BIO EXPRESS DEGRADABLE. Christian Synaeghel.


Le Patrick Dils du football, victime d'une injustice causée par une apparence fragile, le petit duvet au-dessus des lèvres, et son rôle de joueur de devoir sur le pré. Christian Synaeghel est un anonyme. Le travailleur de l'ombre qui illumine un match par force d'opiniâtreté et son sens de l'efficacité. Un style de jeu qui révèle ses origines modestes, à chercher dans le Nord de la France du côté de Leffrinckoucke en stock, sa ville natale. Une vie de prolo banale - papa et les frangins bossent à l'usine - dont il assure l'héritage, un CAP mécanique en poche, avant d'être repéré par Pierre Garonnaire. D'un bassin minier à l'autre, il n'y a qu'un petit pont que Synaeghel franchit d'un pas en intégrant le centre de formation de l'ASSE à 17 ans. Baptisé le Ch'ti par les copains Santini, Lopez, Merchadier, Sarramagna,... Christian remporte la Gambardella (1970) à peine arrivé et taquine le cuir en équipe première la même année. Un ouvrier spécialisé en quelque sorte, qui obtient la médaille du travail à l'heure où les Verts réveillent une France du foot bien endormie. Trois titres de champion (1974, 75 et 76), deux coupes de France (1974 et 75), Synaeghel aime le boulot bien terminé et obtient, en récompense de ses efforts, le droit de porter la belle blouse bleue frappée du coq (5 sélections entre 1974 et 77). Le Ch'ti est en pleine lumière mais retombe vite dans l'oubli et la routine du commun des mortels. L'ASSE multiplie les exploits sur la scène européenne, Synaeghel à la machine, et atteint la finale de la C1 en 1976 après plusieurs exploits. Le top. Sauf que le Ch'ti n'en sera pas. Arrêt de travail forcé la semaine précédant la rencontre, à cause d'un match houleux à Nîmes où il sort blessé. Le mauvais coup de grisou pour Synaeghel qui participe à la fin de l'épopée un soir de mars 77 à Anfield Road. King Keegan est le boss et le Ch'ti retourne alors au charbon, parmi les gueules noires du bassin minier lorrain, quand il signe à Metz (1978-82). Une fin de carrière qui le ramène à ses racines qui ne l'ont jamais bien quitté tout au long de sa carrière. Un juste trop modeste qui ne rechigne pas à la tâche et pète un plomb à l'heure de la retraite. Christian prend en main la gestion d'une bijouterie et passe au bling-bling. Et pourtant, c'est la Gauche qui est au pouvoir.




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