BIO EXPRESS DEGRADABLE. Robbie Rensenbrink (1947-2020).


Il aurait pu dépasser le maître lorsqu'en finale de la coupe du Monde 78, alors qu'il ne reste plus rien à jouer dans le temps réglementaire, sa pichenette du pied droit s'écrase sur le poteau de Fillol. Finalement, Robbie Rensenbrink restera dans l'ombre de Johan Cruyff. En poussant le vice, bien malgré lui, jusqu'à sa ressemblance physique à s'y méprendre parfois au célèbre n°14 et un certain mimétisme sur le pré. Comme Johan Ier, Rensenbrink est un esthète. Un artiste qui propulse Anderlecht au sommet de l'Europe dans les 70's, la décennie royale pour le club belge, et impose sa marque du beau jeu. D'une influence moindre sous le maillot la sélection « Oranje », barré par le charisme de Cruyff et peut-être aussi à cause d'une grande réserve et/ou beaucoup trop de modestie. Tout le contraire de Johan Ier avec qui il partage le rôle de « beautiful loser » avec les Pays-Bas. Robbie Rensenbrink est décédé le 25 janvier d'une maladie dégénérative (atrophie musculaire progressive) contre laquelle « l'Homme serpent » - son surnom en raison de sa faculté à s'extirper des situations les plus délicates – se battait depuis de longues années. Un dernier duel perdu qui plonge les amoureux du football dans la nostalgie.


Né dans la banlieue d'Amsterdam le 3 juillet 1947, Pieter Robert Rensenbrink est une sorte d'iconoclaste au Pays des moulins. A l'époque où peu de joueurs s'exilent à l'étranger, lui décide de franchir la frontière de la cousine Belgique et signe au Club Brugge K.V en 1969 après ses débuts prometteurs au sein du D.W.S Amsterdam (Door Wilskracht Sterk). Robbie reste deux saisons dans la Venise du Nord où il truste le premier de ses nombreux titres à venir. En 1970, Bruges s'octroie la coupe de Belgique aux dépens du R.D.C Bruxelles sur un score sans appel (6-1). Approché par le grand ennemi Anderlecht, le Néerlandais rejoint les Mauves la saison suivante avec pour mission de remplacer, sur le pré et dans les cœur des fans, Wilfried Puis parti faire le chemin inverse. Il y devient au fil de ses neuf saisons effectuées au Parc Astrid une véritable légende du club. Il gagne son surnom de serpent, « Het Slangenmens » dans la langue de Goethals, et beaucoup de trophées nationaux. A commencer par le championnat dont il remporte les éditions 1972 et 74 et la coupe nationale (1972, 73, 75 et 76), réalisant ainsi le doublé en 72. En plus d'être un formidable stratège, Rob Rensenbrink se révèle également par son sens de la finition et termine notamment meilleur buteur du championnat en 1973 (16 réalisations). Si le Sporting est une place forte au plan national, il va montrer toute sa dimension en coupe d'Europe.


Et notamment en coupe des vainqueurs de Coupes. Au mitan des 70's, c'est un peu la chasse gardée des Mauves. Finalistes à trois reprises (1976, 77 et 78), le Royal Sporting Club d'Anderlecht remporte les éditions 76 et 78 aux dépens de West Ham (4-2) et Austria Memphis (4-0) durant lesquelles Robbie Rensenbrink réalise un doublé à chaque fois. Anderlecht s'incline entre-temps devant Hambourg en 77 au stade Olympique d'Amsterdam (0-2). Grand artisan des succès en C.2, le serpent l'est aussi lors du triomphe en Supercoupe d'Europe face au Bayern en 76 (1-2, 4-1), il inscrit encore un doublé au retour au Parc Astrid, puis devant Liverpool en 78 (3-1, 1-2) quand il réalise le but du break à l'aller. Décisif sur le terrain, Robbie aligne naturellement les distinctions personnelles avec les titres de meilleur buteur de la C.2 1976 (8 buts), meilleur passeur de la coupe du Monde 78, et d'autres encore plus honorifiques (Soulier d'Or et Onze d'Or 1976, 2ème au Ballon 76 et 3ème en 78 et enfin Onze de Bronze en 1978 et 79).


Plus récemment, Robbie Rensenbrink a été élu par un jury d'anciens entraîneurs meilleur joueur ayant évolué dans le championnat belge (en 2007) et en 2008, dans le cadre des festivités autour du centenaire du R.S.C.A, il a été désigné meilleur joueur de l'histoire du club devant un certain Paul Van Himst. Ne manque finalement à son glorieux palmarès la distinction suprême : le titre de champion du Monde avec les Pays-Bas, finalistes des éditions 1974 et 78 auxquelles il prend part sans pouvoir néanmoins y laisser son empreinte. En fin de carrière, Rensenbrink part, comme bon nombre de stars de l'époque, tenter sa chance en NASL aux Portland Timbers (1980) avant de finir à Toulouse en D.2, à 34 ans, lors de la saison 1981-82. Il fait ses valises au bout d'une dizaine de matchs seulement, pas vraiment en accord avec son entraîneur Pierre Cahuzac pour lequel il éprouve très peu d'estime. « La seule chose que j'ai retenu de lui à Toulouse, dit-il en quittant les Violets, c'est de boire le pastis! ». On peut être timide et réservé mais avoir la répartie qui file en pleine lucarne. Robbie Rensenbrink était un grand seigneur. Il est parti à 72 ans en soufrant intérieurement de la comparaison avec son illustre contemporain dans sa carrière et la maladie qui le rongeait sur le tard. Il reste pour l'éternité celui qui eut l'infime honneur, en rapport à sa personnalité, d'inscrire le millième but de l'histoire de la coupe du Monde (Argentine 78).
  


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4 Commentaires

  1. Ah, oui, bien vu pour Gibb. Pas faux. Mais j'ai des photos de Rob et parfois (très souvent) il y a vraiment une ressemblance avec Cruyff. Sinon, d'un point de vue perso, j'étais (je suis toujours) fan de joueur (au même titre que Blokhine, Hansi Müller, Paolo Rossi...). J'ai vraiment été secoué par sa mort et surtout ce que la maladie avait de lui. Il ne ressemblait plus à rien. Je garde très précieusement son livre dédicacé (que tu peux voir dans l'article). Ma prochaine bio concernera très certainement Henri Michel, un autre monument dans son genre...

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  2. Oops j'ai du faire une fausse manip mon commentaire a disparu . Tant pis .

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  3. Non c'est moi Jean-Philippe, me suis mélangé les pinceaux. Si t'as encore quelque part, re-poste.

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  4. Super site ''je sui fan du football des années 60 70

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