C'est Olivier Rouyer qui le dit : « Quand je suis sur le terrain, c'est la fête et il ne faudrait pas qu'elle se termine ». Peut-être pour ça que La Rouille a tardé à organiser son jubilé. Histoire de perdurer son rêve de gosse, et continuer la bringue avec les potes dans un coin de sa tête d'éternel adolescent dissipé, toujours prêt pour la déconne et les quatre-cent coups. Car avant de commenter les matchs sur la chaîne cryptée avec son sourire facile et ses vannes au ras du gazon, Olivier Rouyer a aussi tâter du ballon avant d'avouer publiquement tripoter les boules de son partenaire officiel. Une bombe dans un milieu où les supporters ont la fâcheuse habitude de donner dans le sobriquet homophobe, et quand d'autres se cachent par peur des représailles ou des remarques arriérées.
Epoque hot-mount. |
Avec Paco Rubio et Platini |
A partir de ce moment, la carrière de la Rouille prend du plomb dans l'aile (gauche, c'est son pied). En 1978-79, Nancy est qualifié pour la coupe des vainqueurs de Coupes mais ne passe pas deux tours, éliminé par les grenats de Genève qui lui refilent des serviettes parce qu'Olivier n'a plus assez de mouchoirs pour sécher ses larmes. L'année suivante, il voit son pote Platoche partir pour Saint-Etienne, ce qui le rend triste même s'il récupère le capitanat. Orphelin de son copain de chambrée à l'armée, Olivier Rouyer subit par la suite une vilaine blessure en fin de saison (fracture du tibia) et c'est l'A.S.N.L toute entière qui boite. Les Lorrains sont à la traîne en championnat et stagnent dans le ventre mou du classement. C'est alors que la Rouille décide de prendre l'air à son tour en quittant Nancy pour le R.C Strasbourg à l'été 1981. « Un petit choix » comme il l'affirme quelques années plus tard, qui lui barre la route du Mundial espagnol et ses ambitions sportives. Le club alsacien époque post-Gilbert Gress est loin de flotter sur le toit de l'Europe et regarde plutôt vers le bas en championnat. A même pas 30 ans, la carrière d'Olivier semble déjà rouillée quand il rejoint l'Olympique Lyonnais en 1984. Un O.L pré-Aulas qui végète alors en D.2, que l'actuel boss des Gones reprend un an après le départ d'Olivier Rouyer (1986) pour le monde amateur et une fin de carrière dans l'anonymat ou presque. Mais la Rouille n'a aucun regret, et c'est bien là le principal, ou peut-être celui de ne pas avoir assez entendu la Marseillaise. « Parce qu'elle m'émeut, je n'y peux rien, je suis comme ça » dit-il, avec des trémolos dans la voix. Et c'est reparti pour un tour.
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