JULIEN CLERC : ULTRA ON TOUR.



Il voulait qu'on l'appelle Venise mais son nom c'est Julien Clerc, comme de l'eau de Rocheteau. Son idole. Lequel porte comme lui les cheveux longs et bouclés. Un point commun qui suscite chez l'auteur de « Si on chantait (tous ensemble, tous ensemble, hé) » une admiration sans borne pour l'Ange Vert et les Stéphanois en général. « J'ai eu la chance de vivre la plupart des grands matches des Verts dans les tribunes ou le nez collé au grillage au bord du terrain, confie Juju à Michel Denisot dans les colonnes du magazine Télé Foot 1 – la version papier de la célèbre émission animée par Pierre Cangioni – en mars 1978. C'est là que j'ai vu les plus beaux récitals de Dominique Rocheteau. Ses dribbles, bien sûr, mais aussi sa solidité physique qui apparaît moins bien à la télévision ». En gros, celui qui incarne Claude Bukowski dans l'adaptation française de la comédie musicale « Hair » est tombé dans la marmite, plutôt le Chaudron en l'occurrence, lors de la fameuse épopée des Verts en coupe d'Europe. Mais avant ça, qu'est-ce que représentait le football pour le chanteur de variété ?

« J'ai commencé à jouer au lycée Lakanal (à Sceaux, ndr), se rappelle Julien Clerc avec émotion. Je me souviens des matches au stade de la Grenouillère à la Croix-de-Berny. Je jouais milieu de terrain parce que là ça courrait tout le temps et j'aime me dépenser. Mais je n'étais pas très bon, en tous cas pas le meilleur. Alors j'ai viré goal de hand. C'était dans mes cordes ». Peut-être une histoire de circonférence du ballon, qui sait ? Mais au cours de l'interview, il avoue cependant sa véritable passion pour l'équitation tout en continuant encore à taper dans le ballon avec ses musiciens. « En tournée, il y a un match tous les après-midi et ça ne rigole pas ». Le foot c'est du sérieux, mais sa passion se limite à celle de spectateur. Moins usant sauf quand il s'agit de gueuler après l'arbitre pour un pénalty non sifflé. « Celle-là ne m'a jamais quitté, concède t-il à Denisot, pas trop désolé pour le coup. A six ans, mon grand-père m'emmenait au stade de Colombes. Les Racing-Reims de l'époque, je les revois encore de temps en temps avant de m'endormir : Marche, Taillandier, Kopa, Fontaine, Jonquet. C'était quelque chose. Puis, mon grand-père a déménagé à Nice. Tous les dimanches, nous allions au stade du Ray ». Et de vibrer aux exploits des Aiglons de l'O.G.C Nice qui, à l'époque des 50's, rivalisent avec le grand Stade de Reims.

Julien Clerc en mode ultras
Même si Julien Clerc donne sa préférence aux Verts, il n'en reste pas moins attentif à d'autres équipes de standing européen. « Je suis ravi quand Nantes, l'O.M et Bastia réussissent un exploit » lâche sans détour le chanteur aux bas Pony(lon). « Si j'apprécie un peu plus Saint-Etienne, c'est parce que cette équipe a donné l'exemple, tout comme Kovacs au niveau de l'équipe de France ». L'ancien sélectionneur des Bleus (1973-75) comble les faveurs de Juju, autant que son défenseur Marius Trésor : « Je l'admire beaucoup. A son poste, il est l'un des meilleurs du monde, sinon le meilleur. Et puis entre lui et moi, il y a un lien de sang de par nos origines antillaises ». Une relation presque fraternelle, qui incite d'ailleurs Julien Clerc à inviter le défenseur international sur le plateau de l'émission Le Grand Échiquier de Jacques Chancel. Et même, cerise sur le gâteau, de pousser la chansonnette avec lui. « Marius a accepté très gentiment de chanter avec moi à l'improviste un air traditionnel de là-bas : Adieu Madras, adieu foulards. Cela m'a beaucoup touché ». Un duo qui inspire du reste le défenseur de l'O.M qui enregistre dans la foulée son « Sacré Marius ». Juju en est baba. « Sa maîtrise m'impressionne » concède t-il presque jalousement avant de revenir au sujet initial : le football et ses joies.

Le plaisir notamment de voir de belles rencontres marquées par des actions et des buts extraordinaires. Il y en a trois pour le chanteur au cœur de rockeur. « D'abord celui de Jean-Michel Larqué au cours de Saint-Etienne-Lens en coupe de France (2 à 1 pour les Verts lors de la finale 1975). C'était une reprise de volée. Puis celui de Six au Maracana contre le Brésil (2-2, 1977). Un tir fantastique du gauche après une feinte très intuitive. Et enfin les coups-francs de Michel Platini, en particulier contre l'Italie (2-2 à Naples, 1978) ». Des buts, des buts, oui mais des Platini ! Qui a tout pour « faire peur aux gardiens de but » à l'aube de sa carrière, selon l'invité de Denisot. A qui il confie, pour conclure, une étrange manie qui revient comme une mélodie dans la tête. « Quand je ne trouve pas le sommeil je ne compte pas les moutons, lâche t-il allongé sur le divan prêté par Henry Chapier pour l'occase. Mais je vois toujours un footballeur qui marque un but sur un tir en pleine course. Je le vois, je le revois. Le replay marche jusqu'à ce que je m'endorme. Et ce joueur, je ne sais pas qui c'est ». Et Denisot de répondre « désolé ». Pas mieux.

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