C'était il y a maintenant presque deux ans, à l'heure où la planète
fêtait le travail dans la rue à grands coups de slogans et de
merguez grillées, Pierre Pleimelding s'éteignait chez lui à
Colmar, victime d'un malaise cardiaque. Une disparition à
l'âge de 60 ans qui a plongé le petit monde du football hexagonal
dans l'émoi; une peine partagée du côté de la Suisse où « Ploum
» avait exercé au début des années 80 sous les couleurs du
Servette de Genève.
Fils d'un papa footballeur, René,
Pierre Pleimelding prend sa première licence à Colmar sous les
ordres du daron bien-aimé, ancien international (1 sélection en
1953 contre la Yougoslavie) et capitaine victorieux de la coupe de
France avec Toulouse (1957). Du haut de ses 10 ans, il est né à
Laxou le 19 septembre 1952, le jeune lorrain débute sa carrière
sous la protection paternelle avec l'espoir de suivre le parcours
tracé par son modèle. Un message reçu 5 sur 5 par son père,
lequel l'emmène dans ses bagages lorsque celui-ci, à la demande du
président Claude Cuny, débarque à l'A.S. Nancy-Lorraine en 1967.
Le club au chardon est alors tout neuf et vise la montée parmi
l'élite du football français en trois ans. Un contrat rempli à
terme, mais sans la présence du fiston qui a du mal à s'épanouir
au centre de formation, écrasé par le poids de la concurrence et de
la pression imposées par le football de haut niveau. Qui s'y frotte,
s'y pique et ça gratte un peu pour Pierrot à l'époque. L'accession
à la D1 acquise, René quitte la Lorraine et s'installe à Troyes,
alors en D2, avec toute la famille (1970).
« Ploum » signe son premier contrat professionnel dans l'Aube et fait quelques apparitions dans l'équipe fanion (15 titularisations / 2 buts). Trop peu pour les dirigeants du T.A.F. qui virent le père et le fils à la fin d'une saison passée sur le fil du rasoir, hantée par le spectre d'une relégation. Troyes finit par sauver sa peau et la smala Pleimelding retourne à Colmar sans l'aîné, Gérard, resté en Champagne pour quelques années supplémentaires où il obtient le titre de meilleur buteur de deuxième division (groupe A) avec 20 buts en 1972. De son côté, Pierre ronge son frein dans les rangs amateurs et plante des buts sans conviction jusqu'au jour où la chance frappe à la porte de l'attaquant blondinet. A force de pousser son caillou vers un improbable sommet, tel un Sisyphe en short et crampons, « Ploum » atterrit sur le Rocher au mitan des 70's et découvre la première division aux côtés des Delio Onnis, Christian Dalger et Jean Petit. Le Lorrain reste trois ans dans la Principauté. Des années rythmées par le va-et-vient d'un ascenseur, entre descentes et montées, pendant lesquelles le néo-monégasque se cherche sur le terrain. Placé à l'avant pointe de l'équipe monégasque, Pleimelding marque trop peu et subit en quelque sorte la concurrence écrasante et l'efficacité du goleador argentin Onnis.
Plombé par ses statistiques
faméliques, il quitte Monaco et ses émoluments princiers pour
rejoindre le LOSC, plus au Nord, afin de ne pas perdre la boussole et
de retrouver fissa le chemin des filets. Nous sommes au début de la
saison 1977-78, un exercice marqué par un titre de champion de
France pour l'A.S.M ! « Ploum » pense avoir raté un truc mais
c'est à Lille qu'il se révèle, d'abord en se laissant pousser une
belle tignasse frisée parce que Robert Plant(e) comme il rêve de le
faire comme tout attaquant lambda. Au bout d'une année dans l'équipe
nordiste, plantée à l'échelon inférieur, il trouve enfin la voie
en inscrivant une quinzaine de buts dans la saison et une place de
titulaire indiscutable. Le LOSC retrouve l'élite et s'y
maintient, bien calé dans le ventre mou du championnat, grâce à la
réussite de son buteur. C'est d'ailleurs sous les couleurs lilloises
que « Ploum » connaît ses meilleures années de footballeur,
terminant quatrième puis sur la dernière marche du podium du
classement des buteurs lors des saisons 1978-79 (21 buts) et 1979-80
(18 réalisations). Une efficacité récompensée par une sélection
internationale (la seule sur son C.V) lorsque Michel Hidalgo
l'appelle pour le match amical France-Espagne (1-0) au Parc des
Princes le 8 novembre 1978. Une expérience cependant amère pour
l'intéressé « malgré la satisfaction familiale d'avoir égalé à
ce titre le palmarès de mon père, avoue t-il penaud, mais un
souvenir qui ne restera pas le plus beau moment de ma vie de joueur
». Titulaire au coup de sifflet, Pierre Pleimelding est remplacé
par Albert Gemmrich à l'heure de jeu. C'est vrai qu'il y a de quoi
ressasser, d'autant que le sélectionneur ne lui offrira plus jamais
sa chance en Bleu.
Après cette parenthèse
internationale, le Lillois rêve de conquérir le monde et de
batailler dans les plus grands championnats européens. Le LOSC est
un club trop exigu pour ses talents de finisseur. « Ploum »
s'envole alors pour l'étranger et la Suisse où l'on aime choyer les
pépites. Pleimelding arrive au Servette (1981-82) avec une bonne
réputation qu'il confirme lors des matches de préparation. L'équipe
au maillot grenat est en pleine bourre et la nouvelle recrue fait
vite oublier les anciennes gloires (Franco Cucinotta, l'Anglais
Martin Chivers ou le Néerlandais Piet Hamberg) dans le cœur des
supporters. Forte de sept nouveaux joueurs, parmi
lesquels Lucien Favre, Michel Decastel et Alain Geiger, l'équipe
baptisée « Les millionnaires » par les journalistes locaux se
balade jusqu'à la trêve hivernale. Après une pause de trois mois
(!!!), les Grenats perdent leur football et manquent le titre pour
trois points en fin de saison (au profit des Grasshoppers). Pierre
Pleimelding, ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvu
quand la bise fût venu. L'attaquant, comme le reste de l'équipe,
marche à côté de ses pompes à la reprise et se retrouve même
placé dans la défense genevoise par manque d'efficacité devant les
buts, avant d'être expédié à l'A.S Cannes une fois la saison
terminée sur un échec au regard de l'investissement financier des
dirigeants.
A 30 ans, « Ploum » est à la
retraite anticipée sur la Croisette où il côtoie quelques vieilles
gloires (Patrick Revelli, Gilles Rampillon...). Meilleur buteur de
l'équipe, une douzaine de réalisations, il quitte la Côte d'Azur
en fin de saison et se rapproche de chez lui en signant à Mulhouse
où son temps de jeu se compte sur les doigts d'une main. La faute à
Gérard Banide et Raymond Domenech, les entraîneurs du F.C.M qui se
succèdent à l'époque, lesquels ne comptent pas vraiment sur lui «
malgré sa mentalité, son respect envers le club et son métier »
selon coach Ray.
Il est temps de partir pour Pierrot qui
termine sa carrière à Epinal, sage comme une image et sans trop
faire parler de lui, avec un statut d'entraîneur-joueur. Toujours
cette trajectoire du père en toile de fond. Il parvient à faire
monter le club vosgien en D2 à l'orée des années 90 avant de
prendre la direction de la Côte d'Ivoire en 1994 qu'il qualifie pour
la CAN deux ans plus tard. Remercié par les Elephants après son
échec dans la compétition, la sélection ivoirienne est éliminée
dès le premier tour, « Ploum » se retire définitivement du milieu
professionnel pour se consacrer à la formation dans les rangs
amateurs dans sa région. Sans trop de regret car, comme il
l'affirmait il y a quelques années : « le football professionnel
m'a usé aussi bien physiquement que professionnellement ». Une
fatigue générale qui l'a foudroyé un 1er mai, jour de repos pour
tous. Le sien est désormais éternel. Dors bien, l'ami Pierrot.
2 Commentaires
Enorme texte!
RépondreSupprimerPierre Pleimelding!
Coucou,
RépondreSupprimerMerci pour cette biographie. C’est vrai qu’il avait une belle coupe de cheveux !