L'Association
Sportive de Saint-Etienne a fêté ses quatre-vingts ans en grande
pompe la saison passée en ramassant au passage une coupe de la Ligue
(après tout c'est un trophée), et avec l'ouverture de son musée,
inauguré le 20 décembre dernier par le binôme présidentiel
stéphanois (Bernard Caïazzo-Roland Romeyer) et le gratin politique
local. Un événement qui fait date puisque l'ASSE devient à
l'occasion le premier club en France à ouvrir son musée, comme il
en existe dans la plupart des grands clubs étrangers. « Et
s'il y a bien un club qui mérite son musée, ajoute son
directeur-supporter-passionné Philippe Gastal, c'est bien
l'ASSE ! ». En effet, St-Etienne reste unique - et
toujours populaire auprès des amoureux du foot - grâce à son
palmarès, sa légende qu'elle écrit au mitan des 70's, et son
histoire, toujours en tête du classement en matière d'innovations
(premier club français à organiser des déplacements par avion pour
son équipe, à créer un centre de formation et à ouvrir une
boutique). Aujourd'hui, il y a donc ce fameux « Musée
des Verts », chargé de souvenirs d'un passé glorieux
ou des moments sombres comme une caisse noire. Alors le VFC y est
allé en tout début d'année, fier comme Pierre Haon, car il
n'aurait manqué ça pour rien au monde. Quand même, c'est qui les
plus forts après PSG ?
Adossé au pied
des tribunes Jean Snella et Pierre Faurand, le musée sent le béton
frais comme le stade Geoffroy-Guichard en rénovation pour
accueillir l'Euro 2016. Un espace de 800m2 qu'il faut mériter tant
la file de visiteurs est longue. Heureusement il y a le tube de
l'époque à la gloire des Verts avec son éternel refrain pour
assurer l'ambiance et l'attente dans la bonne humeur. Les gars à
casquette aussi. Et tous ses supporters à ressasser leurs anecdotes
(anciennes ou pas) avant de voyager dans la légende. A l'entrée,
c'est Philippe Gastal en personne qui accueille le public. L'homme
est affable et souriant, content de son coup et du projet qu'il a
défendu auprès du Conseil général de la Loire et du club pendant
une bonne dizaine d'années. Alors quid du résultat et de la
fréquentation depuis l'ouverture ? « Pfff... c'est
génial, répond le taulier des lieux avec une moue satisfaite.
Ça ne désemplit pas et c'est tous les jours comme ça. Les gens
viennent de partout ». Une marée verte en quelque sorte,
qui déboule de toute la France pour venir admirer un bon millier
d'objets et environ cinquante mille photos numérisées consultables
par les visiteurs. L'ensemble de la collection du musée, qui
provient essentiellement de dons (trois-cent donateurs au total), est
réparti en sept espaces d'exposition retraçant les différentes
périodes, fastes ou moindres, de l'ASSE. C'est le début du voyage
dans l'enfer vert à la sauce vintage. De l'apprentissage aux
premiers succès (1933-58) jusqu'à l'ère moderne qui consacre la
victoire en coupe de la Ligue, le public parcourt quatre-vingts ans
d'histoire entre les coupures de journaux, les licences de joueurs,
des crampons, des fanions, des maillots officiels (cent-cinquante au
total)... C'est la ruée vers l'or vert où chacun (re)trouve son
petit moment d'émotion. Le trophée du footballeur de l'année de
Rachid Mekloufi (1966-67) sponsorisé par Byrrh, le ballon de
la finale de la coupe de France 1962, un calendrier de la saison
1938-39... Pour le VFC, c'est surtout l'espace consacré à la
période 70-80 qui donne la fièvre verte. « Y sont où ces
putains de poteaux carrés » marmonne un type qui a
toujours une dent contre les vieux bois écossais. Bah oui, tiens, où
qu'y sont ? Il y a bien dans les vitrines les souvenirs qui
retracent la fameuse épopée (1974-76) où l'on découvre aussi le
célèbre maillot Manufrance porté par Gérard Janvion, et
tout un tas de gadgets officiels produits par le club au plus fort de
son hégémonie nationale (et européenne).
Puis on remonte le temps
autour de la Mercos à Curko. Les eighties pointent leur nez. Michel
Platini et Johnny Rep arrivent dans le Forez. L'ASSE change de
politique en misant sur l'achat de stars plutôt que (pour)suivre la
voie de la formation. Entre strass et paillettes, il y aussi le
maillot du chat Jean Castaneda. Purée, même pas une petite babiole
de Christian Lopez pour mon frangin? Non, mais une salle des trophées
bien remplie (une vingtaine) avec les répliques de la coupe de
France et le « cadeau » de la Ligue de football
récemment gagné. Les années-victoires avant la chute et sa période
sombre post-caisse noire. La lose et des maillots qui virent au moche
avec ce vert passant du fade au mauvais goût selon les saisons.
Sympa quand même de (re)voir le Cake Rocher cerclé de rouge et,
plus proche de nous, la tenue de Spiderman de Jérémie Janot. Le
peuple fête toujours ses héros (il est d'ailleurs mis à l'honneur dans le musée avec un espace consacré aux supporters). A l'heure actuelle, hormis Benjamin
« DFCO RPZ » Corgnet, c'est Christophe Galtier qui tient la baraque
et y laisse des plumes de sa doudoune exposée en vitrine. Le dernier
clin d’œil de ce musée chargé d'histoires, des vertes et des pas
mûres, avant que d'autres belles pages ne s'écrivent et remplissent
ce lieu désormais mythique, tout comme le stade qui l'abrite. Puis,
c'est la fin du match après deux bonnes heures de visite. Mais
bordel au fait, y sont où ces poteaux carrés ? Pas vu. Mince, c'est
vraiment vintage football con ce truc.
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