L'équipe du dimanche après-midi. ENTENTE-MONTCEAU 1982-83.

Été 82, la France du football est sous le choc après l'élimination des Bleus en demi-finale de la coupe du Monde à Séville, contre de robustes allemands sans foi ni loi. La morosité et la rancune guettent le pays, sauf peut-être en Bourgogne où c'est un peu la fiesta. En effet, au début de la saison 1982-83, la région compte pas moins de quatre représentants évoluant au plus niveau national : l'A.J Auxerre en 1ère division, le leader régional en quelque sorte. Puis le F.C Gueugnon et C.S Louhans-Cuiseaux, tous deux pensionnaires de la D.II. Et enfin le petit dernier : l'Entente-Montceau qui, à l'inter-saison, rejoint ses voisins du 71. Le groupe B a plutôt fière allure avec ses trois représentants de la Saône-et-Loire, un département qui peut pavoiser en cette période douloureuse sur le plan international. Une accession que l'Entente doit à un très bon parcours lors de l'exercice précédent (second du groupe Centre de D.III), mais également à la présence et au travail de deux hommes, les président Gérard Clayeux et entraîneur Prudent Bacquet. Un tandem gagnant, et l'épine dorsale du club, qui file un bon coup de fouet en matière de divertissement dans le coin.

ENTENTE-MONTCEAU 1982-83

Gérard Clayeux arrive à la tête du club fin 1976, et succède à l'intérimaire Thomas Furno, en poste depuis 1974, qui reçoit la patate chaude après le règne du bon président Brezault (1967-74). Il dirige une entreprise de vêtements pour enfant, et applique en quelque sorte les principes de la maison à son club, lequel sort peu à peu de l'amateurisme. Quand il s'assied sur le fauteuil de président, Gérard Clayeux récupère une équipe qui végète au niveau régional (D.H). Deux ans plus tard, l'Entente Montceau évolue en D.III. Une réussite fulgurante ponctuée par la montée en deuxième division après avoir lutté contre les réserves de l'A.J.A et l'A.S.S.E pendant cette saison 1981-82. Que de chemin parcouru depuis la naissance du club de la Saône-et-Loire en 1948, sous l'appellation U.S Blanzy-Montceau, union entre le premier nommé et le Sporting Club Montcellien, Et qui devient l'Entente Montceau-Blanzy-Bois-du-Verne (EMBBDV) après la fusion avec le F.C Bois-du-Verne en 1968. Un patronyme à rallonge qui dure jusqu'à l'arrivée de Clayeux, lequel modernise les structures et les mentalités, à commencer par raccourcir un peu le nom de l'équipe. C'est un homme d'affaires qui ne lâche rien dirait-on aujourd'hui, comme son acolyte sur le terrain, qui gère tout le côté sportif.

ENTENTE-MONTCEAU 1985-86

Le coach, c'est Prudent Bacquet. Il pose ses valises à l'Entente en 1978. Selon le board montcellien c'est l'homme de la situation pour se mesurer à la troisième division, en dépit du travail effectué par Michel Boissy (1973-78), auteur de l'accession à ce niveau. Le C.V cause peut-être un peu plus pour cet ancien défenseur du Stade Français et du Red Star, passé par Béziers et Angoulême. Le Champenois - il est né à Fismes dans la Marne - a de l'expérience. Il pose les bases de jeu - discipline et rigueur, tout ça dans la rigolade - dès la première année en obtenant une 6ème place encourageante au classement (1978-79). Les saisons suivantes, l''Entente s'en sort en milieu de tableau jusqu'à la montée. Le binôme Clayeux-Bacquet gagne sur le terrain mais se heurte à un roc en coulisses. Malgré des résultats probants et un engouement naissant dans le coin, la mairie refuse toute subvention au club lui permettant de se développer et aborder sa première saison en deuxième division dans la sérénité. L'objectif est le maintien. L'Entente compte sur l'apport de Stéphane Solomenko et Gérard Giannetta, des anciens de l'Olympique Lyonnais, pour atteindre sa mission. Et sur le soutien du public aussi, qui découvre une nouvelle enceinte, le stade des Alouettes, dotée d'une capacité de 6.000 places.

F.C MONTCEAU-BOURGOGNE 1986-87

L'Entente débute son championnat avec deux déplacements pièges à Blénod et Orléans... et ne récolte qu'un seul petit point avant le derby contre Gueugnon qui se solde par une défaite aux Alouettes (1-2). Une entame laborieuse qui reflète le parcours des hommes de Prudent Bacquet. L'écurie montcellienne flirte avec la ligne rouge et obtient son premier succès lors de la 14ème journée contre Fontainebleau (2-0). Difficile de se maintenir dans ces conditions, et au terme de la saison, gâchée par une élimination en 1/32ème de finale de la coupe de France contre St-Dizier (D.III), l' Entente est reléguée avec un faible bilan (16ème au classement avec 5 victoires et 22 points au compteur). Un échec sans conséquence cependant. Suite au retrait de Noeux-les-Mines qui jette l'éponge, la formation bourguignonne est repêchée après une bataille dans les coulisses de la Ligue. Mis en balance avec Alès, qui fut dirigé dans les années 50 par le président de la Ligue à l'époque, Jean Sadoul, l'Entente-Montceau sauve sa peau grâce à un tour de passe-passe très arrangeant. Sadoul décide en effet de garder les deux équipes en D.II, alors que le règlement stipule que l'Entente est prioritaire en raison d'une meilleure affluence moyenne ! Le club de la Saône-et-Loire repart sur de nouvelles bases et avec un nouvel entraîneur, Jean-François Jodar.

F.C MONTCEAU-BOURGOGNE 1988-89

L'ancien international (6 sélections/1 but) du Stade de Reims, Lyon et Strasbourg ne parvient pourtant pas à élever le niveau de jeu l'Entente qui termine l'exercice 1983-84 à la 17ème place au classement, et seulement trois petites victoires à son actif. Peu importe, Jodar prépare l'avenir et après une année en D.III (1984-85), le club remonte aussitôt et passe à la vitesse supérieure grâce à la ténacité de son président. L'Entente est rebaptisé Football Club Montceau-Bourgogne et, sans un kopek de la municipalité toujours rétive au projet sportif du club, Gérard Clayeux bâtit un empire aux Alouettes. Il se bat pour obtenir le statut professionnel, ouvre un centre de formation et démarche auprès des collectivités locales pour trouver de la caillasse. Clayeux est l'un des premiers présidents à moderniser son enceinte avec la construction de loges qui rapportent un sixième du budget du club (1 million sur les 6 au total). Côté terrain pour son retour en D.II (1985-86), le recrutement est ambitieux avec les arrivées du Luxembourgeois Benny Reiter et Roland Wagner, champion de France avec le R.C Strasbourg en 1979. Le F.C.M.B bataille sur le pré et parvient à se maintenir lors de l'ultime journée.

F.C MONTCEAU-BOURGOGNE 1989-90

En 1986-87, l'expérimenté Farès Bousdira (ex-Lens, Nice, Angers) débarque en Saône-et-Loire, et Jean-François Jodar fixe l'équipe en milieu de tableau (9ème) avant de laisser sa place à son adjoint Jean-Yves Chay. Le natif d'Angers connaît bien la région puisqu'il arrive à Gueugnon dans les 60's, puis exerce par la suite du côté de Bourbon-Lancy à l'aube des 70's. Le nouveau coach du F.C.M.B pose ses valises à Montceau en 1973, fait une pige à Autun entre 1977 et 1979 avant d'épauler Jodar en 85. Un local par adoption qui réalise la meilleure saison du club en 1987-88. Barragiste à une journée de la fin du championnat, Montceau cède sa place à... Alès qui corrige les Bourguignons lors de la dernière étape (0-4). Une défaite au goût amer sur le terrain qui plombe les relations entre le club, la municipalité et les collectivités locales. Ces dernières ne soutiennent pas suffisamment le F.C Montceau. Pour protester contre cette injustice, Gérard Clayeux envisage même un déménagement à Chalon-sur-Saône avant de se retirer des affaires du football en juin 1989. A son départ, le club affiche une ardoise de 1,4 million de francs et est au bord de la faillite. Alain Ayache, patron de presse et directeur du Meilleur, prend la succession de Clayeux. Le self-made-man obtient de la ligue la qualification du F.C.M.B en D.II, malgré un dépôt de bilan, afin d'éponger les dettes. Mais le ver est dans le fruit. Las des relations entre la mairie et le club, Ayache quitte le navire montcellien en cours de saison, et laisse une équipe à l'abandon qui termine le championnat à la dernière place (1989-90). Une chute inexorable durant laquelle les rétrogradations se succèdent à un rythme régulier. Le Football Club Montceau-Bourgogne vivote aujourd'hui en CFA et fait, parfois, parler de lui comme en 2007 où il atteint la ½ finale de la coupe de France.

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