Il aurait pu dépasser le maître
lorsqu'en finale de la coupe du Monde 78, alors qu'il ne reste plus
rien à jouer dans le temps réglementaire, sa pichenette du pied
droit s'écrase sur le poteau de Fillol. Finalement, Robbie
Rensenbrink restera dans l'ombre de Johan Cruyff. En poussant le
vice, bien malgré lui, jusqu'à sa ressemblance physique à s'y
méprendre parfois au célèbre n°14 et un certain mimétisme sur le
pré. Comme Johan Ier, Rensenbrink est un esthète. Un artiste qui
propulse Anderlecht au sommet de l'Europe dans les 70's, la décennie
royale pour le club belge, et impose sa marque du beau jeu. D'une
influence moindre sous le maillot la sélection « Oranje »,
barré par le charisme de Cruyff et peut-être aussi à cause d'une
grande réserve et/ou beaucoup trop de modestie. Tout le contraire de
Johan Ier avec qui il partage le rôle de « beautiful loser »
avec les Pays-Bas. Robbie Rensenbrink est décédé le 25 janvier
d'une maladie dégénérative (atrophie musculaire progressive)
contre laquelle « l'Homme serpent » - son surnom en
raison de sa faculté à s'extirper des situations les plus délicates
– se battait depuis de longues années. Un dernier duel perdu qui
plonge les amoureux du football dans la nostalgie.
Né dans la banlieue
d'Amsterdam le 3 juillet 1947, Pieter Robert Rensenbrink est une
sorte d'iconoclaste au Pays des moulins. A l'époque où peu de
joueurs s'exilent à l'étranger, lui décide de franchir la
frontière de la cousine Belgique et signe au Club Brugge K.V en 1969
après ses débuts prometteurs au sein du D.W.S Amsterdam (Door
Wilskracht Sterk). Robbie reste deux saisons dans la Venise du Nord
où il truste le premier de ses nombreux titres à venir. En 1970,
Bruges s'octroie la coupe de Belgique aux dépens du R.D.C Bruxelles
sur un score sans appel (6-1). Approché par le grand ennemi
Anderlecht, le Néerlandais rejoint les Mauves la saison suivante
avec pour mission de remplacer, sur le pré et dans les cœur des
fans, Wilfried Puis parti faire le chemin inverse. Il y devient au
fil de ses neuf saisons effectuées au Parc Astrid une véritable
légende du club. Il gagne son surnom de serpent, « Het
Slangenmens » dans la langue de Goethals, et beaucoup de
trophées nationaux. A commencer par le championnat dont il remporte
les éditions 1972 et 74 et la coupe nationale (1972, 73, 75 et 76),
réalisant ainsi le doublé en 72. En plus d'être un formidable
stratège, Rob Rensenbrink se révèle également par son sens de la
finition et termine notamment meilleur buteur du championnat en 1973
(16 réalisations). Si le Sporting est une place forte au plan
national, il va montrer toute sa dimension en coupe d'Europe.
Et notamment en coupe des
vainqueurs de Coupes. Au mitan des 70's, c'est un peu la chasse
gardée des Mauves. Finalistes à trois reprises (1976, 77 et 78), le
Royal Sporting Club d'Anderlecht remporte les éditions 76 et 78 aux
dépens de West Ham (4-2) et Austria Memphis (4-0) durant lesquelles
Robbie Rensenbrink réalise un doublé à chaque fois. Anderlecht
s'incline entre-temps devant Hambourg en 77 au stade Olympique
d'Amsterdam (0-2). Grand artisan des succès en C.2, le serpent l'est
aussi lors du triomphe en Supercoupe d'Europe face au Bayern en 76
(1-2, 4-1), il inscrit encore un doublé au retour au Parc Astrid,
puis devant Liverpool en 78 (3-1, 1-2) quand il réalise le but du
break à l'aller. Décisif sur le terrain, Robbie aligne
naturellement les distinctions personnelles avec les titres de
meilleur buteur de la C.2 1976 (8 buts), meilleur passeur de la coupe
du Monde 78, et d'autres encore plus honorifiques (Soulier d'Or et
Onze d'Or 1976, 2ème au Ballon 76 et 3ème en 78 et enfin Onze de
Bronze en 1978 et 79).
Plus récemment, Robbie Rensenbrink a été élu par un jury d'anciens entraîneurs meilleur joueur ayant évolué dans le championnat belge (en 2007) et en 2008, dans le cadre des festivités autour du centenaire du R.S.C.A, il a été désigné meilleur joueur de l'histoire du club devant un certain Paul Van Himst. Ne manque finalement à son glorieux palmarès la distinction suprême : le titre de champion du Monde avec les Pays-Bas, finalistes des éditions 1974 et 78 auxquelles il prend part sans pouvoir néanmoins y laisser son empreinte. En fin de carrière, Rensenbrink part, comme bon nombre de stars de l'époque, tenter sa chance en NASL aux Portland Timbers (1980) avant de finir à Toulouse en D.2, à 34 ans, lors de la saison 1981-82. Il fait ses valises au bout d'une dizaine de matchs seulement, pas vraiment en accord avec son entraîneur Pierre Cahuzac pour lequel il éprouve très peu d'estime. « La seule chose que j'ai retenu de lui à Toulouse, dit-il en quittant les Violets, c'est de boire le pastis! ». On peut être timide et réservé mais avoir la répartie qui file en pleine lucarne. Robbie Rensenbrink était un grand seigneur. Il est parti à 72 ans en soufrant intérieurement de la comparaison avec son illustre contemporain dans sa carrière et la maladie qui le rongeait sur le tard. Il reste pour l'éternité celui qui eut l'infime honneur, en rapport à sa personnalité, d'inscrire le millième but de l'histoire de la coupe du Monde (Argentine 78).
Plus récemment, Robbie Rensenbrink a été élu par un jury d'anciens entraîneurs meilleur joueur ayant évolué dans le championnat belge (en 2007) et en 2008, dans le cadre des festivités autour du centenaire du R.S.C.A, il a été désigné meilleur joueur de l'histoire du club devant un certain Paul Van Himst. Ne manque finalement à son glorieux palmarès la distinction suprême : le titre de champion du Monde avec les Pays-Bas, finalistes des éditions 1974 et 78 auxquelles il prend part sans pouvoir néanmoins y laisser son empreinte. En fin de carrière, Rensenbrink part, comme bon nombre de stars de l'époque, tenter sa chance en NASL aux Portland Timbers (1980) avant de finir à Toulouse en D.2, à 34 ans, lors de la saison 1981-82. Il fait ses valises au bout d'une dizaine de matchs seulement, pas vraiment en accord avec son entraîneur Pierre Cahuzac pour lequel il éprouve très peu d'estime. « La seule chose que j'ai retenu de lui à Toulouse, dit-il en quittant les Violets, c'est de boire le pastis! ». On peut être timide et réservé mais avoir la répartie qui file en pleine lucarne. Robbie Rensenbrink était un grand seigneur. Il est parti à 72 ans en soufrant intérieurement de la comparaison avec son illustre contemporain dans sa carrière et la maladie qui le rongeait sur le tard. Il reste pour l'éternité celui qui eut l'infime honneur, en rapport à sa personnalité, d'inscrire le millième but de l'histoire de la coupe du Monde (Argentine 78).
4 Commentaires
Ah, oui, bien vu pour Gibb. Pas faux. Mais j'ai des photos de Rob et parfois (très souvent) il y a vraiment une ressemblance avec Cruyff. Sinon, d'un point de vue perso, j'étais (je suis toujours) fan de joueur (au même titre que Blokhine, Hansi Müller, Paolo Rossi...). J'ai vraiment été secoué par sa mort et surtout ce que la maladie avait de lui. Il ne ressemblait plus à rien. Je garde très précieusement son livre dédicacé (que tu peux voir dans l'article). Ma prochaine bio concernera très certainement Henri Michel, un autre monument dans son genre...
RépondreSupprimerOops j'ai du faire une fausse manip mon commentaire a disparu . Tant pis .
RépondreSupprimerNon c'est moi Jean-Philippe, me suis mélangé les pinceaux. Si t'as encore quelque part, re-poste.
RépondreSupprimerSuper site ''je sui fan du football des années 60 70
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