La Coupe du monde féminine disputée au Mexique en 1971, ça vous parle ? Il y a peu de chance pour que vous en ayez entendu parler puisque cette compétition n’est pas reconnue par la FIFA, et n’apparaît donc pas dans le palmarès officiel des équipes y ayant participé. Toutefois, ce tournoi officieux regorge d’anecdotes hallucinantes que seuls le sport amateur est en mesure de nous offrir. Zoom sur Coppa del Mondo mexicaine à travers cinq histoires à peine croyables.
Des « Coupes du monde » avant LA Coupe du monde !
Si vous l’ignoriez, sachez que les footballeuses ont attendu 1991 pour que la FIFA daigne organiser une première Coupe du monde féminine officielle. A titre de comparaison, les hommes ont disputé leur premier Mondial en 1930 !
Pour autant, les femmes n’ont pas attendu l’aval de la Fédération internationale de football pour disputer des compétitions internationales. Les deux premières « Coupes du monde » officieuses ont lieu aux débuts des années 70. La première se dispute en Italie en 1970 et rassemble huit équipes. La finale opposant le pays hôte au Danemark se dispute à Turin devant 40 000 spectateurs et voit les Nordiques l’emporter 2 buts à 0.
Cette première compétition organisée par la FIEFF, Fédération internationale et européenne de football féminin (organisation dissoute en 1972), est un succès. Ses membres décident donc de renouveler l’expérience un an plus tard en 1971, au Mexique cette fois-ci ! Six équipent prennent part à l’aventure mexicaine dont l’équipe de France, représentée par le Stade de Reims.
Ce Mondial officieux aussi appelé Coppa del Mondo tient une place de choix dans l’histoire du football féminin et c’est la raison pour laquelle nous allons vous faire découvrir ce tournoi à travers cinq anecdotes historiques.
Découvrir le « poteau rose »
A notre époque, habiller les garçons en bleu et les filles en rose serait presque « mal vu » par certains. Mais dans les années 70, les clichés allaient bon train ! Jaime De Haro, le président du comite d’organisation du Mundial 1971, déclarait en effet dans un article du New-York Times en date du 27 juin 1971 vouloir « mettre l’accent sur la féminité ». En effet selon lui « le football et les femmes sont la combinaison des deux passions de la majorité des hommes à travers le monde. » Une vision qui explique certainement pourquoi les montants des cages (poteaux et barres transversales) étaient peints en blanc... et rose ! Même constat pour les traductrices et interprètes du tournoi dont les tenues étaient entièrement roses.
L’hécatombe argentine
Quelques jours avant leur demi-finale contre le Danemark, les joueuses argentines ont connu une terrible mésaventure... Lors du trajet en bus qui devait les mener de leur hôtel au camp d’entraînement, une camionnette a percuté leur véhicule, provoquant les blessures de huit joueuses ! Betty Garcia, l’une des argentines accidentées raconte à la presse locale : « Tout ce que je sais, c’est que notre meilleure buteuse Elba Selva ne jouera pas samedi (en demi-finale contre le Danemark - N.D.A.). Elle est blessée aux deux jambes. » Dommage, Elba Selva avait inscrit un quadruplé quelques jours plus tôt face à l’Angleterre, et effectivement, son absence à pesé puisque l’Argentine s’est inclinée 5 à 0 face aux Danoises...
Nouveau problème mécanique...
Le coup de la panne vous connaissez ? Eh bien sachez que les Danoises en ont fait l’amère expérience... Alors que la sélection nordique traversait le désert de Guadalajara, son bus est tombé en panne en plein milieu, de nulle part ! « Il n’y avait ni toilettes, ni climatisation dans notre vieux bus, raconte la Danoise Susanne Augustesen. Nous devions faire pipi dans le désert au milieu de ces immenses cactus. » Après avoir rejoint à pied la zone habitée la plus proche pour passer un coup de téléphone, un bus de la sélection italienne elle aussi en lice dans la compétition est venu récupérer des Danoises bloquées dans le désert depuis plusieurs heures.
Tapage nocturne !
La veille de leur demi-finale face au pays hôte, les Italiennes ont connu une nuit bien agitée. Et pour cause, des supporters mexicains se seraient rassemblés au pied de l’hôtel des Transalpines pour faire du boucan toute la nuit et ainsi les empêcher de dormir ! Payante ou non, cette stratégie a permis aux Mexicaines de s’imposer le lendemain face à aux Italiennes (2-1).
Les Danoises qui devaient affronter les Mexicaines en finale ont de leur côté pris leurs précautions pour éviter pareille mésaventure. Les Scandinaves ont effet fait appel à l’ambassade du Danemark au Mexique pour leur trouver des habitants danois résidant dans la région et prêts à les accueillir la nuit précédant la finale !
Un record d’affluence ?
Bien qu’aucun chiffre officiel n’existe, de très nombreuses sources rapportent que la finale de la Coppa del Mondo opposant le Danemark au Mexique aurait rassemblé plus de 100 000 spectateurs au Stade Azteca de Mexico. Cette même enceinte qui avait accueilli un an plus tôt la finale de la Coupe du monde masculine entre le Brésil de Pelé et l’Italie.
Officiellement, le record d’affluence pour un match de football féminin est de 90 185 spectateurs. Ce chiffre fut atteint lors de la finale de la Coupe du monde 1999 aux États-Unis.
Record d’affluence absolu ou non, au vu des rares images d’archive en notre possession, nous pouvons constater que le stade Azteca était plein à craquer en ce jour de finale le 5 septembre 1971. Un match pour le titre qui fut remporté 3 à 0 par le Danemark grâce à un triplé de Susanne Augustesen, âgée de seulement 15 ans à l’époque...
Pour aller plus loin
Si le tournoi mexicain de 1971 vous intéresse, j’y ai consacré un chapitre entier dans mon livre « Football féminin : les Coupes du monde officieuses ». Et si l’histoire du ballon rond conjugué au féminin vous passionne, je vous invite à vous inscrire à la newsletter de la chaîne YouTube française « Women’s Soccer Stories ». Vous recevrez tous les jours pendant 15 jours une anecdote historique sur le foot féminin : https://landing.mailerlite.com/webforms/landing/r9i7c9
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