STADE de REIMS 1974-75
Au mitan des 70's, c'est champagne pour
le football rémois. Pas chez les messieurs cependant, dont l'équipe
a du mal à renouer avec les succès d'antan et tenir son rang en
1ère divison, mais pour les femmes qui, contrairement à leurs
homologues masculins, font sauter les bouchons de rôteuses à
l'époque.
Emmenée par la capitaine Ghislaine
Souef, la section féminine du Stade de Reims remporte en effet
le premier championnat de France officiel mis sur pied par la Fédé
pour la saison 1974-75. Un succès sans bavure en finale face à
Arago Orléans (5-0) dans un stade Auguste Delaune où 3.000
personnes en délire assistent au sacre des leurs. A l'origine de ce
triomphe, il faut remonter à quelques années dans le temps et à la
perspicacité d'un homme, Pierre Geoffroy, journaliste sportif du
journal local « l'Union » qui tente de redynamiser
l'esprit des « Femina Club » apparus au cours des
années 20 en France, au sortir de la Grande Guerre, du temps où les
femmes tâtaient le cuir pour la première fois, le béret basque
vissé sur la tête.
Avant...
... et après les soldes.
Été 68, sans tabou ni interdit depuis
la Révolution de mai, Pierre Geoffroy qui est à la tête de
la kermesse annuelle du coin trouve une idée originale, comme on le
lui demande, pour sa manifestation: un match de foot entre femmes.
Pour cela, il s'appuie sur les épouses et fiancées des joueurs du
Stade de Reims afin de composer les équipes. Fastoche! Sauf que,
comme leurs maris à cette période, peu savent taper dans un ballon.
Loin d'être abattu par la faiblesse des conjointes, le journaliste
passe alors une annonce dans son canard pour sauver la programmation
de sa manif'. « C'est un succès fou » comme le
rapporte plus tard Christophe dans sa chanson, qui en connaît un
rayon sur les filles soit dit en passant. Geoffroy reçoit en retour une pluie
de candidatures provenant de Reims et sa banlieue et des
villages alentours. La kermesse est une réussite d'autant qu'elle se
déroule à Delaune devant 6.000 spectateurs en lever de rideau d'un
Reims-Valenciennes, grâce à l'appui d'un dirigeant du club, le Dr
Serge Batteux. Dans la foulée, les « Kopettes »
demandent à leur mentor de monter un club entièrement féminin. Le
journaliste accepte et le Football Club Féminin de Reims voit le
jour. A la tête de l'équipe, Pierre Geoffroy multiplie les
fonctions: entraîneur, manager, secrétaire. Une sorte de Tony Danza
modèle qui s'occupe également de laver les nouvelles tenues
acquises grâce aux bénéfices de la kermesse.
Pierrot Geoffroy et ses Pierrettes. (O'Brien, Dejean, Souef).
De fil en aiguille à tricoter, l'équipe rémoise
grandit et obtient des contrats à l'étranger pour une série de
matches amicaux. En Tchécoslovaquie, en Belgique. Puis l'Italie, la
Suisse, l'Angleterre. Les propositions affluent tant la renommée des
filles n'est plus à faire aux quatre coins du Monde. En 1970, à la
demande du visionnaire Serge Batteux, l'équipée rémoise rentre
dans le giron du club cher au président Germain. Le FCFR devient
Stade de Reims section féminine et continue sa tournée à travers
le globe. Aux States et au Canada à l'été 70, en compagnie des
filles de la Lazio Rome. En 1971, les Stadistes participent même à
l'officieux championnat du Monde des clubs où elles foulent le stade
Azteca devant 100.000 aficionados! L'année suivante, elles se
produisent en Indonésie dans un stade à nouveau plein comme un oeuf
pour l'occase, 60.000 spectateurs, malgré la retransmission
télévisée du match! Puis c'est l'Espagne, et l'Irlande à Dublin
en 1973. Chez les rouquines, le Stade en profite pour signer une
jeune joueuse de 17 ans, Anne O'Brien, cousine de
l'international irlandais et capitaine de Leeds Johnnny Giles.
Un premier transfert depuis l'étranger qui appelle d'autres
lointains déplacements comme aux Antilles et Haïti durant l'année
1974 devant des foules toujours aussi nombreuses à chacune de leurs
rencontres.
Des femmes qui craignent pas la bagarre.
Les voyages forment la jeunesse et les
Rémoises tirent les leçons de ces expériences hors-du-commun,
d'autant plus que la plupart d'entre-elles n'avaient jamais mis le
pied en dehors de leur patelin auparavant. Le bilan est exceptionnel.
Sur le plan national, les Stadistes sont invaincues depuis la
création du club. En 200 matches joués elles ne comptent que 21
défaites, toutes subies lors de leurs tournées à l'étranger. De
quoi donner un moral d'acier aux jeunes rémoises - la cadette,
Isabelle Musset, a 15 ans et la doyenne, Marie-Louise
Butzig, 30 - dont quelques-unes sont ouvrières dans la vraie
vie, d'autres, la majorité, étudiantes ou secrétaires et trouvent
dans le football un moyen d'échapper à leur quotidien, sous l'égide
de Mr Geoffroy et des dirigeants rémois tombés secrètement
amoureux de leurs protégées depuis que l'équipe masculine ramasse
des bulles au palmarès. En 1975 à Reims, les filles rendent ainsi
le champagne un peu moins vert dans les coupettes d'après-matches.
4 Commentaires
very nice article !
RépondreSupprimerThanx!
RépondreSupprimeret pourquoi plus d'équipe féminine au stade de reims ?!
RépondreSupprimerPour le publiquer sur it.wikipedia. Savez-vous combien de saisons a jouée chez-vous Anne O'Brien. Sur en.wikipedia il disent 2 saisons. Merci beaucoup.
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