A l'été 1982, Paris
Saint Germain tout juste auréolé de son premier titre national –
la coupe de France aux dépens de Saint-Etienne – prépare la
nouvelle saison dans l'excitation de découvrir (enfin) la coupe
d'Europe. Pour ne pas sembler ridicule au milieu du gotha européen,
Farncis Borelli a décidé de taper fort en matière de recrutement,
motivé de surcroît par la perte d'Ivica Surjak parti exercer ses
talents à Udine. L'international néerlandais Kees Kist arrive dans
la Capitale en provenance d'Alkmaar (AZ '67). Pas assez pour le
président parisien à qui il faut un nom ronflant pour son club.
Le 3 juillet, il s'envole
pour Barcelone où réside la sélection argentine pendant le Mundial
espagnol et y rencontre Oswaldo Ardiles. L'objectif est clair.
Borelli est déterminé à enrôler le milieu de « l'Albiceleste » et
Tottenham qui, à l'époque, vît une situation plutôt délicate
dans son pays d'adoption. Pas tant sur le plan sportif, « Ossie »
est plutôt le chouchou de White Hart Lane depuis son arrivée à
Londres au lendemain de la coupe du Monde en Argentine (1978). C'est
au niveau des relations internationales entre son pays de naissance
et l'Angleterre que le sort d'Ardiles est fatalement lié. En avril
1982 en effet, l'Argentine du « président »
Galtieri – un proche du général-dictateur Videla – déclare la
« Guerre des Malouines » - archipel sous hégémonie
britannique – dans l'espoir de détourner la colère de son peuple à
l'égard de la situation politique et économique du pays. Pris en
otage par ce contexte, Ardiles subit les foudres du public anglais à
chacun des déplacements des « Spurs ». Pour les
Argentins, il est juste un traître qui évolue dans un pays de
salopards ! Tiraillé malgré lui par le contexte géopolitique
de l'époque, Osvaldo Ardiles est par conséquent contraint de
trouver refuge ailleurs qu'en Grande-Bretagne.
Alerté par la situation
de l'Argentin, Francis Borelli saute sur l'occasion pour entamer des
négociations. Il n'est pas seul puisque Vérone est également
intéressé par le profil du champion du Monde 78. Après d'âpres
hostilités inhérentes aux discussions salariales, le président
Borelli convainc Ardiles sur la base d'un prêt d'une année assorti
d'une option d'achat à l'issue de la saison à venir. Borelli tient
sa star et P.S.G de pouvoir conquérir l'Europe grâce à « Ossie ». Or,
très vite l'Argentin semble emprunté au cours de ses premières
apparitions sous le maillot parisien. Est-ce la mort de son cousin
José durant le conflit anglo-argentin qui empêche la nouvelle recrue parisienne de
s'exprimer pleinement sur le pré ? Toujours est-il que l'ancien
« spur » ne peut mettre un pied devant l'autre à
Paris. Son esprit est ailleurs et le corps fatigué. Georges
Peyroche, l'entraîneur du P.S.G à l'époque, a l'impression de voir
débouler « un type de cinquante ans » la
semaine au Camp des Loges. Et arrive la sale blessure au mauvais
moment début octobre. Après avoir marqué son premier but sous ses
nouvelles couleurs face à Strasbourg (12ème journée), il se
claque dix minutes après. En rééducation chez lui, « Ossie » broie du noir et
songe à un retour à Londres. L'arrivée de Safet Susic dans la
Capitale mi-décembre est une aubaine pour l'international argentin.
Osvaldo Ardiles quitte Paris sur la pointe des crampons et retourne chez les
« Spurs » cent-soixante-neuf jours, et dix-sept
matchs au total, après son arrivée au P.S.G. Il remporte la coupe
UEFA avec Tottenham en 84. Sa manière de fermer une parenthèse
parisienne sans goût ni saveur.
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