BIO EXPRESS DEGRADABLE. Gérard Farison (15/3/1944-8/9/2021).

Un working-class hero. C'est sûrement l'image qui restera de Gérard Farison. Infatigable travailleur sur le flanc gauche stéphanois, le natif de Terrenoire, un quartier ouvrier qui jouxte la ville noire, incarne au mieux les valeurs de l'ASSE : travail, humilité et opiniâtreté. « Tachan » est tout cela à la fois. Un ADN fabriqué par ses origines modestes et son premier métier de mécanicien gareur une fois le CAP en poche. L'usine forge l'état d'esprit du jeune apprenti qui s'évade les week-ends en jouant au football, histoire de pimenter son quotidien d'ouvrier. Repéré par les yeux avisés de dirigeants amateurs de l'ASSE, il intègre l'effectif stéphanois au début des années soixante en qualité de juniors seconde année. Gérard a 17 ans, l'âge de tous les possibles.

A force de travail et de patience, celui qui auparavant fabriquait les écussons du club derrière sa machine gravite les échelons. A l'arrache et au mérite. « Tachan », surnom donné par Salif Keita qui voit en Farison le sosie du chanteur Henri Tachan, signe son premier contrat de stagiaire à 23 ans. Plus vraiment l'âge du débutant. Après quelques apparitions éparses chez les pros à partir de la saison 1968-69, en remplacement des inamovibles Polny et Durkalic, et de nombreuses piges en CFA où il joue le taulier de la maison verte, Gérard Farison occupe un poste de titulaire lors de l'exercice 1970-71 au hasard des départs de Bosquier et Camérini. A vingt-sept ans, « Tachan » devient professionnel et entame surtout son bail longue durée de pilier de la défense stéphanoise. Une sorte de médaille du travail pour l'ancien ailier gauche passé arrière par hasard (« Un jour il manquait à l'ASSE un homme pour ce poste »), loué par Ivan Curkovic qui le considère comme « un garçon fort utile pour une équipe car on peut toujours compter sur lui ».

Je ne pensais jamais devenir professionnel et encore moins signer à Saint-Etienne. Je ne m'estimais pas assez fort pour jouer dans cette équipe... (Gérard Farison, mars 1974).

Les temps modernes avec Gérard Farison.

Gérard Farison rattrape alors le temps perdu et les titres auxquels il participe indirectement depuis les tribunes de Geoffroy-Guichard (les championnats 1967, 68, 69 et 70 et les coupes 1968 et 70). Depuis son arrivée chez les Verts, la seule coupe Gambardella (1962-63) figure sur son CV. Son nouveau statut en équipe première lui offre les honneurs des titres de champion de France 1974, 75 et 76 et des coupes 1974, 75 et 77. Une petite razzia pour ce personnage discret, passionné de ski et de vélo (notamment le tour de France). Pour ses services rendus à la nation verte, Michel Hidalgo lui octroie la cape internationale un soir du 24 avril 1976 contre la Pologne à Lens. La récompense ultime pour ce travailleur acharné qui manquera un mois plus tard la finale de Glasgow (12 mai 1976), théâtre de la finale aux poteaux carrés. La faute à une vilaine blessure contractée par la violence des joueurs nîmois rencontrés quelques jours plus tôt pour un match en retard du championnat. Son ami Christian Synaeghel subit un sort identique. Peut-être la seule entorse, involontaire, d'une carrière bâtie sur la fidélité à un club et sa région.

A partir de 68-69 j'ai joué avec les pros une dizaine de matches, mais ce n'est qu'à partir de 70-71 que je suis devenu titulaire à part entière. Manque de chance, c'est la saison où Saint-Etienne dut s'incliner pour le titre devant l'OM. (Gérard Farison, mars 1974).

Gérard Farison contre Lens en coupe de France (1975).

Quel dommage qu'il soit venu si tard au football et qu'on ne lui ait pas fait confiance plus tôt, car c'est du solide et du régulier ce Gérard Farison.(Roger Rocher, Football Magazine, mars 1974). 

A l'issue de la saison 1979-80 et sans faire de bruit, « Tachan » arrête. A 36 ans, l'homme est un peu usé et part à Fréjus en DHR. En parallèle, il devient éducateur sportif et occupe son poste jusqu'en 2002. Atteint de la maladie d'Alzheimer depuis trois ans, Gérard Farison s'est éteint ce mercredi 8 septembre à l'âge de 77 ans. La fin d'un homme bon et vrai travailleur de gauche.


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2 Commentaires

  1. Magnifique témoignage sur ce joueur discret mais indispensable à la maison Verte . D'une telle humilité qu'il renonce à l'équipe de France à l'aube de la saison 1976/1977 alors que Michel Hidalgo l'avait rappelé pour le match amical au Danemark pour se consacrer à son club . Merci Tachan pour toutes ces belles années vertes et merci à toi Steph pour ce bel hommage .

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