BIO EXPRESS DEGRADABLE. Pierre Pleimelding (1952-2013).


C'était il y a maintenant presque deux ans, à l'heure où la planète fêtait le travail dans la rue à grands coups de slogans et de merguez grillées, Pierre Pleimelding s'éteignait chez lui à Colmar, victime d'un malaise cardiaque. Une disparition à l'âge de 60 ans qui a plongé le petit monde du football hexagonal dans l'émoi; une peine partagée du côté de la Suisse où « Ploum » avait exercé au début des années 80 sous les couleurs du Servette de Genève.

Fils d'un papa footballeur, René, Pierre Pleimelding prend sa première licence à Colmar sous les ordres du daron bien-aimé, ancien international (1 sélection en 1953 contre la Yougoslavie) et capitaine victorieux de la coupe de France avec Toulouse (1957). Du haut de ses 10 ans, il est né à Laxou le 19 septembre 1952, le jeune lorrain débute sa carrière sous la protection paternelle avec l'espoir de suivre le parcours tracé par son modèle. Un message reçu 5 sur 5 par son père, lequel l'emmène dans ses bagages lorsque celui-ci, à la demande du président Claude Cuny, débarque à l'A.S. Nancy-Lorraine en 1967. Le club au chardon est alors tout neuf et vise la montée parmi l'élite du football français en trois ans. Un contrat rempli à terme, mais sans la présence du fiston qui a du mal à s'épanouir au centre de formation, écrasé par le poids de la concurrence et de la pression imposées par le football de haut niveau. Qui s'y frotte, s'y pique et ça gratte un peu pour Pierrot à l'époque. L'accession à la D1 acquise, René quitte la Lorraine et s'installe à Troyes, alors en D2, avec toute la famille (1970).


« Ploum » signe son premier contrat professionnel dans l'Aube et fait quelques apparitions dans l'équipe fanion (15 titularisations / 2 buts). Trop peu pour les dirigeants du T.A.F. qui virent le père et le fils à la fin d'une saison passée sur le fil du rasoir, hantée par le spectre d'une relégation. Troyes finit par sauver sa peau et la smala Pleimelding retourne à Colmar sans l'aîné, Gérard, resté en Champagne pour quelques années supplémentaires où il obtient le titre de meilleur buteur de deuxième division (groupe A) avec 20 buts en 1972. De son côté, Pierre ronge son frein dans les rangs amateurs et plante des buts sans conviction jusqu'au jour où la chance frappe à la porte de l'attaquant blondinet. A force de pousser son caillou vers un improbable sommet, tel un Sisyphe en short et crampons, « Ploum » atterrit sur le Rocher au mitan des 70's et découvre la première division aux côtés des Delio Onnis, Christian Dalger et Jean Petit. Le Lorrain reste trois ans dans la Principauté. Des années rythmées par le va-et-vient d'un ascenseur, entre descentes et montées, pendant lesquelles le néo-monégasque se cherche sur le terrain. Placé à l'avant pointe de l'équipe monégasque, Pleimelding marque trop peu et subit en quelque sorte la concurrence écrasante et l'efficacité du goleador argentin Onnis.

Plombé par ses statistiques faméliques, il quitte Monaco et ses émoluments princiers pour rejoindre le LOSC, plus au Nord, afin de ne pas perdre la boussole et de retrouver fissa le chemin des filets. Nous sommes au début de la saison 1977-78, un exercice marqué par un titre de champion de France pour l'A.S.M ! « Ploum » pense avoir raté un truc mais c'est à Lille qu'il se révèle, d'abord en se laissant pousser une belle tignasse frisée parce que Robert Plant(e) comme il rêve de le faire comme tout attaquant lambda. Au bout d'une année dans l'équipe nordiste, plantée à l'échelon inférieur, il trouve enfin la voie en inscrivant une quinzaine de buts dans la saison et une place de titulaire indiscutable. Le LOSC retrouve l'élite et s'y maintient, bien calé dans le ventre mou du championnat, grâce à la réussite de son buteur. C'est d'ailleurs sous les couleurs lilloises que « Ploum » connaît ses meilleures années de footballeur, terminant quatrième puis sur la dernière marche du podium du classement des buteurs lors des saisons 1978-79 (21 buts) et 1979-80 (18 réalisations). Une efficacité récompensée par une sélection internationale (la seule sur son C.V) lorsque Michel Hidalgo l'appelle pour le match amical France-Espagne (1-0) au Parc des Princes le 8 novembre 1978. Une expérience cependant amère pour l'intéressé « malgré la satisfaction familiale d'avoir égalé à ce titre le palmarès de mon père, avoue t-il penaud, mais un souvenir qui ne restera pas le plus beau moment de ma vie de joueur ». Titulaire au coup de sifflet, Pierre Pleimelding est remplacé par Albert Gemmrich à l'heure de jeu. C'est vrai qu'il y a de quoi ressasser, d'autant que le sélectionneur ne lui offrira plus jamais sa chance en Bleu.

Après cette parenthèse internationale, le Lillois rêve de conquérir le monde et de batailler dans les plus grands championnats européens. Le LOSC est un club trop exigu pour ses talents de finisseur. « Ploum » s'envole alors pour l'étranger et la Suisse où l'on aime choyer les pépites. Pleimelding arrive au Servette (1981-82) avec une bonne réputation qu'il confirme lors des matches de préparation. L'équipe au maillot grenat est en pleine bourre et la nouvelle recrue fait vite oublier les anciennes gloires (Franco Cucinotta, l'Anglais Martin Chivers ou le Néerlandais Piet Hamberg) dans le cœur des supporters. Forte de sept nouveaux joueurs, parmi lesquels Lucien Favre, Michel Decastel et Alain Geiger, l'équipe baptisée « Les millionnaires » par les journalistes locaux se balade jusqu'à la trêve hivernale. Après une pause de trois mois (!!!), les Grenats perdent leur football et manquent le titre pour trois points en fin de saison (au profit des Grasshoppers). Pierre Pleimelding, ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvu quand la bise fût venu. L'attaquant, comme le reste de l'équipe, marche à côté de ses pompes à la reprise et se retrouve même placé dans la défense genevoise par manque d'efficacité devant les buts, avant d'être expédié à l'A.S Cannes une fois la saison terminée sur un échec au regard de l'investissement financier des dirigeants.


A 30 ans, « Ploum » est à la retraite anticipée sur la Croisette où il côtoie quelques vieilles gloires (Patrick Revelli, Gilles Rampillon...). Meilleur buteur de l'équipe, une douzaine de réalisations, il quitte la Côte d'Azur en fin de saison et se rapproche de chez lui en signant à Mulhouse où son temps de jeu se compte sur les doigts d'une main. La faute à Gérard Banide et Raymond Domenech, les entraîneurs du F.C.M qui se succèdent à l'époque, lesquels ne comptent pas vraiment sur lui « malgré sa mentalité, son respect envers le club et son métier » selon coach Ray.

Il est temps de partir pour Pierrot qui termine sa carrière à Epinal, sage comme une image et sans trop faire parler de lui, avec un statut d'entraîneur-joueur. Toujours cette trajectoire du père en toile de fond. Il parvient à faire monter le club vosgien en D2 à l'orée des années 90 avant de prendre la direction de la Côte d'Ivoire en 1994 qu'il qualifie pour la CAN deux ans plus tard. Remercié par les Elephants après son échec dans la compétition, la sélection ivoirienne est éliminée dès le premier tour, « Ploum » se retire définitivement du milieu professionnel pour se consacrer à la formation dans les rangs amateurs dans sa région. Sans trop de regret car, comme il l'affirmait il y a quelques années : « le football professionnel m'a usé aussi bien physiquement que professionnellement ». Une fatigue générale qui l'a foudroyé un 1er mai, jour de repos pour tous. Le sien est désormais éternel. Dors bien, l'ami Pierrot.


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2 Commentaires

  1. Enorme texte!
    Pierre Pleimelding!

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  2. Coucou,
    Merci pour cette biographie. C’est vrai qu’il avait une belle coupe de cheveux !

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