Andrea
Pirlo vient d'en réaliser une superbe lors du récent quart de finale
de l'Euro 2012 entre l'Italie et l'Angleterre, et fait s'égosiller
Denis Balbir qui en a presque avalé son micro pour le coup : « C'est
une Pa-nen-ka de l'Italien. Oh la la, quel joueur ». Un
geste qui a permis d'ajouter un peu plus de dramatique à une
rencontre qui n'en manquait pas et de mettre en lumière le bagage
technique du milieu de terrain azzurri, célébré en tribune de
presse pour sa bravoure, sa vista et sa classe naturelle. L'occasion
pour les journalistes présents de sortir leur science du football et
donner dans le sens de la formule, puisée dans les pages jaunies du
dictionnaire du football. Au même titre que la « Madjer »
de Rabah ou les « Papinades » de Pa-p1, la
« Panenka » tire son nom de son auteur Antonin
Panenka, l'international tchécoslovaque qui invente une figure lors
de la finale de l'Euro 76. Une prouesse technique qui consiste à
humilier le gardien adverse en délivrant une feuille morte au centre
du but lors d'un coup de pied de réparation. Coup de génie ou coup
de bluff ? La « Panenka » symbolise aujourd'hui le
beau geste, signe d'une parfaite maîtrise du ballon, et chaque
tentative réussie est une forme d'hommage à celui qui l'inspira
quelques années auparavant.
Le joueur tchécoslovaque n'est pas d'un caractère intuitif. Seul au point de pénalty face au meilleur gardien du Monde à l'époque, l'Allemand Sepp Maïer, Antonin Panenka s'élance vers le ballon avec une idée en tête : la mettre au fond. D'autant plus qu'il est le dernier tireur de la série. Comment ? De quelle manière ? Pas à l'instinct ni à l'inspiration du moment contrairement à ce que les images laissent paraître. Antonin Panenka avait préparé son coup depuis belle lurette, attendant l'occasion opportune pour réaliser son geste pas si dément, comme il l'explique en se frisant la moustache.
Le joueur tchécoslovaque n'est pas d'un caractère intuitif. Seul au point de pénalty face au meilleur gardien du Monde à l'époque, l'Allemand Sepp Maïer, Antonin Panenka s'élance vers le ballon avec une idée en tête : la mettre au fond. D'autant plus qu'il est le dernier tireur de la série. Comment ? De quelle manière ? Pas à l'instinct ni à l'inspiration du moment contrairement à ce que les images laissent paraître. Antonin Panenka avait préparé son coup depuis belle lurette, attendant l'occasion opportune pour réaliser son geste pas si dément, comme il l'explique en se frisant la moustache.
Comme Platini et Moutier pour l'exercice du coup-franc à Nancy, Antonin révise ses gammes aux tirs au but dans son club de Prague avec un sparring-partner conciliant. Un bon copain qui prend son mal en patience devant la ténacité du milieu praguois, et attend la récompense à la fin des heures supplémentaires : « Pour rendre notre exercice intéressant, on pariait sur une bière ou une barre de chocolat à chaque pénalty. Malheureusement, comme il était un très bon gardien, j'ai perdu beaucoup d'argent parce qu'il en arrêtait plus que je n'en marquais. J'ai passé des nuits entières à réfléchir sur la meilleure manière de le tromper. J'ai alors réalisé que le gardien de but attendait jusqu'au dernier moment pour anticiper la trajectoire du ballon, et choisir un côté. De là, j'ai pensé qu'il serait plus simple de marquer en faisant une feinte, de taper doucement dans le ballon et viser le milieu du but. Le goal ayant choisi de plonger d'un côté ou un autre, il lui serait difficile de revenir au centre des cages. J'ai essayé cette méthode sur les terrains d'entraînement, et ça a fonctionné comme un charme. C'est devenu d'ailleurs un vrai problème par la suite car j'ai commencé à grossir à force de gagner des bières et du chocolat ». Antonin Panenka a le sens de l'humour avant de passer aux choses sérieuses et à la réalité de la compétition. De la théorie à la pratique, il n'y a qu'un pas d'élan que le milieu des Bohemians prend avec une légèreté et une assurance aériennes (ou presque à cause des kilos en trop) : « J'ai commencé deux ans avant le championnat d'Europe. D'abord au cours des matches amicaux, puis deux-trois fois pendant le championnat de Tchécoslovaquie. Ça a si bien marché que j'ai décidé d'adopter cette technique pour le championnat d'Europe. Bien sûr, j'ai eu une chance inouïe que cela arrive en finale, après l'égalisation de la RFA dans les dernières minutes du temps réglementaire, et qu'un joueur allemand (Uli Hoeneß, ndr) manque son tir avant mon tour ».Personne n'avait tiré un pénalty de la sorte auparavant. J'ai trouvé cette idée parce que j'avais pris l'habitude de faire quelques séances en compagnie de Zdenek Hruska, le gardien des Bohemians, après l'entraînement.
Humble et
réservé, Antonin Panenka ne cherche pas à se mettre en avant
malgré un statut de héros de retour au pays. La victoire des
Tchécoslovaques dans le tournoi est avant tout un triomphe
collectif. Real-socialisme oblige. Pour services rendus à la nation,
le moustachu bedonnant obtient l'autorisation de quitter sa
république de l'Est en 1981 - il a alors 32 ans à l'époque, l'âge
légal imposé par la fédé pour envisager un transfert à l'Ouest -
pour rejoindre l'Autriche et le Rapid de Vienne, où il termine sa
carrière en 1985. Sur un acte manqué. Antonin loupe son geste,
rentré dans toutes les écoles de foot depuis, au cours d'une ½
finale de coupe d'Europe des vainqueurs de coupe contre Dynamo
Moscou. Penalty stoppé par le gardien russe Alexei Prudnikov. Manque
de vista à cause du poids des ans ? Les kilos superflus qui
s'accumulent ? Ou simplement la malchance ? Antonin Panenka ne veut
pas croire au mauvais sort, toujours sûr de lui quand il évoque sa
technique et ce moment qui a fait sa gloire : « J'étais certain à
100% de placer le ballon là où je l'avais décidé et de la manière
dont je voulais marquer ». CQFD.
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