Rasta Rockett is d(r)ead. Une mauvaise nouvelle qui tombe comme un
cheveu dans la soupe pour les Sénégalais et tous les supporters
messins, du président Carlo Molinari en particulier qui était allé
chercher Jules Bocandé en Belgique où il évoluait du côté de
Seraing. C'était à l'été 1984. La France est championne d'Europe
et le FC Metz de connaître aussi son heure de gloire quelques
semaines plus tard au niveau européen. Une équipe en mode mineur -
souvenez-vous les Rohr, Hinschberger, Bernad, Etorre... Les Lorrains
emmenés par l'attaquant rasta et Tony Kurbos étrillent le grand
Barça au Camp Nou. 1-4. Un des beaux exploits à ce jour du football
français en coupe européenne. Jules danse saga Africa, ce continent
qu'il doit quitter très jeune à la suite d'une finale houleuse de
coupe du Sénégal avec son club Casa Sport. Mécontent d'une
décision de l'arbitre, Bocandé lui file un croche-pied et quitte le
pays par la petite porte, à l'anglaise, avec l'aide d'un ami belge
de la famille.
Au plat pays, le Sénégalais part de rien ou presque. Il tourne en
rond en D.III à Tournai avant de taper dans l'œil des dirigeants du
RFC Sérésien. Une aubaine pour Jules qui goûte à l'élite belge
et démarre sa carrière au plus niveau. Des prestations de haute
volée sur le pré, l'attaquant africain suscite les convoitises.
Carlo Molinari fleure le bon coup et signe la perle noire sur le
champs. Grâce à l'aide au soutien de « son papa »
comme il appelle le président messin, Jules Bocandé éclate en
Lorraine. Meilleur buteur du championnat 1985-86 avec 23 buts, le
Sénégalais est happé par le chant des sirènes. Les formations
huppées de la D.I s'arrachent le joueur qui rejoint finalement PSG,
le champion en titre. Malheureusement, à Paris Jules Bocandé perd
le sens du but, joue peu et se noie dans les nuits parisiennes. Un
maigre bilan (6 buts) et une bonne gueule de bois au réveil. Au bout
d'une saison dans la Capitale, le natif de Zinguinchor se retrouve à
Nice (de 1987 à 91) sans faire d'éclats. Bocandé est pourri par
une réputation de fêtard qui vire à la nausée quand il débarque
à Lens. Une saison au fond du trou dans le bassin artésien, le
Rasta quitte la France pour retourner en Belgique à Alost où il
termine sa carrière au rythme du reggae. Tranquille. C'est l'heure
de la reconversion. Jules donne en retour ce que son pays lui a
offert pendant 14 ans (de 1979 à 93) en devenant sélectionneur du
Sénégal. Après son éviction, il reste dans l'encadrement
technique avant de se faire oublier un peu jusqu'à son accident
cérébral. Usé et handicapé par son AVC, Jules appelle son
« papa » lorrain pour lui organiser une opération
de la dernière chance dans un hôpital de Metz. Ce 7 mai 2012,
Bocandé s'endort à 53 ans sans plus jamais se réveiller.
Pratiquement dans les bras de son père. Une « love story »
au dénouement dramatique.
La fête à Metz...
... et la galère au PSG.
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