CHINE 1977
USA-CHINE
- Tournée US du 6 au 16/10/1977 -
En Chine, football
se traduit par Tsu-Chio. Un mélange de choux et de petit chien. Une
recette basique que les Américains vont devoir apprendre à cuisiner
à l'automne 77. Au mois d'octobre de cette année punk, une armée
de vingt-cinq Chinois envahit les States. Une attitude un peu « no
future » et guerrière du commando asiatique qui ne
ressemble pourtant pas à une provocation politique, ni une volonté
de semer le trouble entre les deux blocs. La délégation chinoise -
composée de dix-huit joueurs, deux interprètes et cinq membres du
staff - est en fait la sélection nationale de football débarquée
aux USA dans le cadre d'une tournée préparatoire au « tournoi
asiatique », une compétition majeure sur le Continent, qui doit se
dérouler l'année suivante (1978) en Thaïlande.
- Hello, face de citron !
- Honorable Yankee !
Les capitaines Hsiang Heng-Ching (Chine) et Al Trost (USA).
Un drôle de choix
tout de même pour préparer dans des conditions optimales un tel
évènement, en terre hostile et impérialiste, qui répond cependant
à un accord de principe entre les deux pays et la visite quelques
mois plus tôt du New-York Cosmos en République populaire chinoise.
Un échange de bons procédés en quelque sorte. Un donné pour un
rendu sans équivoque comme le confirme le secrétaire général de
la Fédération Chinoise de Football Yang Hsiu-Wu. « En
venant en Chine, lance le boss de la Fédé, le Cosmos nous a
fait prendre conscience de l'impact du football aux Etats-Unis.
C'était la promotion du soccer américain. Quant à notre venue
ici, elle découle d'un même besoin d'information et d'expérience
pour une équipe toute nouvelle ». Et jeune. La formation
chinoise affiche une moyenne d'âge de 23 ans et veut apprendre du
Monde. Par exemple sur le professionnalisme et les salaires ronflants
de la NASL, et sur le plan technico-tactique selon la version
officielle. Une visite très pacifique en tous cas, les joueurs partagent leur repas au self un soir, placée sous le
signe de la tolérance entre les peuples, si différents soient-ils.
Décidément, il n'y a que dans le sport et le football en
particulier où l'on peut réunir des ennemis idéologiquement
farouches. Un vrai message de paix et une manière d'agiter le
drapeau blanc en citant presque du Courbertin un peu saké. « Ce
qui compte, récite Yang Hsiu-Wu, c'est l'amitié. La
compétition vient ensuite ».
Des Chinois de la CIA avec des ballons.
Enfin, ils sont
quand même venus pour ça et la tournée, organisée avec minutie,
mène la délégation chinoise aux quatre coins des States. A
Washington, New-York, Atlanta, Tampa Bay et San Francisco. Des
destinations de choix pour affronter Cosmos (1-1) et Rowdies (2-1) et
la sélection US à trois reprises. Une opposition symbolique qui se
termine néanmoins à l'avantage des Américains. Deux victoires (1-0
et 2-1) et un match nul (1-1). La Chine tombe sur os mais repart avec
des images et des idées plein la tête afin de préparer l'avenir.
« Seul le travail et les échanges nous feront progresser »,
l'entraîneur Chang Hung Ken, un peu Foufou, songe déjà à sa
prochaine destination. Les voyages, ça forme la jeunesse. Et en
Chine, on apprend vite.
Repas collectif à la cantine.
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