BIO EXPRESS DEGRADABLE. Robert Gadocha.


Au sortir de la coupe du Monde en Allemagne où la Pologne termine sur le podium (3ème), Robert Gadocha, 28 ans (il est né le 10 janvier 1946), figure dans le onze type du WM '74 et suscite la convoitise des plus grands clubs européens. L'Atletico de Madrid et le Bayern de Münich sont sur les rangs mais c'est finalement le F.C Nantes qui décroche le pompon, au prix d'un feuilleton à rebondissements entre la fédération polonaise (qui n'autorise pas ses joueurs à quitter le pays avant l'âge de 30 ans) et l'autre Bob de l'histoire : le directeur sportif des Canaris Robert Budzinski.

Le transfert de l'attaquant du Legia Varsovie est une sorte de Dallas franco-polonais. Robert Budzinski effectue en effet plusieurs déplacements sur des terres qui sont aussi les siennes, afin de concrétiser le transfert de l'international polonais au palmarès bizarrement famélique en club (champion 1969 et 70, plus une coupe de Pologne en 1973). Entre négociations sur le fil du rasoir et « battles » de vodka avec ses homologues de l'Est, Budzinski obtient finalement la signature de Robert Gadocha qui présente le profil type d'un ouvrier-syndicaliste des chantiers navals de Gdansk. Rapport à la moustache peut-être. Le 1er janvier 1975 donc, la fédération polonaise donne son feu vert pour le transfert de son joueur à Nantes. Le champion olympique 1972 débarque ainsi en Bretagne en plein mid-70's et là, les emmerdes commencent. Il doit d'abord attendre sa qualification auprès de la F.F.F pour avoir le droit de jouer avec sa nouvelle équipe. Le sésame en poche, Robert Gadocha débute la saison sous ses nouvelles couleurs au mois d'avril 1975 face à l'Olympique Lyonnais. Le club rhodanien qui n'est pourtant pas dirigé par Aulas à l'époque est déjà un poil pointilleux sur le règlement et porte réclamation sur la validité de la licence du néo-Nantais. Une manière de lui souhaiter la bienvenue dans notre beau pays en quelque sorte. Robert Gadocha s'en moque et termine le championnat en inscrivant trois buts pour sept matches joués. Le F.C. Nantes termine à la 5ème place du classement et Gadocha semble parfaitement intégré au regard de ses statistiques. La prochaine édition du championnat de France (1975-76) aura l'accent polonais sur les bords de l'Erdre. Macache. Malgré une place de titulaire (29 match) au cours d'une saison où Nantes termine au pied du podium (4ème), Robert Gadocha peine à s'imposer et intégrer le jeu à la nantaise. Il marque peu (3 buts), comme la saison précédente, mais avec un temps de jeu plus conséquent.


Jean-Claude Suaudeau déplore le sort réservé à son protégé : « A son arrivée, il a été victime d'une sorte de phénomène de rejet, regrette l'entraîneur nantais. Lui ne se doutait pas qu'il avait des efforts à fournir pour s'intégrer, et dans le club chacun n'a peut-être pas fait ce qu'il devait ». A peine une année qu'il est installé à Nantes, et ça sent déjà le pâté pour le Polonais en Bretagne. D'autant que Coco Suaudeau, toujours lui, voit en Gadocha un « super parmi les supers. Non seulement sur les terrains, mais aussi en dehors ». Mais il y a un hic. Lassé par son rendement sur le pré, il lui fait cirer le banc puis le déclasse dans l'équipe réserve au début de la saison 1976-77. Motif : Gadocha est en méforme. En fait il est blessé. Physiquement et moralement. Suaudeau, toujours à son chevet : « Lui qui adorait le football et qui s'y amusait n'a jamais compris ce qui lui arrivait. Il allait d'étonnement en déception, et un jour il ne s'est plus amusé ». Alors que le F.C Nantes devient champion de France à l'issue de la saison, Robert Gadocha ne joue que quelques matches (9 dont 7 comme titulaire), inscrit seulement deux buts et passe la plupart de son temps de jeu avec les jeunes du centre de formation. « Quelle tristesse de l'avoir vu évoluer en 3ème division alors qu'il avait été l'un des meilleurs de la dernière coupe du Monde » déplore Suaudeau marqué par le sort du Polonais dont l'histoire avec les Canaris se termine en queue de poisson. Il file alors aux Chicago Sting (1978), piqué au vif par son aventure nantaise mi-figue mi-raisin, et mène une campagne américaine dans la très lucrative NASL avant de baisser le rideau de fer en 1982.

Gadocha et son t-shirt du groupe Fly Pan Am.

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