Déjà auteur de « Tous Canaris » (chez Homard Éditions), Stéphane Piriou qui se décrit comme « un supporter de Nantes depuis toujours » poursuit son travail d'historien du club en sortant « Saupin mon Amour », une ode au mythique stade du F.C.N. L'enceinte, sise quai Malakoff, indissociable du patrimoine footballistique nantais, évoque les grandes heures des jaune et vert des années 60 jusqu'au mitan des 80's. De grands moments remémorés par Stéphane et toute une armada d'auteurs nostalgiques d'un stade au passé flamboyant, bercée par le jeu à la nantaise et les odeurs de saucisses-frites. Entretien en passes directes avec l'auteur.
Peux-tu te présenter ?
Je suis un responsable de projet passionné par ma vie et le F.C Nantes. Un fun comme un autre, tout en étant soucieux d’apporter une vision sympathique et différente du football nantais.
Ton rapport au F.C Nantes remonte à quand ?
Il remonte à très longtemps. Mon père et mon grand-père étaient abonnés au stade Marcel Saupin. Ils m’ont transmis leur passion à travers les images à la télévision, Téléfoot essentiellement, et les quelques matchs que je venais voir dans cette ambiance incroyable de Saupin. Tu as 10 ans, tu connais tous les joueurs, tu fais les matchs. Et à l’école tu fais ton album Panini et attends la récréation pour jouer au foot, marquer des buts comme tes idoles avec la même ferveur.
La première fois que tu as mis les pieds à Saupin ?
Je me rappelle être allé voir un match entre Nantes et Bordeaux en fin de saison 1982. Un match très particulier, puisque Alain Giresse a joué goal volant. Nantes a marqué un but à la première minute et le score final fut 6-0.
Le nombre de rencontres auxquelles tu as assisté ?
Pas uniquement quelques-unes... Je me rappelle avoir vu un match contre Saint-Étienne avec Platini et une victoire du F.C Nantes. À l’époque, c’était le match à ne pas rater.
Les meilleurs moments vécus dans ce stade ?
Quand tu as 10 ans, tout impressionne, tout est grand et tu es excité depuis le départ de chez toi. La route pour venir au stade, prendre la passerelle pour accéder au stade et sentir l’émotion et l’excitation d’avant-match. Tu rentres dans le stade et là tu vois directement le terrain. L'ambiance monte tranquillement et les joueurs arrivent par la droite, en courant côte à côte, jusqu’au milieu du terrain pour le public. Le football à l’époque faisait le spectacle et le public était exigeant et connaisseur. À la mi-temps, certaines fois, des ballons étaient envoyés dans les tribunes, c’était un peu la fête pour les enfants. Je me rappelle bien qu’à la fin du match, voir un peu avant, mon père me disait qu'il fallait partir afin d’éviter les embouteillages. Alors on écoutait la fin du match à la radio dans la voiture.
Les pires ?
Je n’ai pas de pire moment dans ce cas, bien au contraire même. Aujourd’hui, ça reste un lieu ressources très agréable à fréquenter. Je n’ai pas eu la nostalgie de partir à la Beaujoire parce que la Beaujoire, à l'époque, était un stade tout neuf. Et grâce à ce fameux France-Belgique (Euro 84, 5-0 pour les Bleus), le baptême du nouveau stade était fait.
Quels liens entretiennent les Nantais aujourd'hui, ou supporters des Canaris, avec ce stade ?
Toutes les personnes que nous avons pu interroger parle bien évidemment de leur nostalgie. Certains, par exemple, montaient sur les pylônes pour voir les matchs, d’autres enfants accédaient dans l'enceinte avec des adultes parce que la place était gratuite dans ce cas. C’était vraiment la sortie du samedi soir à Nantes. Certains n’ont pas franchi le pas et sont restés fidèles à ce stade, au point de ne pas vouloir aller à la Beaujoire. Mais que dire de ces années 70-80 incroyables ? La question était : combien on allait gagner, puisqu’on perdait jamais avec ce record incroyable d’invincibilité de quatre ans et demi. Nantes avec Saint-Étienne étaient les meilleurs équipes de France et ont régné sur le championnat. Aujourd’hui le stade renaît de ses cendres à travers le football féminin, c’est leur enceinte aujourd’hui. Moi j’y retourne avec plaisir grâce à l'excellent travail de la section féminine. On retrouve une ambiance différente mais avec les mêmes joies.
En quoi l'ambiance à Saupin était-elle si particulière selon toi ?
La particularité de ce stade : à l'époque, on était réellement proche du public et proche du terrain. On voyait tout. On sentait les odeurs, même les joueurs sentaient l'odeur des saucisses sur le terrain. Il y avait une tribune découverte. Les jours de pluie, c’était pas facile mais la connexion entre les joueurs et public était réelle et sincère. Certains diraient que c’était un vrai stade à l’anglaise.
Pour moi, Saupin, c'est les duels contre l'ASSE, le clasico des années 70-80, quelle était l'atmosphère dans les tribunes pendant ces rencontres ?
C’était le match très souvent gagné à domicile et à Saint-Étienne, l’inverse se produisait. Dans le livre, on parle souvent en effet de ces fameux matchs contre Saint-Étienne, comme un premier point commun. Surtout cette défaite lors d’un retour d’une demi-finale de coupe de France (1977), une des premières remontada de l’histoire (3-0 pour Nantes à l'aller à Saupin, 5-1 pour l'ASSE au retour à Geoffroy-Guichard).
Comment as-tu vécu la transition avec la Beaujoire ?
Comme je l’ai dit précédemment, Nantes possède à l’époque le plus beau stade de France. La Beaujoire était neuve, avec un match inaugural entre Nantes et la Roumanie plutôt mal organisé d'ailleurs. Ensuite il y a eu l’Euro 84. Et ce fameux France-Belgique avec le triplé de Michel Platini et le grand Max sur le terrain. Un passage vers le premier titre international de l’équipe de France de football, qui sera suivi par la première médaille d'or olympique à Los Angeles avec l’équipe entraînée par Henri Michel, et dans laquelle jouaient José Touré et William Ayache.
L'ADN du F.C.N, le beau jeu à la Nantaise distillé par José Arribas, Jean Vincent ou Coco Suaudeau n'a t'il pas disparu avec la fin de Marcel Saupin quelque part ?
Non, je ne pense pas. Le football évolue, la tactique évolue. Mais pour autant, on aime se délecter de voir des passes et encore des passes et puis un but qui nous rappelle les grandes heures de ce jeu à la nantaise, du jeu sans ballon...
La figure du F.C.N qui incarne le mieux le stade Marcel Saupin ?
Si je dois en choisir un, ce serait en Henri Michel . Il est unanime. Autant auprès des joueurs que des supporters. Mais pour moi, c'est avant tout l’équipe avec des grands joueurs, des joueurs un peu moins bons, mais qui participaient au succès et à la notoriété du football nantais. C’est l’équipe avant tout, le beau jeu pour de beaux résultats.
Que reste-t-il finalement de Saupin, notamment chez la jeune génération, à l'heure où le F.C.N fête les 40 ans de la Beaujoire ?
Je pense que malheureusement il ne reste pas grand chose, mais c’est normal. La nouvelle génération est plus attirée par celle de 98. Parler des années 60-70-80, c’est forcément compliqué de se rappeler. Je pense sincèrement que c’est l’équipe qui nous donne l’opportunité de nous rappeler les grands moments du football nantais. La rénovation du stade est magnifique. Je pense qu'une exposition dans les couloirs des vestiaires me semblerait utile, afin de rappeler les grandes heures du football local.
As-tu quelques anecdotes non évoquées dans ton livre vécues à Saupin ?
Oui, je me rappelle avoir vu des Jérémy Toulalan et Valentin Rongier jouer avec la réserve. De voir Sergio Conceição venir encourager les jeunes qui jouaient. Des souvenirs de bagarre dans les virages en plein match ! Cela faisait partie du folklore. Mais surtout l’hymne « Allez les Canaris, les rois de la prairie » chanté à tue-tête dans le stade.
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