Une légende des Mauves et des Diables Rouges est partie, trop rapidement, trop discrètement, eu égard à une carrière exemplaire et un palmarès exceptionnel, bâti essentiellement avec le R.S.C.A, le grand Anderlecht des années 70. Avec les Ludo Coeck, Frankie Vercauteren, Arie Haan et Rob Rensenbrink, son alter-égo sur le pré, François Van der Eslt et le RSCA dominent le championnat de Belgique. Une décennie florissante du côté du Parc Astrid, peut-être la meilleure de son histoire.
C'est dans le café des parents, où il s'entraîne à shooter les bouteilles de sodas vides dans la cave à bières, que l'avenir de « Swat » se dessine. Il a quatorze ans quand il signe pour les Mauves, découvert par Hippolyte van den Bosch, grande figure du club. Nous sommes en 1969 et « Swatje » reste fidèle à la formation bruxelloise jusqu'en 1980, date à laquelle il part vivre l'aventure américaine en signant pour le Cosmos de New-York. Strass, paillettes et football rock-stars aux côtés des Neeskens, Chinaglia, Beckenbauer et consorts. Des étoiles planétaires pour un joueur discret, voir effacé, mais qui sait se faire respecter balle au pied. C'est peu dire.
Frans, doté d'une véritable efficacité offensive, se régale sur le pré. C'est d'ailleurs lui, et son compère de l'attaque Robbie Rensenbrink, qui offrent le premier titre européen des Mauves en 1976. Le duo magique inscrit un doublé, contre West Ham, lors de la finale de la coupe des vainqueurs de coupes au Heysel. La saison suivante, « Swat » s'adjuge le titre de meilleur réalisateur du championnat (21 buts). Un trophée de compensation, certes, après la défaite d'Anderlecht en finale de la C2 face à Hambourg (0-2). Les Mauves perdent leur titre mais le récupèrent illico en 1978, au Parc des Princes, en écrasant l'Austria de Vienne (4-0). C'est un nouveau trophée européen pour Frans qui en collectionne deux autres : la supercoupe de l'UEFA aux dépens du Bayern en 76 (1-2, 4-1) et Liverpool en 78 (3-1, 1-2). Il en profite d'ailleurs pour inscrire son nom sur les rapports officiels en scorant lors de ces doubles confrontations. Car s'il est enclin à un caractère réservé, Frans aime bien faire parler de lui. Sur le plan national, il s'adjuge ainsi deux championnat (1972 et 74) et trois coupes de Belgique (1973, 75 et 76). Un joli pactole agrémenté de 82 buts au total (248 rencontres) au cours des sept années qu'il passe à Anderlecht.
Pas vraiment une surprise donc de retrouver Van der Elst sous la vareuse des Diables Rouges, comme son frère cadet Léo, qu'il porte à quarante-quatre reprises, avec à la clé une finale de championnat d'Europe des Nations, perdue face à l'Allemagne de l'Ouest (1-2) en 1980, et une participation au Mundial 82, en Espagne, sous les ordres de Guy Thijs. « Swat » est un phénomène, qui s'exile aux States pour un an (1980-81) afin de professionnaliser (stariser) le foot made in USA . Il crèche sur la 5ème avenue avant de découvrir l'East End prolo de Londres quand il signe à West Ham (de 1981 à 83). Culture du paradoxe ou pas, il retourne ensuite en Belgique où il termine sa carrière à Lokeren (1983-86). Après ça, Frans se retire, sans tambour ni trompette, achète une salle de billard et connaît quelques pépins personnels : deux divorces onéreux et le suicide de son fils. Pas très royal sporting cette sale affaire. Grâce à l'amour de sa fille et son petit-fils, il reprend cependant goût à la vie qu'il vient de quitter ce 11 janvier à la suite d'un problème cardiaque. Il venait tout juste de fêter ses 62 ans en décembre dernier. La vie n'est pas si mauve que ça finalement.
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