Lucien Favre avec Domergue et Jeandupeux. |
Quand il arrive à l'été
1983 sur les bords de la Garonne depuis Genève, personne à Toulouse
n'a entendu parler de Lucien Favre. Hormis les initiés.
L'international suisse de vingt-cinq ans, pourtant élu meilleur
joueur du championnat helvète, est un parfait inconnu à côté des
Laurent Roussey (ASSE), Philippe Bergeroo (LOSC) et Jean-François
Domergue (OL) qui viennent de poser leurs valises à Toulouse tout
comme lui. L'idée vient du nouvel entraîneur... suisse du Téfécé
Daniel Jeandupeux. Contrairement à son compatriote, celui qui
coachait le F.C Zürich jusqu'à présent – il remplace au pied
levé Pierre Cahuzac parti à l'OM – jouit d'une petite cote de
popularité en France. Il a évolué chez les Girondins de Bordeaux
au mitan des années soixante-dix (1975-79). Pour Jeandupeux,
l'ancien joueur du servette est « capable de fluidifier
le jeu avec sa superbe qualité de passe ». Comme le
Téfécé affiche de grandes ambitions cette saison et vise une place
européenne, ça tombe plutôt bien de pouvoir compter sur un bon
meneur de jeu estime l'entraîneur helvète.
Sans faire de bruit, le
milieu offensif gagne très vite sa place et la confiance de ses
partenaires auprès desquels il se sent bien et parfaitement intégré.
A l'aise dans ses crampons, Lucien Favre manifeste sa joie de jouer
et organise le jeu sur le pré, ET endosse parfois même le rôle du
patron de l'équipe. Le Suisse veut tout faire. « {J'ai
dû me] battre parfois avec lui pour tirer les coups-francs »
se rappelle d'ailleurs Domergue, pas trop maladroit dans la
discipline. Omniprésent, touche-à-tout, Favre est élément
indispensable d'une équipe toulousaine qui se mêle à la lutte pour
l'Europe pendant toute la saison. Auteur d'une saison pleine (35
matchs), Lucien Favre participe activement à l'excellente
performance de son club en championnat, en trouvant le chemin des
filets à sept reprises en plus d'apporter sa qualité technique sur
le terrain. Pour Jeandupeux, son protégé – son « chouchou »
comme disent parfois ses joueurs - est le parfait « relais
pour faire passer [son] message ». Sur et dehors du
pré. Lucien Favre est également apprécié pour ses qualités
humaines et relationnelles. Un mec plutôt discret « qu'on
aime bien chambrer à cause de accent suisse » pour
Christian Lopez.
« J'arrivais de Saint-Étienne mais, finalement, passer de Platini à Favre ne m'a pas fait un choc. Lulu était moins dans l'exploit que Michel mais avait plus de volume ».
(Laurernt Roussey)
Le Toulouse Football Club
obtient finalement une belle cinquième place au classement à
l'issue de la campagne 83-84. Un excellent résultat pour une équipe
promue la saison passée, lmais malheureusement pas récompensé par
un visa pour l'Europe. Les « Violets » échouent à
deux petits points du PSG (45 contre 47). Le public du Stadium attend
avec impatience la prochaine campagne et compte sur le Suisse, à qui
il reste un an de contrat, pour mener le Téfécé vers le sommet.
Or, une clause soi-disant non respectée dans son contrat portant sur
deux années renvoie illico Lucien Favre au Servette. Par la petite
porte, comme il était arrivé douze mois auparavant.
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