjà presque tout gagné à
seulement 28 ans (sauf la coupe du Monde) – est présent en Alsace
pour négocier son futur transfert au Racing ! De quoi emballer
le public qui se projette déjà sur la saison prochaine.
La présence de « Johan II »
à Strasbourg découle en fait d'une prise de contact entre Gilbert
Gress et le Néerlandais à l'occasion d'un match amical qui oppose
les Pays-Bas à la RFA, à Düsseldorf le 20 décembre 1978. Les deux
hommes se retrouvent après la rencontre et chacun de prendre la
température de l'autre. Il faut dire qu'à l'époque, plus rien ne
va pour Neeskens en Catalogne. Orphelin après le départ de son
mentor et ami Johan Cruyff (1978), « El Toro » – son
surnom en Espagne – cherche ses repères et manque de régularité
sur le pré. Pire, à l'occasion d'un déplacement à Alicante, le
footballeur total aux rouflaquettes un brin rock'n'roll fait sa forte
tête à l'endroit de son président José Luis Nunez, à qui il
refuse de tendre un rouleau de P.Q pendant que ce dernier roule un
cigare aux toilettes. Offusqué par l'attitude de son joueur, ce
dernier promet de le vendre en retour dès que l'occasion se
présentera. Or l'occasion faisant le larron, Gilbert Gress et son
staff entrent ainsi dans la danse.
Après le match contre Paris F.C,
l'entraîneur strasbourgeois, son président André Bord et le
manager de Neeskens dînent en ville et discutent jusqu'à pas d'heure. « On a fini chez moi pour parler chiffres, précise le coach aux lunettes cerclées. et on s'est quitté vers quatre du matin ». Les négociations s'étalent cependant sur plusieurs mois. Sur le
fond, Johan Neeskens est OK pour venir à condition que les Alsaciens
gagnent le titre. Un bon point pour le Racing qui s'en approche à
grand pas. Sa femme, en outre, semble être tombée sous le charme de
l'Alsace au cours de leur visite. Seulement, « Johan II »
est dur en affaires. Il exige un contrat de trois ans sur une base de
sept millions de francs par mois (soit 1.000.000€) ! Malgré
des chiffres à faire tourner les têtes alsaciennes, Gilbert Gress
reste cependant optimiste sur la suite des opérations. Mais Neeskens
en veut plus. En signant au Racing, il exige des dirigeants qu'on le
laisse libre pendant la trêve estivale – il prévoit de revenir en
septembre – pour faire une pige de trois mois aux States avec
New-York Cosmos, et un contrat de trente millions (4.580.000€) de
dollars en bonus ! L'entraîneur alsacien accuse le coup puis
abandonne la partie lorsque la franchise américaine fait une
contre-proposition. « Le Cosmos de New-York lui a proposé
en dollars ce qu'on pouvait lui donner en francs »
regrette l'intéressé impuissant devant la puissance financière des
Américains. Johan Neeskens rejoint donc les Etats-Unis et la NASL.
Il y reste jusqu'en 1985 sans remettre les pieds en Alsace. « Et
dire que j'ai failli jouer avec lui au milieu de terrain ! »
déplore René « flying » Deutschmann en mesurant
l'apport sportif du technicien néerlandais qui vient de lui passer
sous la moustache.
4 Commentaires
ça aurait été marrant de le voir contre Johnny Rep .
RépondreSupprimerOui, mais ça aurait aussi été cool de le voir sur les terrains du championnat de France !
RépondreSupprimerça aurait aussi été cool que le montage soit moins moisi
RépondreSupprimerLa prochaine je fais appel à toi.
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