YOUGOSLAVIE-ESPAGNE
30/11/1977.
Debout : Miguel Angel, San José, Marcelino, Pirri, Camacho, Migueli.
Accroupis : Ruben Cano, Asensi, Cardenosa, Leal, Juanito.
30 novembre 1977. Tour préliminaire à la coupe du Monde en Argentine. Le match des retrouvailles entre Yougoslaves et Espagnols dans un Marakana de Belgrade prêt à exploser pour l'occase. La veille, le pays entier participe aux commémorations de la fête nationale et Tito décrète dans un grand élan de bonté un jour férié pour le lendemain. De fait, le stade est plein à craquer - d'autant que le prix des places a été réduit afin de créer le nombre dans les tribunes - pour accueillir une sélection espagnole revancharde après son élimination lors des qualifications à la coupe du Monde 1974, battue par la Yougoslavie en match de barrage à Francfort (1-0, but du futur Niçois Josip Katalinski), les deux équipes n'ayant pu se départager dans leur groupe (même nombre de points et goal-average identique). Une bonne raison pour les hommes de Kubala, le sélectionneur espagnol, d'arriver une semaine avant la rencontre décisive histoire de s'imprégner du climat local et éviter ainsi de prendre en pleine tronche la pression du match le jour J. Pour coller un peu plus de piment à un contexte déjà bien épicé en tension, László Kubala emmène le Dr Delgado avec sa délégation. Son rôle: surveiller la nourriture des joueurs par peur d'un éventuel empoisonnement. Le ton est donné - la presse se chargeant d'ajouter un peu d'huile sur le feu - reste à écrire le scénario de ce que les journalistes ibères appellent « La batalla de Belgrado ». Dans ce groupe 8 à trois équipes, tout le monde a encore sa chance pour obtenir son visa vers l'Argentine. La Roumanie et l'Espagne sont ex-aequo (4 pts) et la Yougoslavie, relancée par une étonnante victoire à Bucarest (4-6) après deux défaites, reste toujours dans le coup (2 pts).
Jeu de mains, jeu de vilains. Ruben Cano, le buteur espagnol.
Après la traditionnelle guerre des nerfs et la bataille de l'intox – aucun des sélectionneurs ne dévoile sa composition d'équipe - les Espagnols sont accueillis au stade par une pluie de projectiles, sous le regard amusé et bienveillant des soldats locaux qui garnissent une bonne partie des tribunes, et trouvent refuge dans leurs vestiaires. Pas le meilleur moyen pour reconnaître la pelouse et entamer la rencontre avec sérénité. D'ailleurs le match en lui-même est un simulacre de jeu. Provocations, insultes, bagarres, le PIB de la rencontre est largement supérieur à celui des pays membres du pacte de Varsovie sous les yeux de l'arbitre anglais, Mr Burns, complétement dépassé par l'évènement. Les coups pleuvent. Ça tombe comme à Gravelotte à Belgrade. Juanito reçoit une charge de Boljat dès le coup d'envoi. Après 10 minutes de jeu, Kustudić agresse Pirri, le capitaine espagnol, par-derrière. Bilan: une jambe en moins (touché à la cheville, au tendon et au péroné). Un joli strike et ça dure comme ça toute la partie sans que Mr Burns ne bronche. Pas trop l'feu au lac pour lui. Les Yougoslaves dominent cependant et placent quelques banderilles entre deux coups de poings jusqu'à la 71ème minute, moment que choisit Ruben Cano pour ouvrir le score sur une reprise chanceuse à la Jordão, dans un silence de cathédrale. Quelques minutes plus tard, Migueli passe à la casserole à la suite d'une agression de Vahid Halilhodžić, rentré à sur le terrain à l'heure de jeu. Baston sur la pelouse. Beograd's burning mais l'arbitre oublie de jouer les pompes à incendie. Aucune expulsion dans l'affaire qui prend une nouvelle tournure à un ¼ d'heure de la fin lorsque Dani remplace Juanito, lequel reçoit une bouteille à la figure au moment où il rejoint le banc. Évacué sur une civière, l'attaquant madrilène n'assiste pas à la résistance héroïque des copains face aux Yougoslaves qui jettent leurs dernières armes dans la bataille. Une tentative vaine et inutile. L'Espagne préserve son petit but d'avance au prix d'un combat haletant et retrouve la coupe du Monde douze ans après sa dernière participation (1966). Mais l'histoire n'est pas terminée entre les deux nations. Yougoslavie et Espagne se retrouvent quatre ans plus tard dans le même groupe lors du Mundial 82. La bataille se déplace à Valence cette fois-ci dans une atmosphère similaire et un match aussi pourri. A la fin, c'est encore les Espagnols qui gagnent. Avec l'aide de l'arbitre pour le coup.
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