Le derby est une affaire d'hommes, chaud dans les tribunes (souvent) et sur le pré (souvent aussi). C'est le cas ce dimanche 23 janvier 1978 même si, à l'époque, les Verts cherchent un second souffle après leur épopée européenne et que Lyon est à l'agonie. En cause, la prestation dégueulasse - selon les Lyonnais - de l'arbitre Mr Konrath qui pourrit les ambitions de l'OL à Geoffroy-Guichard.
« Ce n'est pas une défaite injuste de l'OL, s'enflamme Jean Gallice dans la presse après la rencontre. C'est une victoire volée de l'ASSE avec Mr Konrath pour complice. » L'ancien bordelais accuse l'homme en noir de complaisance à l'endroit de Sainté. Pour lui, c'est le coupable de la défaite des siens dans le Chaudron qui sonne creux en ce froid dimanche d'hiver (à peine 18.000 spectateurs). Sur une pelouse gelée, l'attaquant lyonnais envoie une cacahuète sur la barre transversale qui rebondit derrière la ligne. « Le ballon était à deux mètres derrière la ligne » hurle Gallice au micro. Mais Curkovic, rusé, s'empresse de dégager immédiatement la balle et Mr Konrath ne valide pas le but. Côté OL, « tout le monde était fou, enrage le cocu de l'affaire. José Broissart est allé secouer l'arbitre de touche. Sans succès. Il a même été suspendu pour ce geste. » C'en est trop pour des Lyonnais pas vernis dans cette rencontre, notamment Bernard Lacombe. Le buteur international rate tout. Un péno et une occasion en or sur un caviar de Chiesa. La faute à une motte de terre. Et les Lyonnais d'accuser aussi la pelouse de Geoffroy-Guichard ! Pendant ce temps-là, Rocheteau ouvre la marque en début de seconde période (51ème). Presque une anecdote au vu des malheurs de l'OL. Un match qui résume parfaitement la saison des hommes d'Aimé Jacquet. « L'an dernier, on jouait mal et on gagnait, insiste l'entraîneur vaincu. Cette saison, c'est tout le contraire : on joue dix fois mieux, mais on perd ! » A cause de l'arbitre... et de Curko. « Avec Curkovic dans nos buts, nous aurions aujourd'hui huit points de plus » tempête Lacombe qui envoie un missile à son gardien De Rocco.
Le goal stéphanois reste humble sur sa prestation, et en profite pour jeter une pierre dans le jardin de Georges Konrath. « C'est l'un des grands mystères des derbies, commente l'homme du match. Je me souviens d'une frappe terrible. Le ballon touche la transversale et franchit la ligne. L'arbitre ne pouvait rien voir car il était loin et masqué. En revanche, son assistant aurait dû valider le but. J'ai profité de ce moment de flottement pour reprendre le ballon et le dégager instantanément. Ce n'était pas mon problème de savoir si le but était valide ou non. J'ai donc fait comme si de rien n'était. » Curkovic enfonce le couteau dans la plaie et laisse un arbitre bien seul au monde au moment de justifier sa décision. Parole à la défense. « La frappe de Jean Gallice a touché la transversale avant de rebondir devant ou derrière la ligne. Difficile de le dire. Cela s'est passé tellement vite. J'ai jeté un coup d’œil vers mon assistant mais lui non plus n'a rien vu. J'ai donc décidé de ne pas accorder le but. » Un point c'est tout ! Heu, plutôt zéro en l'occurrence pour l'OL ce jour-là qui se sauve in extremis en fin de saison (17ème). Les Verts, bien pâles, ne seront même pas européens (7ème).
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