Stade : HILLSBOROUGH.
Lieu : SHEFFIELD.
Pays : ANGLETERRE.
Club résident : SHEFFIELD WEDNESDAY.
Les « Hiboux »
n'ont pas toujours joué à Hillsborough. Il est arrivé à Sheffield
Wednesday de fouler la pelouse de Bramall Lane, l'antre du club rival
de la ville : United. C'était à la fin du XIXème siècle.
Avant que les dirigeants des « Owls » ne trouvent un
terrain du côté du quartier d'Owlerton justement, et que le génial
Archibald Leitch ne dessine dans son bureau les premiers plans du
futur stade de Wednesday. Le 2 septembre 1899, Sheffield Wednesday
pénètre pour la première fois dans sa nouvelle enceinte, à
l'occasion d'un match contre Chesterfield. Quatre-vingt dix ans plus
tard, le stade de Hillsborough, qui a accueilli la coupe du Monde
1966, est le théâtre d'un drame qui endeuille l'Angleterre, et
laisse des traces indélébiles aux habitants de Liverpool.
Le 15 avril 1989,
les derniers bus en provenance de Liverpool arrivent en retard, et
dégueulent des centaines de supporters des Reds qui ne veulent pas
rater le coup d'envoi et se pressent vers les tourniquets. C'est
toujours la bousculade avec les Reds, l'un des clubs les plus
populaires du pays. Le coup d'envoi entre Liverpool et Nottingham
Forest, demi-finale de la Cup, a lieu dans pas longtemps et des
milliers d'autres fans ont déjà investi la « West Stand »,
laquelle accueille les supporters adverses lors des matches de
Wednesday à domicile. Celle-ci a d'ailleurs été équipée de
grillages depuis peu, comme dans bon nombre de stades anglais, afin
de lutter contre le hooliganisme et les envahissements de terrain. A
l'extérieur, la Police du Comté ne sait plus que faire avec les
milliers de fans qui s'entassent devant les tourniquets, et ordonne
l'ouverture d'une autre entrée sans trop réfléchir aux
conséquences . La marée rouge s'y précipite et se dirige vers les
zones bondées de la tribune ouest, qui provoque un mouvement de
foule et les premiers spectateurs comprimés contre le grillage. La
rencontre a débuté depuis six minutes lorsqu'elle est interrompue
par des spectateurs venus trouver refuge sur la pelouse, alors que se
déploie une attaque de Nottingham sur l'aile droite. C'est la
dernière action du match. Le reste se passe de commentaires et tient
en quatre mots. Quatre-vingts seize morts ! Cinq ans après le
drame du Heysel où les supporters des Reds sont impliqués,
Liverpool paie à nouveau un lourd tribut au football malgré des
circonstances différentes, même si certains ont tenté de faire
croire le contraire afin de minimiser les responsabilités de la
police dans ce drame.
Trois jours après
la tragédie, le tabloïd « The Sun » publie un article à
charge - THE THRUTH - contre les supporters de Liverpool, dans
lequel le journaliste affirme que les fans étaient ivres et
attaquaient les forces de polices et les secouristes. Tous les
défunts n'ont visiblement pas le droit de reposer en paix, et les
familles des victimes de vivre un deuil décent. Pour beaucoup en
Angleterre, le supporter de Liverpool garde cette image écornée de
Bruxelles, et en aucun cas la police n'est à mettre en cause dans
pareil drame. Sur les bords de la Mersey, on organise la résistance
et la réhabilitation de la mémoire, des victimes et leurs familles,
par la voie du boycott du journal dans la ville. Quelques années
plus tard, l'auteur du papier se confond en excuses, prétextant
avoir été trompé par ses sources, dont certaines policières.
Ce n'est que vingt
après la tragédie que la vérité sort enfin. Grâce au travail
d'une commission d'enquête indépendante qui accable la police dans
son rapport final rendu public. Celle-ci a donné de fausses
informations à la presse et censuré des témoignages dans le but de
faire porter la responsabilité de la catastrophe aux seuls fans des
Reds. Or, selon la conclusion du rapport sorti en 2012, « la
tragédie d'Hillsborough a été provoquée par une affluence
massive, et l'incapacité des forces de l'ordre à gérer la foule ».
Dans la foulée, le premier ministre David Cameron demande aussi
pardon à Liverpool : « au nom du gouvernement, et
du pays tout entier, je veux dire que je suis profondément désolé
de cette double injustice, qui est restée en l'état pendant si
longtemps ». Justice
est rendue et vingt-cinq ans après les faits, pas sûr qu'elle
ajoute du baume au cœur aux familles des victimes qui continuent
d'honorer la mémoire d'un disparu. Comme Steven Gerrard, dont « la
réaction de ses proches l'a poussé à devenir le joueur que je suis
devenu ». Le
capitaine des Reds avait un cousin, Jon-Paul, dix ans, présent ce 15
avril 1989 à Hillsborough. Il n'en est jamais revenu et demeure la
plus jeune victime de cette tragédie.
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