Gilbert Gress a du flair lorsqu'il lance Rémy Vogel dans le grand bain au cours de la saison 1978-79. Pur produit du centre de formation du R.C Strasbourg érigé au mitan des 70's, le jeune alsacien débute en première division alors qu'il a à peine 18 ans. « C'est un joueur athlétique, doté d'un bon jeu de tête et d'un bon tacle, qui sera bientôt titulaire dans notre équipe » prédit d'ailleurs Schiless sur son petit protégé qu'il laisse patiemment mûrir. L'année du titre du Racing (1979), Rémy Vogel compte ainsi quelques titularisations (5) au sein de l'équipe championne de France, et figure donc dans les tablettes du club. Une ascension plutôt fulgurante pour ce joueur autant discret dans la vie que travailleur sur le pré.
Quelques années d'apprentissage auprès de Léonard Specht, le stoppeur attitré et figure du Racing, et plusieurs piges à tous les postes de la défense strasbourgeoise plus tard, Rémy Vogel vole de ses propres ailes après le départ de Specht pour Bordeaux (1982). Entre-temps, Gress a aussi quitté le navire alsacien, en conflit ouvert avec le président André Bord au lendemain du triomphe national (sept.1980). Commence la valse des entraîneurs au Racing avec Max Hild (1980-81) puis Roger Lemerre (1981-83) ou l'Allemand Jürgen Sundermann (1983-85) qui ne déstabilise pas pour autant la progression du défenseur-maison, intronisé nouvelle sentinelle et capitaine d'une équipe aux abois après la glorieuse épopée de 1979. Vogel tient la baraque comme il peut, mais le Racing ne digère pas son titre et s'enterre dans les luttes intestines et les profondeurs du classement jusqu'à la relégation en 1986. Fidèle parmi les fidèles, Rémy Vogel est rétrogradé à l'échelon inférieur et est même privé du brassard de capitaine à l'arrivée de Robert Herbin (1986-87). Le rouquin ne compte pas trop sur lui et Vogel accomplit une saison peu convaincante en D.II. Ce qui n'empêche pas les dirigeants monégasques de s'intéresser à cet oiseau rare.
En 1987, le roc Rémy Vogel débarque sur le Rocher pour former, à côté de Patrick Battiston, la charnière centrale de l'A.S.M. Sous les ordres d' Arsène Wenger qui l'a bien connu au Racing, Vogel entre dans une nouvelle dimension, plus en adéquation avec son statut. Il honore même sa seule et unique sélection en équipe de France lors du voyage des Bleus en URSS (9 sept. 1987, 1-1). Avec Hoddle et Hateley devant et une défense de fer, Monaco plane sur le championnat et enlève le titre en 1988. C'est le second trophée pour Rémy Vogel qui fait les beaux jours de Monaco jusqu'en 1990, l'année de son retrait du monde du football. Handicapé par un mal de dos récurrent, Rémy Vogel met fin à sa carrière presque dans l'anonymat. L'homme est plutôt timide et se méfie de la notoriété. C'est d'ailleurs presque dans la confidentialité que l'on apprend sa disparition le 17 octobre dernier, vaincu par la maladie à 55 ans, et ce pratiquement un an après la mort de son ancien coéquipier Dominique Dropsy. Triste sort pour cet oiseau de bon augure parti trop tôt pour son ultime voyage, loin des clameurs et des rapaces qui vampirisent le milieu du football.
Rémy Vogel champion de France avec Monaco (1988).
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