Le 31 mai 1983, Paul Breitner foule une ultime fois la pelouse de l'Olympiastadion de Munich à l'occasion d'une rencontre amicale opposant le Bayern München à une sélection de joueurs triés sur le volet, pour le compte de son jubilé. Le rebelle maoïste, bien souvent plus par provocation à l'égard de la presse qu'il n'apprécie guère que par conviction, boucle ainsi la boucle là où tout avait commencé pour lui à l'aube des 70's du côté de la Bavière.
Pour fêter le départ de l'international allemand (48 sélections entre 1971 et 82), les représentants de l'AmSud sont légion. l'Argentin Mario Alberto Kempes et une colonie brésilienne (Zico, Junior, Leandro, Adilio) répondent favorablement à l'invitation de « Polo der Rote » (le Rouge dans la langue de Blixa Bargeld). Le team international est en outre renforcé par la présence européenne du duo autrichien Walter Schachner-Bruno Pezzey, deux des protagonistes du lamentable et décrié RFA-AUTRICHE du Mundial espagnol. L'allemand du HSV Horst Hrubesch et le gardien Harald Schumacher (pas vraiment un copain passé le Rhin) - toujours le souvenir de la coupe du Monde 82 - renforcent l'ossature de cette sélection dont la présence de Franz Beckenbauer surprend quelque peu. Les deux hommes ne s'apprécient guère, tout juste s'ils se tolèrent sur et en dehors du pré ! Le style de vie et les choix professionnels de l'un et l'autre étant la cause du conflit entre les deux figures de la Mannschaft du WM'74. Pierre Littbarski (FC Köln) et Karl-heinz Fōrster (VfB Stuttgart) complètent le tableau. En invité d'honneur, le retraité Sepp Maier ajoute un plus à la fête du barbu bavarois champion du Monde (1974) et d'Europe (1972) à l'instar du « Kaiser » et « Die Katze ».
Sur le terrain, le Bayern München emmené par Jean-Marie Pfaff, Klaus Augenthaler et Karl-Heinz Rummenigge, entre autres, l'emporte (3-2) face aux invités. Paul Breitner officie au sein des deux équipes comme le veut en général la tradition des jubilés. Pour l'anecdote, Polo remplace Beckenbauer dans la sélection internationale en seconde période, lequel préfère inscrire un but contre son camp en première mi-temps plutôt que de laisser marquer le héros de la journée qui le presse sur l'action menant à l'ouverture du score des Bavarois. Tout le symbole des crispations entre les deux anciens coéquipiers de la Mannschaft et malgré le profil amical et festif de l'événement. Paul ne voit cependant pas rouge pour le coup, préférant terminer sa carrière sur une note positive et sans haine à l'endroit de son rival et désormais lointain collègue de travail. Servus, Paul.
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