Stadium view. DOLICEK.


Stade : DOLICEK. 
Lieu : PRAGUE. 
Pays : RÉPUBLIQUE TCHÈQUE. 
Club résident : BOHEMIANS 1905. 
Année : avril 2013. (photos : SR).

C'est par la ligne 22 depuis I.P Pavlova, à quelques pas du centre historique de la capitale de la République tchèque (mon point de chute durant mon séjour à Prague), que le tram vous dépose au pied de la vieille enceinte des Kangourous, après cinq-six stations et un petit quart d'heure de transport. Ďolíček, l'antre des Bohemians 1905, survit tant bien que mal à l'usure du temps. Situé à l'Est de la ville, dans ces quartiers oubliés par les touristes, surveillé par les bébés de la tour de retransmission Žižkov, dernier vestige de l'époque communiste construite à la fin des années 80 qui se dresse au Nord sur Vinohrady, et coincé entre le parking du stade, sorte de terrain vague bosselé, des cours de tennis et les immeubles de la Sportovni, la rue qui descend rejoindre Vršovická, l'adresse du siège, l'enceinte des Verts est en sursis depuis quelques temps déjà. Usé par le poids des ans, épargné par les vagues de rénovation, Ďolíček vivote et se repose sur sa gloire d'antan, les 18.000 spectateurs serrés comme des sardines dans les travées, qui nous ramène à trois décennies en arrière. Les Kangourous - Koklani en langage local - remportent le championnat tchèque, le seul et unique inscrit au palmarès du club à ce jour (1982-83), et mènent en parallèle une épopée en coupe UEFA, éliminés en demi-finale par le futur vainqueur Anderlecht. Dundee Utd, Servette de Genève et Admira Wacker sombrent chacun leur tour dans ce vaisseau de poutrelles métalliques et de bancs en bois. C'est ici, par un froid mercredi après-midi de novembre 82, que les Verts de Saint-Etienne perdent leurs dernières illusions européennes, fessés par onze Bohemians galvanisés par un public en transe. Aujourd'hui, la maison des Kangourous est sous respiration artificielle, entretenu grâce aux dons et la passion dévorante d'un collectif de supporters qui se bat pour la restauration et la réhabilitation d'un bâtiment en perdition, lequel vient de fêter ses 81 printemps et quelques dents en moins.

Quand on dit Ďolíček, tout le monde sait que l'on parle des Bohemians. Et quand on parle des Bohemians, les gens pensent immédiatement à Ďolíček. 
(Antonin Panenka)


Ďolíček a guère connu de changements depuis son inauguration le 27 mars 1932. Bohemka (c'est l'autre surnom du club) accueille pour l'occasion le rival local Slavia Prague. Une dizaine de milliers de spectateurs assistent à l’événement et se pressent aux guichets de la nouvelle enceinte initialement baptisée Dannerův. Les supporters préférant Ďolíček, le premier stade du Bohemians à ses débuts en fait, le nom est ainsi resté. Et devenu un patrimoine pour une poignée de fidèles qui travaille à la préservation du site, souvent menacé de destruction dans son histoire. Comme au sortir de la Seconde Guerre, vers 1946-47, lorsque la commission du plan d'État décide de changer la physionomie du quartier de Vršovic. Ďolíček passe à deux doigts du rasage intégral, mais fait toujours partie du décor. Et connait même une première petite révolution au début des années 1970 avec la construction d'une tribune principale, laquelle abrite des cabines de presse qui paraissent ne pas avoir beaucoup évolué depuis lors. Le temps semble s'être arrêté à Ďolíček, victime des plus folles rumeurs en 2010, lorsqu'un groupe de promoteurs immobilier entend faire du stade un centre commercial. Une nouvelle attaque contre un monument du football pragois qui provoque l'ire et la gronde des supporters locaux, des fans du Slavia également et d'autres équipes. Une horde d'ultras, de papys et mamies, jeunes et moins, réunis en association pour sauver un chef d'œuvre en péril plus vraiment conforme au règlement de la ligue tchèque. La Bohemka est même obligée de déménager à 1 kilomètre de là, au stadion Eden, chez son rival du Slavia, si elle veut évoluer en première division. Sauvé in extremis de la destruction, Ďolíček fait peau neuve grâce au soutien de son collectif créé pour sa défense. L'enceinte peut accueillir aujourd'hui 6.500 spectateurs. Une capacité à minima à cause de la pose de sièges pour des raisons de sécurité (places assises obligatoires). L'association se bat aussi actuellement pour récolter des fonds en vue d'installer une pelouse chauffée. Un projet de rénovation complète est également en cours de réflexion. Pendant ce temps, Ďolíček tient toujours debout, ouvert à tous les vents, où résonne encore sous la tribune d'honneur qui abrite la boutique officielle du club, l'écho des folles soirées européennes et des exploits en championnat. La vitrine, et le musée des Bohemians en quelque sorte. Un sentiment partagé par Antonin Panenka. L'ancienne gloire des Bohemians (treize saisons de 1968 à 81) considère le stade qui l'a vu éclore comme le centre de vie du club. Son cœur et son poumon. Des organes vitaux qu'il faut à tout prix conserver, pour la mémoire et l'identité bohemka. « Ďolíček appartient définitivement au club, et les Bohemians appartiennent à Ďolíček, revendique le tireur de pénalty. Le club est installé ici depuis plusieurs décennies. Depuis le début, il n'y a qu'une équipe, les Bohemians, qui jouent ici. Les Bohemians ont toujours joué là et j'espère qu'ils continueront de s'y produire. Tous ceux qui appartiennent au monde du football tchèque savent ce que Ďolíček représente. Quand on dit Ďolíček, tout le monde sait que l'on parle des Bohemians. Et quand on parle des Bohemians, les gens pensent immédiatement à Ďolíček. L'un ne va pas sans l'autre, un peu comme des jumeaux. »


LIEN :
Comité de soutien : Ďolíček.

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