DYNAMO KIEV 1974-75
- Dynamo Kiev et son magic bus -
La marche en avant
du Dynamo Kiev débute en fait à partir de 1961. Le club ukrainien
enlève le titre dans un championnat d'URSS dominé jusqu'alors par
les clubs moscovites depuis sa création officielle en 1936. Une
hégémonie sans partage qui laisse des miettes à la concurrence,
Dynamo remportant son premier trophée en 1954 avec la coupe d'URSS.
L'An I d'une révolte dirigée par l'entraîneur de l'époque,
Viatcheslav Solovev, secondé ensuite par le progressiste
Victor Maslov (1964-70) qui prend les rênes de l'équipe au
milieu des années 60. Sous son impulsion et grâce à son esprit
visionnaire, Maslov qui appuie ses méthodes sur le pressing innove
en matière de récupération en basant son travail sur la nutrition
et la remise en forme de ses joueurs, Dynamo Kiev accumule les
victoires et remporte successivement trois titres de champion (1966,
67 et 68). Le premier d'entre-eux est même accompagné par un
« doublé d'or », l'AOC soviétique pour définir
le doublé coupe-championnat, un exploit réédité en 1974 qui
permet à Kiev d'accéder au Panthéon du football soviétique
puisqu'en 40 ans d'histoire à l'époque, seuls 5 clubs parviennent à
réaliser cette performance: Spartak (3 fois), C.S.K.A (2), Dynamo et
Torpedo (1), tous moscovites, et les Arméniens Ararat Erevan (1).
Entré de
plain-pied dans une ère moderne, Dynamo Kiev confirme son essor au
commencement des seventies entamées par un nouveau titre de champion
(1971) sous les ordres d'Aleksandr Sevidov, ancien manager du
Dinamo Minsk. Licencié deux ans plus tard à la suite - raison
officielle - d'une défaite dans le temps additionnel d'une finale de
coupe d'URSS à rebondissement contre Ararat Erevan (1-2) alors que
l'équipe mène au score jusqu'à la dernière minute, instant choisi
par les Arméniens pour égaliser et prendre l'avantage dans la
foulée, Sevidov, qui entre-temps a jeté dans le grand bain toute
une génération de jeunes joueurs talentueux dont Oleg Blokhine,
est remplacé par Lobanovski, lequel aurait fait jouer ses connexions
au sein du Parti Communiste Ukrainien pour prendre le contrôle de
l'équipe. Un coup bas pour monter Dynamo Kiev vers le sommet de la
hiérarchie européenne.
Un règne de 16 ans
et des consignes strictes qui laissent cependant la part belle à la
prise d'initiative de ses protégés sur un terrain, contrairement au
modèle standard du joueur soviétique qualifié d'élève très
appliqué à l'époque, telle est la devise du sorcier né à Kiev en
1939. Lequel s'inspire de ses voyages à travers le monde avec son
club pour puiser des idées nouvelles sur son travail, comme
l'explique son assistant Basilievitch: « Au hasard de nos
matches à l'étranger, nous avons chipé ce qu'il y avait de
meilleur. Ainsi, nous avons été intéressés par la technique
sud-américaine, la puissance de feu des Hollandais, la condition physique des Allemands. Nous avons fait la synthèse à Kiev.
Pourquoi le cacher? » Bah oui pourquoi? D'autant qu'un an
après son arrivée, le duo ramasse le bénéfice de son boulot, le
fameux « doublé d'or » évoqué plus haut,
secrètement gardé au camp de Koncha Saspa, le centre
d'entraînement du Dynamo où l'équipe travaille technique, tactique
et condition physique sous l'égide de l'Institut scientifique des
Sports de Kiev. Basilievitch encore au rapport au sujet de la
méthode: « Il y a deux phases: l'inter-saison et la saison
proprement dite. Nous n'avons rien inventé de nouveau en la matière.
La seule chose qui nous différencie sans doutes des autres clubs
soviétiques ou étrangers, c'est que nous nous appuyons de plus en
plus sur des données scientifiques. Le plus difficile est de rester
constamment en pleine possession de ses moyens physiques. Avec
l'Institut scientifique des Sports, nous pouvons à tout moment
vérifier la forme de chacun et agir en conséquence suivant les
tests ». Du Ivan Drago dans le texte qui se traduit par une
pêche d'enfer sur le rectangle vert.
- Viktor Kolotov et un arbitre déjà dans le vif du sujet -
Dopés à l'effort
du football total, les Blokhine, « Le premier violon de
Kiev » ainsi que le surnomme le journaliste Oleg
Koutcherenko, Rudakov, le portier géant, Trochkine, l'arrière
latéral infatigable, Konkov, Kolotov et Muntian, des milieux au
style de jeu inspirés par les Flying Dutchmen et Onichenko, l'autre
merveille du Dynamo qui a du Blokhine dans les jambes, sèment la
panique sur tous les fronts dès la saison 1974-75. La plus belle du
club sur le plan sportif. Auréolé d'un nouveau titre de champion,
Dynamo Kiev s'adjuge aussi la coupe des coupes en balayant
Ferencvaros (3-1) dans une finale à l'allure de « bataille
entre laboureurs hongrois et danseurs du Bolchoï » selon
le mensuel Football Magazine, et la supercoupe d'Europe quelques mois
plus tard, aux dépens d'un Bayern Münich un peu ringard pour
le coup, battu à l'aller comme au retour (1-0/2-0). Dynamo Kiev est
un bâton de dynamite qui explose tout sur son passage, et devient le
premier club soviétique à obtenir un titre européen. De quoi
donner des idées aux dirigeants du Conseil Supérieur du Sport en
URSS qui décident, à l'issue de la saison et au vu des résultats,
de donner les rênes de la sélection nationale au duo ukrainien. Les
deux mentors mènent alors une vie parallèle, partagée entre Kiev
et l'équipe d'URSS composée
en grande partie et en toute objectivité par leurs protégés, qui
aligne parfois même le 11 type du Dynamo. Jamais aussi bien servi
que par soi-même comme on dit dans les champs de blé ukrainiens.
Paradoxe ou non, Dynamo Kiev ne brille plus trop en coupe d'Europe à
partir de cette période, élimination de la C1 en ¼ contre
St-Etienne en 76 et Mönchengladbach en ½ l'année suivante, tout en
continuant sa récolte sur le plan national: championnat (1977) et
coupe (1978).
Les
années 80 débutent sur le rythme des seventies finissantes pour
Dynamo qui enchaîne toujours les titres nationaux, championnat (1980
et 81) et coupe (1982), mais peine au niveau européen. Une nouvelle
génération est en place, Zavarov, Belanov, Rats, Kuznetzov autour
d'un Blokhine en fin de carrière, qui ne tarde pas à faire parler
d'elle comme au bon vieux temps. A commencer par un doublé
coupe-championnat (1985) suivi d'un nouveau titre de champion en
1986. L'année où Dynamo étrille Atlético Madrid à Lyon (3-0) en
finale de la C2 presque dix ans après son premier succès en coupe
d'Europe. L'histoire est un éternel recommencement puisque les
Ukrainiens remportent une autre coupe d'URSS dans la foulée (1987)
avant d'embrayer sur le traditionnel « doublé d'or » en
1990. C'est alors que l'Histoire, la grande, prend le pas sur la
petite avec l'éclatement de l'URSS à la fin de l'année 1991.
L'Ukraine devenue une république indépendante, Dynamo Kiev intègre
naturellement le championnat local qu'il domine depuis, sans jamais
retrouver son influence au niveau européen, à quelques exceptions
près (éliminé de la ligue des Champions en ¼ par La Juve en 1998
et le Bayern en ½ en1999) malgré le retour de Lobanovski sur le
banc de 1997 à 2002, date à laquelle il s'éteint des suites d'un
accident vasculaire cérébral. C'était un 13 mai, 27 ans jour pour jour
après le premier titre européen du Dynamo.
(Un grand merci à Vitali pour les photos d'équipes).
(Un grand merci à Vitali pour les photos d'équipes).
- LA RETRO PHOTO DU DYNAMO KIEV -
- saison 1973-74 -
- saison 1977-78 et 1980-81 -
- saison 1981-82 - |
2 Commentaires
Excellent et magnifique !
RépondreSupprimerThank you very much for good pictures. A small zamechanie.V USSR season spring - autumn, not fall - spring.
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