Faut dire ce qui est: depuis le dialogue Platoche-Duras dans le «Libé» daté du 14 décembre 1987, on se jette avec un petit moins d’entrain sur les interviews des footeux. « Les dirigeants me voulaient vraiment » (j'émarge à plus de 150 000 boules par mois), « Le président ne m'a pas respecté » (j'ai pas eu mon augmentation de 30%), « Il faut se remettre au travail » (on est des tanches mais je demande aux supporters de pas niquer ma Merco sur le parking), « J'admets la concurrence, c'est la règle du jeu » (enculé d’entraîneur qui ne me fait pas ouèj) : l’interview est devenue une figure de style imposée avec ses codes et son ennui qui affleurent à chaque phrase.
Révolution : ce vendredi 12 novembre 2010, c’est Noël (Le Graët) avant l’heure. «L'Equipe» offre non pas une, mais deux interviews passionantes à ses lecteurs. Au mic', Nolan Roux, le buteur intermittent brestois qui découvre la L1 (5 buts en 18 matchs, c'est Roberto Cabañas qu’on ressuscite) et Bruno Roux, le père, avant-centre du PSG en 1987-88.
Et que ça te disserte sur le rôle de l'avant-centre, sur les points forts et les points faibles : « J'aimerais avoir ton jeu de tête », dit le fils au père, «Ah si j'avais eu ta puissance de frappe», répond le père au fils. Et que ça te déballe sur les doutes de ce rôle si fragile: Bruno explique que le métier de buteur implique une abnégation sans relâche – dix appels pour un ballon exploitable, fiston – et que son fils n'est pas encore assez malin. Une deux Nolan-Bruno : « Je ne sais pas si le fait que tu joues attaquant comme moi est une coïncidence. Petit, tu as aussi été gardien » (Bruno). « Il doit y avoir un peu de mimétisme quand même. Tout petit, j'allais au stade pour te voir marquer. J'avais envie de t'imiter. Tout ça, c'est grâce à toi papa » (Nolan). Ah putain, la vache, on dirait Inzaghi qui conseille Higuaín, on a grave envie de chialer.
Et puis, comme on se souvenait plus trop que Bruno Roux avait joué au foot au PSG (qu'il avait joué au foot tout court, même), on tape sur Google le nom de cet über buteur qui avait du bien faire flipper les défenseurs de D1 en son temps. Alors, ça dit quoi ? Saison : 1987-88. Match(s) : 27. But(s) : 1. Ah putain, la vache. (par Raphaël Turcat).
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