BIO EXPRESS DEGRADABLE. Christian Lopez.


Christian Lopez a le mérite d'être l'idole de toujours de mon frangin. Pas une mince affaire. D'un autre côté, il adore aussi Gilbert Duclos-Lassalle lequel était pote avec Larios dans sa jeunesse. Un truc qui ne s'invente pas. Une manière de tacler les stars de l'époque, les Rocheteau, Platoche et le duo Hinault-Guimard. La version underground du sport en quelque sorte. Bref. Christian Lopez, donc, est né le 15 mars 1953 à Aïn Témouchent, à deux-trois heures de route par la voie rapide du Bourg-en-Bresse algérien. Pied noir de naissance, il débarque rapidement chez les gueules noires du Forez (1969) où il passe la majeure partie de sa carrière pro après un petit passage à Cannes, qui l'accueille lors de son arrivée dans la Métropole.

La moustache avec ou sans pub.

A Saint-Etienne, Christian grille les étapes à vitesse grand V, le rasoir trois lames en poche. Après une coupe Gambardella (1970) obtenue devant le rival lyonnais, le jeune libéro stéphanois squatte l'équipe première dès la saison 1971-72. Le début de sa vie d'homme et de sa virilité naissante. Dès lors Christian Lopez, la moustache gauloise ou gitane maïs selon les goûts franchouillards, empile les titres pendant que maman fait la vaisselle à la cuisine. Doublé coupe championnat 1974 et 75, champion de France 1976 et 81 et coupe de France 1977. Cricri d'amour du maillot remplit sa vitrine et collectionne les trophées à côté de ses miniatures 1/43ème des vainqueurs du Mans. Des honneurs qui lui valent naturellement une place en équipe de France (39 sélections) et deux coupes du Monde sur son CV. Et quelques anecdotes à raconter. En Argentine, Lopez inscrit son seul but en bleu sous le maillot rayé vert et blanc d'une équipe locale - Stéphanois for ever - et sème la zizanie dans la presse contre les potes. Une sombre histoire de clichés non-autorisés. Parole à la défense : « … Les photographes n'avaient pas accès à l'intérieur de l'Hindu Club (l'hôtel des Bleus en Argentine). Un hebdomadaire m'avait demandé des photos et il est vrai que j'en ai pris quelques-unes qui ont été publiées. Mais l'histoire s'est corsée à la suite des légendes, qui n'étaient pas de mon fait, puis la parution d'une photo de Bathenay dans les gradins de Mar del Plata et une autre dans les vestiaires qui n'était pas de moi. Certains joueurs m'ont alors reproché de vouloir faire de l'argent sur leur dos, alors que la femme à Platini était venue à l'Hindu Club avec mission de réaliser un reportage écrit sur ce qui se passait au sein de l'équipe de France ! ». Lolo vide son sac et rapporte au dirlo, prenant au passage la femme à Platoche pour la Yoko Ono de la FFF. L'hebdo en question c'est Paris Match, et comme à son habitude Christian Lopez tacle les attaques adverses, foot féminin ou pas, mais perd le capitanat en punition. Foot-lose.

En Espagne, lors de la fameuse demi-finale contre l'Allemagne, Lopez rentré en cours de jeu a des fourmis dans les jambes avant la séance de tirs au but fatale aux Tricolores : « En fait, j'étais le septième tireur. Malheureusement, Bossis a raté et j'étais le suivant... ». Foot-lose bis. Christian règle son compte au Nantais. Pan, une bastos comme Lennon. L'équipe de France, c'est pas trop son truc en fait - d'autant qu'il est la doublure de Marius Trésor - même si lui considère avec philosophie « … qu'être remplaçant chez les Bleus est déjà un honneur, ce qui l'est peut-être moins au niveau de son club ». Or chez les Verts, Christian Lopez n'a pas pour habitude de cirer le banc et forme un tandem soudé avec le fougueux Piazza dont il vante à mots choisis, pas ouf le mec, les qualités de « joueur de valeur et de tempérament ». Gare au gorille ! L'apothéose des tauliers de la défense stéphanoise. Un ¼ de finale contre Kiev. Blokhine part seul au but, tricote devant Lopez revenu du diable vauvert qui intercepte, Piazza marquant sur la contre-attaque. La Légende est en marche. Les Verts atteignent la finale et défilent sur les Champs le lendemain en héros défaits. La suite est moins glorieuse et dépasse le domaine sportif. Le 1er avril 1982 éclate l'affaire de la caisse noire. Une mauvaise blague pour ce passionné de bagnoles qui écope de 15 mois de prison avec sursis.

Christian Lopez fait le modèle pour du travail temporaire.

Le vert est dans le fruit et Christian part en cavale à Toulouse pour trois saisons (1982-85). Foot-lose ter. La bonne planque pour se faire oublier de tous, et de Michel Hidalgo en particulier qui ne l'appelle plus chez les Bleus. Au TFC, Christian Lopez côtoie des entraîneurs comme Pierre Cahuzac, sorte d'esthète aztèque qui ne siffle pas que de la Quezac, et Daniel Jeandupeux, c'est-à-dire pas grand-chose en somme. Du coup, le libéro moustachu est en sommeil et fait du gras. Traduction: le Téfécé navigue dans le ventre mou du championnat. Pour Lopez, Toulouse c'est pas le Pérou et encore moins Nougayork. Les violets à la rue, Christian finit fatalement par faire les poubelles du côté de Montpellier-La-Paillade en D2, chez Loulou Nicollin qui l'embauche pour une saison (1985-86). Sa dernière au haut niveau. Lopez songe alors à l'avenir et sa reconversion. Passionné de vitesse et de sport automobile, grand pote d'Alain Prost et Dany Snobeck, Christian se voit bien mettre les mains dans le cambouis mais pas du tout : « J'ai bien sûr une petite participation dans un garage mais je ne pense pas finir dans la mécanique ». En fait son truc, c'est les fringues, la mode, la haute couture : « Je compte plutôt ouvrir un magasin de vêtement de week-end avec mon épouse. J'ai d'ailleurs failli me lancer dans le négoce mais finalement j'ai préféré reporter ma décision ». Christian pige au final de temps en temps comme consultant pour une chaîne cablée, entraîne quelques équipes amateurs (Cugnaux, Le Cannet-Rocheville...) et roule en Twingo électrique, employé par la Mairie du Cannet au service des sports. La course automobile, c'est quand même son truc.




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