Sweet child o'side
(casual du R.S.C. Anderlecht à Lens, 1983).
Dans son dernier roman, excellent au
passage (« Skinheads » - Au Diable Vauvert), John
King fait une référence aux hools bruxellois à travers le portrait
de Steve-les-Chips, un employé d'une entreprise de taxi dirigée par
Terry, skin à l'ancienne aka 69 imbibé de culture prolo et de
musique : « … Steve […] était un pile vivante, toujours
à passer d'un pied sur l'autre, le cheveu d'un blond presque
transparent, avec une cicatrice sur la gueule, cadeau d'un supporter
d'Anderlecht ». Sur fond de rocksteady et de early reggae,
l'ex-petite frappe des Chelsea Headhunters évoque ainsi les exploits
du O-Side, la réponse des Mauves (des fauves ?) aux meutes anglaises
qui dévastent l'Europe au cours des années 70-80. Le O-Side (groupe
qui porte le nom de la tribune qu'il squatte au stade Constant Vanden
Stock) est né au début des 80's, en réaction aux premières bandes
qui sévissent dans le pays (le X-Side d'Anvers, crée au mitan des
70's, est un pionnier ainsi que l'East-Side de Bruges). Très vite,
les hooligans d'Anderlecht font parler d'eux par des opérations
coups de poings menées contre leurs rivaux. Nourris à la violence
et par le modèle anglais, le side de la capitale frise parfois aussi
le ridicule au détriment de l'équipe qu'il supporte corps et âmes,
mais surtout à grands coups de Doc Martens. Le 25 novembre 1983 à
Lens, en 8ème de finale de la coupe UEFA, Jacky Munaron fait ainsi
les frais des exactions de son kop venu en masse pour l'occasion. Les
Belges mènent au score jusqu'à la 90ème minute, instant choisi par
un irréductible de lancer un caillou sur la pelouse de Bollaert au
moment où Kenneth Brylle adresse une passe en retrait à son
gardien. L'improbable se produit. Le projectile part à la rencontre
du ballon et détourne la trajectoire de ce dernier. Faux-rebond. Le
portier d'Anderlecht qui s'appliquait à contrôler tranquillement la
balle est bon pour aller la chercher derrière sa ligne de but. Et
devenir la risée du public. But gag. Histoire belge. Jacky Munaron
ne marche depuis plus jamais seul, accompagné encore aujourd'hui par
ce coup du sort. Le O-Side, lui, venait quelque part de frapper un
grand coup dans l'histoire du hooliganisme.
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