FAN PICS. Le R.C Lens dans la peau.


A Lens au milieu des années 70, comme à Saint-Etienne, supporter son club est avant tout une affirmation de soi et de sa région. Une région marquée par la dureté de la vie et un quotidien rythmé par le travail au fond de la mine. Du travail qui se fait d'ailleurs de plus en plus rare dans le coin, et le dernier lien existant qui rattache le pays minier à sa population est le stade Bollaert : lieu de fête et de cérémonies populaires où le club sang-et-or est le chef d'orchestre.

Désigné officiellement meilleur public de France par la Ligue Nationale de Football en 1976, les supporters lensois marchent la tête haute. Grâce à ce trophée, ils retrouvent, outre leur fierté, une certaine reconnaissance nationale : celle de leur chaleureuse fidélité au R.C.L. Un amour qui dépasse parfois les bornes de la ferveur et se transforme en foi quasi religieuse. A la vie, à la mort le cœur bat sang-et-or pour les habitants du pays noir qui déboulent des quatre coins de la région pour fêter en communion ce titre honorifique à Bollaert, lors d'une grand-messe organisée avec chants, drapeaux déployés et tour d'honneur pour l'occasion. Le Racing Club de Lens, c'est de la chaleur dans et autour du club. Un feu sacré qui concentre la population locale depuis la création de l'institution R.C.L (en 1906) et du « Supporters club », un groupe crée en 1926 autour d'une dizaine de personnes à l'époque.


C'est après la seconde Guerre Mondiale que l'association se développe, en parallèle à l'essor du Racing, et prend une réelle ampleur. En 1976, celle-ci regroupe environ 15.000 adhérents éparpillés en plusieurs sections. D'abord réparties autour de la ville et ses alentours, d'autres sections naissent dans les régions voisines comme dans les départements du Nord et de la Somme. On en dénombre cent-trente dont une en Île-de-France, à La Queue-en-Brie en Seine-et-Marne (77). Pour 6 malheureux petits francs de l'époque par an l'adhésion, on devient supporter du Racing mais pas à n'importe quel prix non plus. C'est d'abord un acte fort, un acte de volontariat comme le souligne le président de l'association Jean-Marc Leclercq dans les colonnes de Football Magazine en juillet 1977. « Nous ne voulons pas que l'entrée au club des supporters soit motivée par la recherche de certaines facilités, explique avec fermeté la tête pensante de l'asso. Par contre, les supporters participent à l'animation du club, au niveau du centre ou des sections. Car nous recherchons une certaine décentralisation dans les activités ».


Dans animation, il faut ainsi comprendre, selon les mots du président, l'organisation des déplacements, des activités diverses (bals, kermesses, matches de foot entre sections, contacts avec les joueurs et dirigeants du Racing...). En résumé, participer et innover pour amener de l'argent dans la caisse et faire vivre l'association qui fonctionne de manière automne et sans subvention de la part du club. En échange, le « Supporters club » est chargé de la vente des gadgets du R.C.L. Un bon procédé qui permet notamment l'exclusivité d'utilisation du sigle et des couleurs du Racing par l'association. Cette dernière, pour conclure, soutient également financièrement le club (à l'heure où les droits T.V sont quasi inexistants) en plus de donner de la voix dans les travées. « Chaque année, [elle] offre au Racing des centaines d'équipements pour ses équipes, précise le président Leclercq. [Elle] a aussi participé activement à l'équipement du centre de formation des jeunes du Racing et offert 5.000 francs (environ 760€) pour monter une bibliothèque dans leur foyer ». Sans oublier ce don qu'elle vient d'offrir au Racing, un chèque de 100.000 francs (15.000€). Une somme rondelette qui prouve, pour ceux qui en doutaient encore, la foi et l'attachement que les supporters sang-et-or éprouvent pour leur équipe. Leur fierté dans la vie. Car comme on dit dans le coin, quand un supporter lensois clame « Allez Lens », c'est son cœur qui chante !


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