SPARTAK MOSCOU 1988-89
Le club a fêté ses 90 ans cette année. L'acteur fondateur du Spartak Moscou remonte au 18 avril 1922 et se nomme officiellement à l'époque « ISS » (Le Cercle des Sports de Moscou). Très vite on lui trouve même un surmon : « мясо ». La viande ! Parce que le club appartient en fait aux coopératives agricoles. C'est l'équipe du peuple, celle de la masse populaire qui dégueule sur le Dynamo (qui représente la police) et CSKA (l'armée), les autres grands clubs de Moscou (avec Lokomotiv, le club des cheminots). Naissance d'une rivalité qui débute avec la création du championnat d'URSS (1936), dont le premier exercice est d'ailleurs remporté par le rival de la police, sous l'impulsion des frères Starostin. Steve Austin made in CCCP. Ils sont quatre : Alexander, Andreï, Peter et l'aîné Nikolai, la première star de l'équipe. Laquelle aurait suggéré le nom définitif du club : SPARTAK. Un hommage au gladiateur Spartacus qui mena la révolte dans l'Empire Romain que les dirigeants adoptent en 1934. Un symbole révolutionnaire qui lui vaudra, ainsi que ses frangins, de goûter aux purges staliniennes.Condamné à 10 ans de camp de travail, déchu de ses droits pendant cinq ans et de tous ses biens personnels au motif « d'activités pro-fascistes et hostiles au travail ». En gros, la fraterie est accusée de piquer dans la caisse (et autres troubles, espionnage, libération illégale de la circonscription militaire,...) sur ordre du plus grand des quatre. Une affaire montée de toutes pièces par Beria, le chef du NKVD, qui voit d'un mauvais œil la domination de son rival sur son Dynamo.
Au cours des années 30, Spartak remporte le titre dès 1936 (la
seconde édition du championnat soviétique est organisé la même
année que la première !) et réalise le doublé à deux reprises
(1938 et 39). De quoi provoquer quelques remous au siège de la
police qui n'hésite pas à magouiller les matches. Ainsi, après sa
victoire en coupe 1939, Spartak est obligé de rejouer la demi-finale
qui l'opposait au Dynamo. Une décision de Beria qui digère assez
mal les affronts. Il devra s'y habituer. Au sortir de la Seconde
Guerre Mondiale, Spartak est toujours dans une spirale victorieuse.
Deux succès en coupe (1946 et 47) annoncent la période faste des
fifties grâce au travail de deux hommes, Vassili Sokolov (1952-54)
et Nikolai Gulyaev (1955-59), des anciens du club champions dans les
années 30 à qui on a donné les commandes de l'équipe. «
Народная команда », l'équipe du peuple, comme on
l'appelle justement, triomphe à nouveau en coupe (1950) et remporte
trois titres de champion (1952, 53 et 56) avant de réaliser le
doublé en 1958.
A chaque décennie ses succès, même si ceux-ci se comptent sur les
doigts d'une main avec le temps. La rivalité avec les clubs
moscovites est toujours d'actualité, Dynamo (1959) et Torpedo (1960)
s'adjugent les exercices suivants, mais le Spartak doit aussi
désormais surveiller ses flancs extérieurs avec l'arrivée du
Dynamo Kiev dans la compétition. La formation ukrainienne domine le
championnat 1961. Une date historique pour la compétition soviétique
puisque Kiev, avec ce succès, devient la première équipe
non-moscovite à remporter le titre. De son côté Spartak, entraînée
par le buteur historique du club Nikita Symonian (160 buts de 1949 à
59), traverse les 60's à un rythme de croisière et se contente de
boucher les trous au palmarès (champion 1962 et 69, coupe 1963 et 65
que se disputent Dynamo, Kiev (qui réalise le triplé entre 1965 et
68), Torpedo et Tbilissi (vainqueur en 1964). C'est aussi à cette
période que le club participe pour le première fois à une
compétition européenne, la coupe des vainqueurs de coupe, éliminé
au second tour par Rapid Wien 1966). Après douze années à la tête
des « rouge et blanc » (de 1960 à 72), Symonian
passe le relais à Gulyaev, de retour après quelques piges avec les
sélections olympique et nationale. Un come-back qui fait un pschitt
! Au cours des années 70, les héros du peuple semblent fatigués
depuis leur dernier triomphe en coupe (1971), le neuvième de son
histoire.
Pire. A la fin de la saison 76, Spartak est rétrogradé à l'échelon
inférieur. La faute aux changements internes survenus à
l'intersaison au sein du club - Gulyaev et le manager légendaire
Nikolai Starostin sont virés - et une équipe à la dérive sur le
terrain. Une année au purgatoire et Spartak retrouve l'élite en
1977. Pour l'occasion, à la demande du nouvel entraîneur Konstantin
Beskov, les dirigeants rappellent Starostin. Le tandem réalise des
miracles. Sous l'ère Beskov, qui a auparavant dirigé CSKA,
Lokomotiv et Dynamo, les « rouge et blanc »
retrouvent des couleurs et ajoutent deux autres titres de champion
(1979 et 87) au palmarès de l'équipe. Beskov s'appuie sur la
jeunesse qu'il n'hésite pas à lancer dans le grand bain à l'image
du gardien Rinat Dassaev, qui deviendra un joueur emblématique du
club (et du pays). Pendant cette période, Spartak réussit l'exploit
de terminer neuf fois sur le podium (2ème en 1980, 81, 83, 84, 85 et
3ème en 1982 et 86). Au bout de 11 années sur le banc spartakiste,
Beskov quitte la navire en 1988. Sur une quatrième place au
classement. Un clin d'œil de l'histoire et pour ne pas partir sur un
malentendu sans doute.
Oleg Romantsev, encore un ancien de la maison (de 1976 à 83),
connaît la lourde tâche de succéder à Beskov quand il reprend les
reines de l'équipe. Au club, le vieux est une icône. Romantsev
devient son égal ou presque. C'est lui qui donne le douzième et
dernier titre de champion d'URSS au Spartak en 1989, un an tout juste
après le départ de Beskov. Grâce à ce succès, il talonne Kiev au record du nombre de victoires au général (12 contre 13). Mais depuis la chute du Mur de Berlin,
l'Histoire est en cours et l'Union Soviétique n'a plus que quelques
heures à vivre. Le pays éclate en 1991 sur une ultime victoire en
championnat du CSKA, le club d'une armée démantelée de partout.
Symbole ou non, Spartak termine second. Une habitude avant sa
domination et les succès de Romantsev et ses hommes sur le
championnat de Russie entre 1992 et 2001. Neuf titres en 10 ans à
peine ! Et depuis, c'est le néant ou pas loin.
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