PRO CYCLING MANAGER. Mémoires en jaune avec Cyrille Guimard.


Cyrille Guimard aime le jaune. Avec ou sans glaçon. Porteur du maillot de leader pendant le Tour 72, c'est finalement en qualité de directeur sportif qu'il ramène le paletot à la maison. Sept victoires au total de 1976 à 84 avec Lucien Van Impe (1), Bernard Hinault (4) et Laurent Fignon (2). Quelques belles occasions pour l'ancien sprinteur de prendre une bonne musette et fanfaronner sur les Champs-Elysées, comme au printemps 79 à la veille du triomphe du « Blaireau », le second de sa carrière, dans la Grande Boucle. Breton de naissance, Cyrille Guimard supporte naturellement les Canaris et fête le succès de ses protégés en finale de la coupe de France aux dépens d'Auxerre. Enivré par cette victoire à l'usure face aux vaillants Bourguignons, le patron des « Renault-Gitane » se laisse aller à quelques confidences et revient sur sa jeunesse, son rapport au foot et au FC Nantes.

« Vers l'âge de 8 à 10 ans, j'ai commencé à jouer au football dans la cour de récréation, ensuite au patronage. J'ai joué jusqu'à l'âge de 15 ans dans une équipe de football en minimes et en cadets. Puis j'ai quitté le foot pour le cyclisme, mais j'ai toujours suivi le football et le FC Nantes en particulier, puisque je suis Nantais. J'ai eu la chance de connaître, ces dernières années, les professionnels et de m'intéresser de plus près encore au football ». Ainsi, la préparation des Henri Michel, Bertrand-Demanes, Pécout n'a aucun secret pour le sorcier du cyclisme français qui, après avoir raccroché le vélo, entretient sa forme sur le pré avec les copains du village. A la bonne franquette et dans la bonne humeur, cet état d'esprit qui caractérise le foot amateur et colle parfaitement à la peau du coursier: « Depuis que j'ai arrêté la compétition cycliste, je joue au football dans la localité où j'habite, Le Temple de Bretagne, concède le manager une main au volant de la R30, l'autre occupée par le porte-voix. Je joue surtout pour m'amuser, pour entretenir ma forme physique. C'est ce qui m'intéresse le plus ». Bon, pour la forme, Guimard ne tient pas non plus à se mettre trop dans le rouge puisqu'il avoue lui-même « jouer au poste de gardien de but ou milieu de terrain défensif ». Un rôle de capitaine de route en quelque sorte, ou d'un équipier de luxe aux petits oignons pour son leader et le collectif. La base de la réussite dans le foot et le cyclisme. Deux sports séparés cependant par des différences culturelles selon le septuple vainqueur d'étapes sur le Tour : « Les structures entre le football et le cyclisme sont totalement différentes. Les footballeurs vivent ensemble douze mois sur douze ou presque. Ils s'entraînent ensemble, jouent ensemble alors que les cyclistes s'entraînent individuellement, chacun pour soi. Les cyclistes ne se retrouvent que pour les compétitions. L'ambiance est donc totalement différente ». A chacun sa mentalité pour obtenir le meilleur résultat et viser pourquoi pas le podium. Mais pour l'ancien champion de France de cyclo-cross, le cyclisme souffre de carence en matière de formation, « elle est inexistante, tandis que toutes les équipes professionnelles abritent des écoles de football. Je suis admiratif devant l'organisation du football et je regrette profondément que le vélo soit laissé à l'abandon ». Peut-être une des raisons qui explique la dernière victoire française sur le Tour. Un succès qui remonte à 1985 avec Bernard Hinault alors à La Vie (et à l'eau) Claire. « Et allez Jaja » de s'époumoner le directeur sportif avant de coller Greg Lemond dans le fossé.

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