HOLIDAYS IN THE SUN. Girondins : live in Japan.


C'est la rançon de la gloire. Et le début des emmerdes pour les joueurs qui passent désormais la trêve du championnat aux quatre coins du monde, entre aéroports, visites officielles et rencontres sans enjeu à but essentiellement lucratif. Les Girondins de Bordeaux, champions de France 1983-84, étrennent ainsi leur titre national lors d'une tournée asiatique au cours de l'hiver 85, à 17.000 kilomètres du Haillan qui grelotte sous le froid d'une météo sibérienne dans l'Hexagone. Avec le sourire jaune et quelques grincements de dents. C'est le prix à payer pour satisfaire quelques contrats juteux, et développer l'identité girondine en Asie.

Les Girondins au Japon.

Pendant dix jours, en ce mois de janvier 85, les Bordelais vont devoir faire des risettes et quelques rencontres amicales à Hong-Kong et au Japon. Un voyage presque forcé pour alimenter le compte en banque du club cher au président Bez. Les Girondins reçoivent en effet 900.000 F en échange de leur visite et la perspective de nouveaux contrats. Cela vaut bien un petit effort et quelques heures de vol, mais aussi une bonne maîtrise de la langue de bois. « Il est toujours bon de découvrir d'autres mondes, d'autres footballeurs, clame ainsi Aimé Jacquet, sans y croire, au moment du départ. La progression est à ce prix. » Mémé applique la méthode Coué alors que ses joueurs font la gueule. Claude Bez, de son côté, fanfaronne sur le tarmac. « Nous nous préparons dans des pays civilisés, lance t-il à la presse, la moustache glacée. Nous aurions belle mine si nous étions restés à la maison avec des  terrains verglacés. » L'appel du tiroir-caisse fait dire n'importe quoi au président bordelais qui n'en est pas à une près. D'autant que le programme des Girondins est plutôt chargé.

Giresse et Thouvenel sont nippons ni mauvais à Tokyo.

Après un premier match à Hong-Kong, le 10 janvier, au stade du Gouvernement contre une sélection locale (2-2), les Bordelais, harassés par le voyage, surfent de rendez-vous en conférences de presse. Rebelote au Japon quelques jours plus tard, où les journalistes nippons fourmillent. « Seul Yves Montand attira autant de monde » s'exclame une journaliste française installée à Tokyo. Des Girondins comme des stars de ciné au planning démentiel : footing improvisé autour de la Tour de Tokyo, 1h30 de trajet en bus pour un centre d'entraînement au lendemain de la victoire girondine sur la sélection japonaise (2-1) et animation d'une école de football locale dans la foulée du décrassage. Plus de deux cent gosses à apprendre les rudiments du plat du pied. Sans oublier les levers aux aurores pour des séances photos, les demandes d'interviews et les séances de dédicaces. Et Mémé qui en rajoute une couche, imposant à ses troupes un petit'déj' collectif à 8h30 un jour libre. « En leur demandant de se lever très tôt, je sais que je les emmerde, se justifie l'ancien stéphanois, mais c'est ainsi, ensemble, que se forge la force d'un groupe. » Sinon, vous allez perdre les gars ! Puis de la jouer à la coule, en bon éducateur, au retour d'un périple instructif. « Deux fois au cours de cette tournée, ils purent sortir le soir. Personne, que je sache, n'a vérifié leur horaire de retour. » Pas besoin, cependant, les joueurs roupillaient comme des bébés avec ce rythme de vie à la Japonaise. Comme ils dormaient le soir de leur dernière rencontre, toujours contre le Japon. Les Girondins encaissent trois buts sans en rendre un. Le sens de l'hospitalité au pays du Soleil-Levant.

Made in Japan (Giresse, Tigana et Specht).

Au Japon, Nanard a des groupies.

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