Diallo (Zaïre) et N'Doulou (Congo) avant la finale.
François M'Pelé peut être content de sa petite affaire. C'est lui qui, en effet, inscrit le victorieux en finale de la CAN 72, offrant ainsi le titre de champion d'Afrique des Nations au Congo, le seul trophée à ce jour des Diables Rouges. L'attaquant de l'A.C Ajaccio – il a débarqué en Corse en 1968 – devient une légende au pays grâce à ce triomphe au Cameroun, grand favori de la compétition, qui accueille le tournoi du 23 février au 5 mars. Yaoundé, au stade Omnisport, et Doula, avec son stade de la Réunification spécialement construit pour l'occasion, sont les villes choisies pour recevoir l'élite du foot africain.
Dans le groupe A, celui des Lions Indomptables, le Cameroun vire en tête au prix d'un parcours pas si aisé que prévu. Lors du match d'ouverture, les hommes entraînés par le coach allemand Peter Schnittger s'imposent difficilement contre le Kénya (2-1) malgré un break dans les vingt premières minutes. Quelques jours plus tard face au Togo, les Camerounais doivent se montrer patients avant de trouver l'ouverture à l'heure de jeu. Ils ne résistent pas à la malice du Mali, qui accroche des Lions perdus, la tête sans doute déjà en demi. Grâce à ce point, le troisième en trois matchs, les Aigles du Mali obtiennent leur billet pour le dernier carré. Pas mal pour un pays qui fait ses débuts dans la compétition.
Dans l'autre chapeau, le Zaïre, outsider légitime du tournoi, sort aux forceps. Après un nul pas terrible contre les tenants du titre – le Soudan (1-1) – et une victoire sur le Congo (2-0), les Léopards arrachent leur première place face au Maroc (1-1). Un score qui n'arrange pas les Lions de l'Atlas, à égalité de points avec une équipe du Congo invitée surprise du groupe. Un tirage au sort, favorable aux Diables Rouges, propulse ces derniers en demi-finale, à la grande détresse des supporters marocains bien blousés pour le coup.
Le 2 mars 1972, le stade Omnisport de Yaoundé est prêt à vibrer pour ses Lions opposés au Congo. Dans les tribunes, c'est la fête. Gâchée par le réalisme des joueurs congolais. Après une demi-heure de round d'observation, Noël Minga trompe la vigilance des Camerounais et inscrit l'unique but de la rencontre. Un rendez-vous manqué par des Camerounais, figés par l'enjeu et la pression du public, incapables de sortir du piège tendu par le sorcier congolais Adolphe Bibanzoulou. Le pays entier pleure l'élimination de son équipe et certains joueurs, comme le Valenciennois Joseph, empruntent la sortie de secours pour fuir la colère des supporters. De son côté, les kids du Congo continuent leur chemin, tranquilles et sans pression.
Le même jour à Doula, l'autre demi-finale oppose le Zaïre au Mali. Peut-être le plus beau match du tournoi. Novices dans l'art d'appréhender un tel événement, les Aigles déploient les ailes et s'imposent face aux Léopards (4-3). Un match enlevé et à rebondissements où les équipes, tour à tour, font la course en tête. Le Mali fait mieux que se défendre et obtient le but libérateur par Fantamady Keita, future recrue du Stade Rennais. Pour une première, les Maliens jouent dans la cour des grands.
Le 5 mars, le stade de Yaoundé est le théâtre de la huitième édition de la finale de la CAN. L'affiche est plutôt alléchante. Même si elles ne figuraient pas parmi les favorites, les deux équipes ont les meilleures attaques du tournoi. Tout pour l'offensive. Les Maliens, sans Salif Keita au départ – ce dernier, à court de compétition, a disparu du onze titulaire durant la phase des poules – dégainent les premiers juste avant la pause par Moussa Diakhité. Le repos est salvateur pour les Diables Rouges qui accélèrent à l'heure de jeu. En moins de dix minutes, M'Bono, auteur d'un doublé (57ème et 59ème), et François M'Pelé (63ème) placent leur équipe en meilleure posture. Le Congo maîtrise cette deuxième période et repousse les attaques des Aigles, qui parviennent à réduire le score à l'entrée du dernier quart d'heure grâce à Moussa Traoré (75ème). Un but pour l'honneur, cependant, car les Diables Rouges ferment la boutique jusqu'au coup de sifflet final. Dans la petite finale, le Cameroun dispose du Zaïre sans trop de résistance (5-2) et soigne son image auprès de son peuple qui n'a toujours pas avalé la pilule d'un non-match au tour précédent.
N'Doulou, capitaine comblé.
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