Le trio mainstream à la mode en cette fin des 80's, c'est SAW. Un acronyme en trois lettres derrière lequel se cachent les plus grands auteurs-compositeurs de l'époque, producteurs de succès en série. Mike Stock, Matt Aitken et Pete Waterman, puisqu'il s'agit d'eux, sont les patrons d'une usine à tubes planétaires. Leur premier buzz, c'est avec Dead or Alive qu'ils l'obtiennent. Sorti de sa période sombre goth-indus à la renommée pour le moins confidentielle à ses débuts, le combo de Liverpool signe sur une major en 1983 et fricote dans la foulée avec nos producteurs anglais alors en mal de reconnaissance. Une collaboration contre-nature qui porte cependant ses fruits et un max de royalties. DOA et SAW placent en effet le fameux single « You spin me 'round », (d)étonnant cocktail de new-wave et synth-pop, au sommet des charts au Royaume-Uni (1985). Suffisant pour que le guitariste du groupe Wayne Hussey, allergique à la notoriété, se taille pour rejoindre Sisters of Mercy et fonder The Mission plus tard. C'est le début de la gloire pour nos découvreurs de talents qui enchaînent alors les hits avec Mel and Kim (« Respectable »), Rick Astley (« Never gonna give you up »), Jason Donovan (« Too many broken hearts ») - des morceaux qui pourrissent au réveil le quotidien de la salle de bain - et mettent en lumière le joli minois d'une petite australienne timide et empruntée: Kylie Minogue. « I should be so lucky » fanfaronne la minette en 1987. Elle peut. Grâce au trio-soap, elle lance les premières banderilles de sa carrière de pop-star internationale. So lucky donc... D'accord mais le foot alors ?
De la boule
à facette au ballon rond, il n'y a qu'un passement de jambes,
surtout en Angleterre. SAW surfe sur sa notoriété pour enregistrer
« All the way ». Un hymne euro-pop hi-NRG qui doit
accompagner la Three Lions et sa horde de hooligans tout au long du
championnat d'Europe des Nations 1988. Pour se donner un moral de
vainqueur, les sélectionnés collaborent au single. Une vieille
habitude dans l'Ile, puis la victoire en chantant, c'est toujours
mieux. Certains poussent même le vice jusqu'à adopter un look de
circonstance, adapté au style musical inventé par le trio
disco-romantique (Chris « got a feeling » Waddle,
Glenn « Medeiros » Hoddle et Mark Hateley pas très
Crüe entre autres). L'Angleterre danse donc sur la voie du triomphe.
Semble t-il. Sur le terrain, c'est une toute autre chanson qui attend
les hommes de Bobby Robson. Après une défaite surprise contre le
cousin irlandais pour son entrée dans le tournoi (0-1), la sélection
anglaise n'arrive pas à suivre le rythme punk-hardcore des Pays-Bas
et de l'URSS (deux défaites 1-3). Dernière du groupe. Zéro point.
C'est no future et Anarchy in the U.K en quelque sorte. La Three
Lions fait un flop à l'Eurovision. Le single de Stock, Aitken et
Waterman ne monte quant à lui pas plus haut que la 64ème place dans
les charts. Un échec commercial et sportif qui n'empêche pas le trio de
producteurs de continuer ses méfaits, et certains protagonistes du
bide allemand de mener une carrière parallèle par la suite. En
chantant...
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