MATCH REPLAY. Le jour où... Alberto César Tarantini pose un lapin au Barça.


C'est l'occasion en or du mercato d'été 78 pour les recruteurs. Jeune (22 ans), beau et récent champion du Monde avec l'Argentine, le défenseur latéral Alberto César Tarantini attise les convoitises des grands clubs européens, à l'affût de la perle rare, d'autant que le bellâtre a terminé son contrat avec Boca Juniors à la fin de l'année 1977 en claquant la porte. Titulaire au sein de l'Albiceleste campeón del Mundo sans jouer depuis six mois. Chapeau l'artiste libre comme l'air et un certain Max décrit par Hervé Cristiani.

Plusieurs formations sont sur le coup en Espagne. Le Real Zaragoza, le Real Madrid et le FC Barcelone. Aux States, New-York Cosmos lui fait aussi de l'oeil. Avec Saragosse, l'Argentin surnommé « El Conejo » est sur le point de signer un contrat de trois ans. Mais le président Armando Sisqués veut le payer en partie en espèces et l'autre en bien immobiliers. Refus de Tarantini qui rompt immédiatement des négociations fleurant le vice et l'embrouille. La « Maison Blanche » madrilène est intéressée par le profil du défenseur. Son latéral gauche vedette José Antonio Camacho est blessé pour une longue période mais le président merengue Luis de Carlos tergiverse un peu trop. Alberto Tarantini file alors à Barcelone en compagnie de sa belle, l'actrice et top-model « Pata » Villanueva (María del Carmen Raquel Villanueva Goyanarte à l'état civil) dans l'espoir de signer un contrat juteux avec le club catalan. L'affaire semble conclue au début du mois d'août, et la nouvelle recrue présentée à la presse dans la foulée au Camp Nou. Mais rien n'est officiel à cet instant.

Et c'est là que le scénario prend une tournure digne des telenovelas aux multiples rebondissements. L'acteur principal de la série « El caso Tarantini » s'explique sur le sujet :

« Au moment où [le Barça] m'a acheté, il y a eu une grève des footballeurs [espagnols] et la fédération a réduit le nombre d'étrangers par équipe, en passant de trois à deux ».

Or à Barcelone, il y a déjà le Néerlandais Johan Neeskens et l'Autrichien Hans Krankl dans l'effectif. Le président nouvellement élu ( en mai 78) Josep Lluís Núñez et son board tentent alors un coup de poker pour obtenir la signature du lapin agile. Si Tarantini veut porter le maillot des « Blaugranes », il doit se marier à une Espagnole ou assimilée afin d'obtenir de fait sa naturalisation et des papiers en règle. On lui donne une échéance. Fin août, tout doit être officialisé. Alberto est scandalisé :

« Là, ils m'ont dit : si tu épouses une Espagnole, tu peux jouer avec nous. Je devais me marier et pouvais divorcer dans les 48 heures. Ils m'ont même présenter à la femme, mais c'était un gâchis impossible, j'étais en couple avec Pata. Ils m'ont dit : signez et oubliez ! ».


Don Balón n°148 (8-14 août 1978).

La femme en question se nomme María Eugenia, un mannequin paraguayen d'origine espagnole de 26 ans, et est donc l'objet de ce mariage blanc comme un merengue. Tarantini ne veut rien savoir et part fin août à New-York jouer un match de gala opposant le Cosmos à une sélection mondiale coachée par César Luis Menotti. Le sélectionneur argentin joue un rôle prépondérant dans l'histoire et influe quelque peu dans la décision finale de son joueur au sujet de l'affaire. « Un joueur de ton standing ne doit pas recourir à de telles pratiques » s'insurge Menotti à l'endroit de son protégé.

De retour à Barcelone, Alberto Tarantini indique au board catalan qu'il ne veut pas entendre parler d'un mariage arrangé. Sans visa pour évoluer dès lors en Liga, « El Conejo » se tourne vers ses coéquipiers en sélection Osvaldo Ardiles et Ricardo Villa qui lui vantent les mérites du championnat anglais. Sans trop savoir pourquoi, Alberto Tarantini opte pour Birmingham City, qui sera relégué à la fin de l'exercice 1978-79. Une saison galère avant son retour en Argentine. D'abord au Club Atlético Talleres pour une pige puis chez le rival du Boca Juniors, River Plate, en 1980. Pour d'autres histoires croustillantes lors des derbies à Buenos Aires.


Don Balón n°148 (8-14 août 1978).

Don Balón 149 (15-21 août 1978).

Don Balón n°150 (22-28 août 1978).

Don Balón n°155 (26 septembre-3 octobre 1978).

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