BIO EXPRESS DEGRADABLE. Ruud Krol.


Avec l'Ajax d'Amsterdam, son club formateur, Ruud Krol entame à fond la caisse son début de carrière. Auréolé de trois titres européens - la coupe des clubs Champions – acquis successivement entre 1971 et 73, une coupe Intercontinentale (1972), deux supercoupes UEFA (1972 et 73), le jeune débutant, arrivé au club à 19 ans en 1968, fait figure de premier de la classe, élève surdoué déjà bardé de diplôme à un âge où les copains préfèrent flirter avec de jolies blondes à l'accent guttural. Défenseur de formation (arrière gauche puis au centre), il constitue avec son coéquipier Wim Suurbier un duo essentiel au cœur du jeu des Ajacides basé à l'époque sur une conception révolutionnaire, le football total. Un concept qui s'installe d'abord sur les terrains néerlandais avant de s'étendre sur toute l'Europe (voir le Monde entier). Pour le plus grand plaisir des (télé)spectateurs devenus dingues de ces onze garçons dans le vent au look de rock'n'roll stars.

Jusqu'à son départ aux pour le Canada et les Vancouver Whitecaps où il découvre, comme beaucoup de joueurs talentueux, la North American Soccer League (1980) – un exil doré d'une demi-saison – Rudolf Krol dit Ruud ou Rudi truste également six titres nationaux (1970, 72, 73, 77, 79 et 80) et quatre coupes des Pays-Bas (1970, 71, 72 et 79). Sur le plan national comme au niveau européen, Rudi croque avec gourmande dans la plus grosse part du gâteau, laissant quelques miettes éparses à la concurrence que cette dernière jugerait presque déloyale tant la domination de l'Ajax semble insurmontable pour l'adversaire. Une hégémonie ajacide que l'on retrouve d'ailleurs aussi dans la sélection nationale, principalement composée des joueurs au maillot à la bande verticale rouge.

Ruud Krol intègre presque naturellement la « Oranje » au soir d'une rencontre amicale opposant les Pays-Bas à l'Angleterre le 5 novembre 1969 à l'Olympisch stadion d'Amsterdam (0-1). Quatre ans après ses débuts internationaux, il porte pour la première fois le brassard de capitaine (comme il le fait à l'Ajax après le départ de Piet Keizer en 1974) et sera pendant très longtemps le recordman de capitanat en sélection. Une belle récompense pour celui qui commande sa défense tel une tour de contrôle et se rate en de rares occasions. Solide comme un roc, Rudi et les Bataves commettent cependant une erreur d'aiguillage lors des grandes occasions. Alors que les Pays-Bas surnagent les débats d'un point de vue footballo-artistique, ils se plantent royalement en finale de coupe du Monde (1974 et 78). Dominatrice sans atteindre le toit du monde, la « Oranje » appartient à cette race du « beautiful loser ». Un échec personnel pour Rudi qui prend sa retraite internationale en 1983 (83 sélections au total).

Entre-temps, après son expérience nord-américaine, il débarque les poches bien garnies au pied de l'Etna. Rudi Krol signe au Napoli, histoire de rallumer la flamme du foot qui brûle en lui après ses échecs internationaux et le déclin de l'Ajax. Salué pour son professionnalisme et sa rigueur, il est élu meilleur joueur étranger du Calcio en 1981. C'est sa seule distinction en Italie car le Napoli pré-Maradona n'a pas encore l'envergure d'un potentiel champion. A la fin de la campagne 1983-84, juste avant l'arrivée du prodige argentin, Ruud Krol quitte Naples. A 35 ans, le défenseur néerlandais croule un peu sous le poids des ans. Il signe alors une dernière pige en France, à l'A.S Cannes toute heureuse de recevoir chez elle une légende du football mondiale. Entre balades sur la Croisette et rencontres de seconde zone, Rudi Krol met un terme définitif à sa longue carrière à la veille du mondial mexicain (1986) auquel la sélection néerlandaise n'est pas conviée comme lors de l'édition précédente. De son côté, Rudi prend un bain de minuit bien mérité sur la plage du Martinez.







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