PARC. Le documentaire sur l'histoire des tribunes du PSG.

« Notre histoire deviendra Légende ». Lorsqu'ils étendent leur banderole pour la première fois au cours de la saison 1986-87, les Boulogne Boys ne croient pas si bien dire. Deux décennies plus tard, le plan Leproux (suppression des abonnements aux ultras des tribunes Boulogne et Auteuil) et la répression aveugle menée à l'encontre des associations de supporters parisiens (dissolution des groupes) sont passés par là.
Et l'arrivée des financiers Qatari, biens plus intéressés par le potentiel économique que les grandes dates historique du club, n'a rien fait pour arranger les choses. L'enceinte de la Porte d'Auteuil, hier si pleine de ferveur et véritable cauchemar pour les équipes adverses, a perdu son âme. La Direction du PSG ignore les anciens (comme l'ancien président Daniel Hechter). Elle refuse aussi tout dialogue avec la frange la plus fidèle du club - ses véritables supporters - en privilégiant une ambiance aseptisée dans son stade, sans foi ni passion, parce que les vrais passionnés sont désormais réduits à manifester dans la rue alors que les familles (grâce à une politique de tarifs préférentiels) ont investi les travées du Parc pour y consommer un spectacle, et surtout beaucoup de maillots floqués à la fin.

Le documentaire de William Touitou et Jérôme Bénadiner (When we were kids production) revient sur les grandes heures des tribunes parisiennes. Mis en ligne sur internet depuis août 2012 (300 000 visites) et désormais disponible en dvd, il est sorti le 23 décembre dernier, « Parc » est une plongée dans le temps et la malle aux souvenirs des fans parisiens. Un manifeste pro-supportériste qui retrace 30 ans d'histoire, avec ses joies, ses drames, ses faits divers, et surtout cette ferveur qui illumine la ville lumière et son stade les soirs de matches. Tous les invités de choix, et ils sont nombreux à participer au projet (joueurs, journalistes et leaders des tribunes), sont unanimes. Le Parc, c'était un style. Une ambiance unique dont la genèse remonte à l'été 1978 avec l'opération « jeune supporter ». Une idée de Guy Adam. Dix balles, dix matches gratos pour les moins de seize ans. Les gamins sont alors parqués en tribune K puis émigrent ensuite à Boulogne où ils commencent à s'organiser, sur le modèle britannique. Le KOB est né. Les premiers chants et fumis apparaissent en même temps que les premiers incidents. La tribune, populaire et apolitique à la base, est victime de son succès et attire les curieux de tous bords. C'est l'arrivée des premiers skinheads à tendance nationaliste vers 82, qui se montrent très actifs dans les travées malgré la création des Boulogne Boys, le premier groupe ultras à Paris, au mitan des années quatre-vingts. Ambassadeur de l'ambiance, le groupe se divise rapidement (création des Gavroches et Firebirds) sans trop perturber la cohésion de la tribune. Elle sauve bien souvent des matches ternes après le titre de champion (1985). Les années lose avec l'odeur de la descente. Cinq, six, sept mille spectateurs de moyenne, la plupart massés à Boulogne. Le glas sonne sur les années Borelli au début des années quatre-vingts-dix, lâché par le KOB qui réclame la démission de l'éternel supporter du PSG. Canal + arrive avec l'argent et ses idées. Comme celle de favoriser, à coups de subventions, la création d'associations d'ultras dans le virage Auteuil, bien terne à l'époque. Les Supras, Tigris Mystic débarquent, influencés par les tifosi, la plupart des membres sont des déçus de Boulogne qui plonge alors dans une dérive nationaliste. Les crânes rasés, tous juste une centaine,dirigent la tribune pendant que les historiques, Boys et Gavroches, font de la résistance. C'est le début de la rivalité entre le VA et le KOB qui débouche sur une guerre lors du dixième anniversaire des Tigris Mystic. Motif de la fâcherie, une banderole : « l'avenir est à nous ». A Boulogne, on serre les poings et la tension monte (incidents à Auxerre, au stade de France, au Mans...) jusqu'à la mort en 2010 d'un membre du KOB après une fight à Auteuil entre les deux virages après un classico . Un acte qui signe la mort des associations avec la réaction arbitraire du gouvernement et des dirigeants du club. Les ultras boycottent depuis le Parc des Princes, quand ils ne sont pas interdits de stade, et continuent à mener quelques actions contre le club et la direction quatari.

Les témoignages des principaux acteurs des tribunes sont les plus intéressants. Déterminés, revendicateurs (les syndicalistes du club en quelque sorte) et souvent nostalgiques d'une certaine époque. Des PSG-Real. Ou plus loin encore, ce fameux PSG-Nantes de 1981. C'est la coupe de France et pour la première fois, les spectateurs présents sont entièrement derrière les Parisiens. L'acte fondateur de l'identification d'un public à son équipe, pas encore démenti aujourd'hui malgré le niveau virage emprunté par ce nouveau Paris Saint Germain. « Avant, ici, il n'y avait rien » a balancé Zlatan sans savoir. Il y avait juste un Parc qui supportait et soutenait son équipe à la vie, à la mort. Un stade qui vibrait. « Et pas dans cet état » lâche Bouquin, ancien porte-voix des Rangers, en cachant ses trémolos. La version dvd enrichie de bonus (une heure au total) avec un bêtisier et des interviews exclusives de Ginola, Simone, Hervé Mathoux, Daniel Hechter et bien d'autres ne saurait trop le consoler. Un documentaire à se procurer cependant absolument d'urgence, supporter ou non du PSG. Juste pour comprendre la passion et le dévouement, et combattre une image salie par les incidents. Le Parc, c'est aussi de belles images (nombreuses tout au long de ce sujet fort documenté) comme la réception de Liverpool en 96, le match retour contre Steaua. Et surtout cette putain d'ambiance. Le mot de la fin appartient à un vieux taulier des lieux. « Quand j'ai vu le Parc pour la première fois, se souvient Safet Susic, je me suis dit que c'est là que j'ai envie de jouer ». Voilà, ça c'était Paris. Aujourd'hui, on vient y jouer pour des raisons différentes.
PARC (DVD, When we were kids production, 2013).

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2 Commentaires

  1. Tіens je comptais justement faire un poste similaire
    à celui-ci

    Mу weƅ site ... coupe du monde de football 2014

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  2. J'allais au Parc à cette époque bénie . J'étais un pur et dur du PSG depuis le 3 aoùt 1979 .D'abord à Boulogne puis à Auteuil . l'ambiance était unique . Les deux virages se répondaient les chants les fumigènes ,le Parc était vraiment un endroit magique . Aujourd'hui c'est fini . Je n'y suis plus retourné depuis 2010.Ce PSG et ce Parc ne sont plus les miens . Il me reste mes souvenirs et personne ne me les enlèvera.

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