Depuis le 11 octobre, et jusqu'au 4 février 2018, le foot s'expose au Mucem. L'occasion pour le Vintage Football Club d'aller jeter un coup d'oeil aux quelques 300 oeuvres construites autour de plusieurs thématiques. En famille - entre mecs en fait - avec le neveu fan de l'OM et le frangin, pendant que les nanas font du shopping sur les Terrasses du Port. Un vrai instantané de beaufitude, soit, et alors ? Car des beaufs, le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée risque d'en voir débouler un paquet, comme le week-end à chaque rencontre, en devenant le terrain de jeu du sport le plus populaire au monde. Et en plus, ça vaut vraiment le détour !
Ceux qui, bourrés d'a priori sur le football, auraient eu l'idée farfelue d'aller visiter l'expo, peuvent d'ailleurs se lâcher dans le « sas anti-foot », sorte de vestiaire à insultes décoré de unes de Charlie Hebdo ou des dessins de Blachon, mais d'où rien ne sortira. Promis, juré ! Puis c'est la plongée dans l'arène, au cœur des gradins d'un stade de football reconstitué grâce à la scénographie du collectif d'artistes espagnol Democracia. Une mise en scène qui introduit la première partie de l'exposition - « Passion » - où l'on traite du rapport, parfois infime, entre football et religion, et dans un second temps avec du matos à l'appui, de la culture ultra.
Le thème « Engagement » met en valeur le lien si loin, si proche entre la politique et le football, ou comment le premier utilise l'autre, et inversement, avec pour cadre un stade miniature, propice aux débats et discussions entre les visiteurs. Des débats qui peuvent éventuellement se poursuivre ensuite avec le thème suivant - « Mercato » - qui retrace l'évolution du football. De l'amateurisme naïf à la professionnalisation mercantile. Dans une salle remplie d'affiches de cinéma et publicitaires, des gadgets parmi lesquels des 45 tours d'époque (Sacré Marius, Allez les Verts...), l'exposition pointe le côté merchandising véhiculé par le football. Lequel n'échappe pas, appât du gain oblige, aux nombreuses dérives et pratiques mafieuses. Un espace est ainsi réservé au côté obscur du foot, celui de la corruption et des intérêts financiers, où trône une oeuvre bien sentie, celle d'un Sepp Blatter derrière les barreaux.
La dernière partie - « Prolongations » - se termine sur une note positive, peut-être un peu idéaliste, d'un football pouvant aider à (re)construire un monde solidaire et citoyen, qui tournerait comme un ballon rond dans les filets d'une vie meilleure et juste. Et de rendre, dans une moindre mesure, le football aux footballeurs et à ses fans, car comme le dit Bielsa en conclusion de l'expo : « Dans le football, la seule chose irremplaçable, ce sont les supporters. »
Amateurs ou pas, « Nous sommes foot » est un vibrant hommage à un sport populaire dépassé au fil du temps par sa notoriété et les agissements de dirigeants peu scrupuleux. Une manière aussi de comprendre les contrastes saisissants d'une société tournée vers l'individualisme et le profit qui en laisse plus d'un sur le banc de touche. Et sinon, l'affaire OM/VA dans tout ça ? Rien, on est à Marseille, peuchère.
Exposition Nous Sommes Foot
Au Mucem jusqu’au 4 février 2018
Esplanade du J4, 7 promenade Robert Laffont
13002 Marseille
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