Encore une situation chaude à gérer pour Battmann.
Eugène
Battman ne ressemble pas du tout à un super-héros. Pas la moindre
cape internationale, tout juste une pré-sélection à un stage lors
de la saison 1971-72, et une carrière pro qui commence sur le tard à
29 ans. La faute d'abord à une maman hyper-protectrice, sorte de
wonder woman qui livre bataille contre « un jeu de
sauvages » et redoute que son fils « prenne un
mauvais coup » à trop fréquenter les forces du mal. Le
destin de la vie aussi, tout connement. Eugène quitte l'école à 14
ans et file en apprentissage de serrurier dans son village natal de
Masevaux. Un bon plan pour trouver les clefs de la tactique adverse
et fermer le verrou aux attaques d'en face. Notre homme pratique en
effet le football à l'insu de sa daronne, dans les bois, « son
meilleur poste » selon l'avis de son fidèle compagnon et
ami d'enfance Robin, tout en menant en parallèle le métier de
ferronnier. Pas dans n'importe quelle branche puisque que le portier
de Sochaux exerce la ferronnerie d'art. Son joker à lui en dehors du
foot en quelque sorte. « Voir ce bout de ferraille »
prendre vie entre ses doigts, c'est son truc. Une passion intense et
profonde à laquelle il s'adonne sans compter dans son atelier,
travaillant le fer avec l'enclume et le marteau dans le foyer
incandescent de la forge. Une façon très personnelle d'être sous
le feu des projecteurs quelque part, qui lui procure des émotions
fortes : « J'éprouve une
réelle satisfaction à créer quelque chose. Pas tant pour moi que
pour les autres, pour leur faire plaisir. J'ai ainsi l'impression de
donner un peu de moi-même à ceux pour qui je travaille ».
Eugène Battmann en studio remixe un morceau de Einstürzende Neubauten.
D'ailleurs
le boulot, il ne craint pas. Gégène est un manuel qui déteste
l'oisiveté, le fruit de son éducation qui l'entraîne très tôt
dans la vie active. Avec ses frangins - ils sont six au total plus
quatre sœurs - il a construit une maison pour l'un d'eux dans son
patelin alsacien. Chez lui, Battmann ne vit pas comme une
chauve-souris. Le carrelage, la cheminée sont le fruit de ses mains
expertes, comme la grille de la porte d'entrée et toutes les
coquetteries en fer forgé qui décorent « his home sweet
home »: la rampe de l'escalier, les lustres et les
appliques de la salle à manger. Pour finir, Eugène a même investi
ses premières primes de joueur pro dans un salon de coiffure pour sa
femme. Au rez-de-chaussée de sa maison. Une affaire qui « marche
très bien » et permet d'anticiper sur l'évolution de sa
carrière sur le banc des remplaçants.
Battmann chez le coiffeur. Un nouvel épisode des aventures du super-héros.
1 Commentaires
Et les "Pink Floyd" écrivirent ce sublime titre pour rendre hommage au travail d'Eugène...
RépondreSupprimerhttps://youtu.be/tMpGdG27K9o